niveau
un niveau de maçon avec fenêtre et fil à plomb
- Période
- 1410-1420
- Aires géographiques
- France
- Personnage
- Jean Ier de Bourgogne
- Famille
- Bourgogne
- Devises associées
- niveau
La devise du niveau de Jean sans Peur sur le folio de son livre d’Heures consacré à saint André (Heures de Jean sans Peur, Paris, BNF, Na. Lat. 3055, fol. 172v°, vers 1410/1415)
Un niveau pourvu de son fil à plomb (1410-1411)
Ce niveau est associé au rabot dans l’emblématique de Jean sans Peur et apparaît sur les mêmes sources entre 1410 et 1411. Il est adopté par le duc le 1er janvier 1410 où, d’après Monstrelet, le duc établit une nouvelle devise, le niveau, qu’il distribue à « tous ses chevaliers et les nobles de son hostel », lui « qui tout seul avoit plus de princes, de chevaliers et de gentilz hommes que tous les autres, donna cedit jour largement ; et donna plus de joyaulx tout seul que tous les autres princes étant ce jour à Paris… Lesquelz dons et joiaulx, selon l’estimacion de commune voix et renommée, montoient bien à la somme de quatorze mille florin d’or ». Cette livrée intervient « le lendemain, qui fut le jour de ladicte Circuncision » c’est-à-dire le 1er janvier, « Lesquelz joyaux on a accoustumé à les donner cedit jour »[1]. Comme le rabot, mais utilisé pendant une période plus restreinte, il est distribué en livrée à la compagnie du duc mais aussi à des seigneurs étrangers : un ambassadeur du roi d’Espagne, le comte de Foix, un ambassadeur du roi d’Aragon[2].
On le retrouve en particulier dans des articles de comptes, sur des manuscrits[3], des sceaux[4], des jetons[5]. Il figure toujours sur la Tour Jean sans Peur précisément édifiée entre 1409 et 1411 et récemment restaurée.
Associé au rabot, le niveau ou nivel, symbolise la volonté de Jean sans Peur de remettre le royaume à niveau après avoir raboté les prétentions de Louis d’Orléans comme le souligne Enguerrand de Monstrelet[6]. C’est donc encore un symbole du programme politique de Bon gouvernement de Jean sans Peur qui confirme la lecture du rabot dans ce sens politique « entendible à chacun » comme le dira Monstrelet. Le duc semble pourtant abandonner cette devise vers 1415. Une figure analogue – une équerre à plomb – sera reprise par son gendre Olivier de Penthièvre (vor ce prince).
Le duc de Bourgogne paré de houppelandes à ses devises (houblon, rabot et niveau) vers 1412 (Les Demandes faites par le roi Charles VI, Genève, B.P.U., Ms. Fr. 165, fol. 2, vers 1412 ; Le livre des merveilles, Paris, BNF, Ms. Fr. 2810, fol. 226)
Le sceau de Jean sans Peur pour le Charolais avec niveau et rabot
Saint André, patron de la Bourgogne associé sa croix en X, aux armes du duc et à ses devises du niveau et du rabot (Heures de Jean sans Peur, Paris, BNF, Na. Lat. 3055, fol. 172v°, vers 1410/1415).
La devise du niveau associée au rabot et à d’autres emblèmes sur des jetons d’appartenance politique, vers 1410
La devise du niveau sur la porte de la Tour Jean sans Peur donnant sur le rempart de Philippe Auguste
Notes
- ↑ « Et le lendemain, qui fut le jour de ladicte Circuncision, du matin, le duc de Bourgogne, qui tout seul avoit plus de princes, de chevaliers et de gentilz hommes que tous les autres, donna cedit jour largement ; et donna plus de joyaulx tout seul que tous les autres princes étant ce jour à Paris. Lesquelz joyaux on a accoustumé à les donner cedit jour. Et les donna à tous ses chevaliers et les nobles de son hostel. Lesquelz dons et joiaulx, selon l’estimacion de commune voix et renommée, montoient bien à la somme de quatorze mille florin d’or. Et lesdiz dons estoient en certaine signification, car ilz estoient en semblance de ligne ou d’une rigle qu’on appelle nivel de maçon, tant d’or comme d’argent doré, et à chascun bout de chascun nyvel pendoit à une chaynette d’or ou dorée, la semblance d’un plommet d’or », ENGUERRAND de MONSTRELET, Chronique, DOUËT d’ARCQ L. éd., 6 vol., Paris, 1857-1862, chap. 2, p. 57-58.
- ↑ AVRIL F., « Le Livre des Merveilles, manuscrit français 2810 de la bibliothèque nationale », Marco Polo, Le livre des Merveilles, AVRIL F., GOUSSET M.-T. et TESNIERE M.-H. éd., Tournai, 1999, p. 199-200.
- ↑ Le livre des merveilles, Paris, BN, Ms. Fr. 2810, vers 1410-1412, fol. 226, Les Réponses à Charles VI et Lamentations de Pierre Salmon, Paris, BN, Ms. Fr. 23279, après 1409, fol. 2 et les Heures de Jean sans Peur, Paris, BN, Na. Lat. 35055, vers 1410-1415, fol. 127v°.
- ↑ VAIVRE J.-B. de, « Troisième note sur le sceau du comté de Charolais au temps de Jean sans Peur », Archivum Heraldicum, 1982, n° 3-4, p. 34-36.
- ↑ Le livre des mereils, publication du CNRJMMA, n° 26, août 1995, p. 3 et suiv.
- ↑ « Laquelle chose estoit en signification, comme on pouvoit croire et penser, que ce qui estoit fait par aspre et indirecte voie, seroit aplanyé et mis à son reigle, et le feroit mectre et mectroit à droites lignes », ENGUERRAND de MONSTRELET, Chronique, DOUËT d’ARCQ L. éd., 6 vol., Paris, 1857-1862, chap. 2, p. 57-58.
Bibliographie
SCHNERB B., Jean sans Peur, Paris, 2005.
SCHNERB B., L'État bourguignon, Paris, Perrin, 2005.
SCHNERB B., Les Armagnacs et les Bourguignons, la maudite guerre, Paris, 1988.
HABLOT L. « La devise, un signe pour les princes de la fin du Moyen Age », La création artistique en France autour de 1400, dir. E. Taburet, Paris, 2006, p. 177-192.
HABLOT L., « Ordres et devises des ducs de Bourgogne », Catalogue de l’exposition Le temps des princes des fleurs de lis. L’art à la cour de Bourgogne, 1364-1419, Dijon, 2004, p. 81-83.
HABLOT L., « Les signes de l’entente. Le rôle des devises et des ordres dans les relations diplomatiques entre les ducs de Bourgogne et les princes étrangers de 1380 à 1477 », Revue du Nord, n° 345-346, t. 84 avril/septembre 2002, p. 319-341.
PASTOUREAU M., « Emblèmes et symboles de la Toison d’or », L'ordre de la Toison d'or de Philippe Le Bon à Philippe Le Beau (1430-1505), idéal ou reflet d'une société ?, Bruxelles, 1996, p. 99-106.
KOVACS E., L’âge d’or de l’orfèvrerie parisienne au temps des princes Valois, Dijon, 2004.
SLANICKA S., Krieg der Zeichen. Die visuelle Politik Johanns ohne Furcht und der armagnakische-burgundische Bürgerkrieg, Göttingen, 2002.
AVRIL F., « Le Livre des Merveilles, manuscrit français 2810 de la bibliothèque nationale », Marco Polo, Le livre des Merveilles, AVRIL F., GOUSSET M.-T. et TESNIERE M.-H. éd., Tournai, 1999, p. 197-223.