ICH HALTZ MICH, ICH HALS MICH
Le mot ICH HALTZ MICH, “je me tais” ou ICH HALS MICH, “je me contiens”
- Période
- 1400-1420
- Aires géographiques
- France
- Personnage
- Jean Ier de Bourgogne
- Famille
- Bourgogne
- Devises associées
- houblon, rabot
Un jeton orné de la devise du rabot et du mot ICH HALS MICH (je me (con)tiens), produit à Paris vers 1410
ICH HALTZ MICH « je me tais », ICH HALS MICH « je tiens, je me contiens » (1385 ? 1419).
D’après un calcul d’Henri David, ce mot de douze lettres pourrait avoir été le premier mot utilisé par Jean sans Peur et celui cité, mais non précisé, dans les comptes à partir de 1385, date de son mariage avec Marguerite de Bavière-Hainaut[1]. On retrouve encore ce mot sur une tapisserie présente dans l’inventaire de Jean de Berry[2], sur divers manuscrits et sur des jetons, souvent associé au rabot.
Ce mot connaît toutefois deux graphies différentes qui en modifient le sens, peut-être intentionnellement. Le mot ICH HALTZ MICH « je me tais », qui fonctionne avec le houblon et sa symbolique (voir cette devise), devient alors ICH HALS MICH « je me (le) tiens », qui n’est pas sans évoquer le mot ICK HOUD « je tiens », que Jean sans Peur utilisera conjointement au rabot (voir cette devise). Ces jeux de mots se retrouvent avec les termes ICH SWIGHE-ICH SINGHE (voir ces mots).
Ici encore le choix d’une langue étrangère, germanique ou flamande, est signifiant et correspond sans doute à la politique du duc à l’égard de ses sujets non francophones.
La devise du houblon associée au mot ICH HALTZ MICH et aux devises du rabot et du chapeau berruyer sur Le livre de l’information des princes peint pour Jean sans Peur (Bruxelles, KBR, Ms. 9475, fol.1)
Notes
- ↑ Selon Henri David, le houblon aurait été adopté à l’entrée dans l’adolescence par Jean sans Peur et son mot adopté au moment de son mariage en 1385. Un article de compte précise que le comte de Nevers porte une houppelande chargée de « 540 lettres d’or formant 45 mots à mettre en ses habis » (B. 1511, fol. 88r°, 1395), soit des mots de douze lettres, ce qui correspond au mot ICH HALTZ MICH. DAVID H., Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et co-régent de France. Le train somptuaire d’un grand Valois, Dijon, 1947, p. 78.
- ↑ Ce mot figure sur une tapisserie relevée dans l’inventaire d’une chambre du duc de Berry, sans doute un cadeau de Jean sans Peur à son oncle (cf inv. Caroline Sicard)
Bibliographie
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