guépard enchaîné
Un guépard colleté et attaché par une chaîne à un arbre ou dans un jardin clos
- Période
- 1380-1402
- Personnage
- Jean Galéas Visconti
- Famille
- Visconti
- Devises associées
- guépard enchaîné
Jean-Galéas est à l’origine de cette devise qui figure sur plusieurs de ses manuscrits. Elle est notamment reproduite dans le célèbre Taccuino de Giovannino de’Grassi (Bergame, Biblioteca civica Angelo Mai, ms. Cassaf. 1.21), où elle est accompagnée par la légende d'une main moderne « leon pardo in un giardino » (voir ci-contre) et dans deux manuscrits produit pour les Visconti conservés à la bibliothèque de Florence (Biblioteca Nazionale, Ms. Banco Rari 397 et Ms. Landau-Finaly 22), enluminées par le même atelier l’un vers 1388-1391, l’autre vers 1394-1395[1].
Les léopards ou guépard enchaînés à un arbre sont également représentés dans le célèbre Missel du couronnement (Milan, Biblioteca di Sant’Ambrgio, ms. 6), notamment de part et d'autre de la célèbre scène du Couronnement ducal de Jean Galéas enluminée peu après 1395 par Anovelo da Imbonate (voir ci-contre) : il complètent la panoplie emblématique du duc, avec la devise de la tourterelle (répétée quatre fois, les deux cimiers, l’armoirie écartelée Visconti-Empire)[2].
Cette devise du gu&épard enchaîné se retrouve enfin dans les pages d’un manuscrit de l’Histoire plantarum, toujours réalisé par l’atelier de Giovannino de’Grassi vers 1390 (Rome, Biblioteca Casanatese, ms. 459), où deux guépards collectés et assis dans un pré côtoient un portrait masculin à l’ancienne (voir ci contre).
Le duc possédait une ménagerie où sont entretenus plusieurs guépards, alors fréquemment utilisés pour la chasse et dont la présence justifie le naturalisme avec lequel cet animal est représenté par les peintres du temps. Cette fonction "emblématique" de la ménagerie princière se retrouve avec le lion de Charles V ou les ours etr les cygnes de Jean de Berry.
La fonction symbolique de cet animal enchaîné est probablement liée à la devise de l'oncle et rival de Jean Galéas Visconti, Barnabé, qui porte pour devise un guépard coiffé de son heaume cimé (voir la notice guépard couché dans les flammes). En figurant l'animal totem de son oncle captif et enchaîné, Jean Galéas exprime sans doute ses intentions. On rertrouve une pratique analogue avec la devise du cerf couché de Richard II, parfois figuré enfermé dans un enclos par ses rivaux Lancastre et leurs alliés (cf. les Heures Neville)
ILLUSTRATIONS
Giovannino de’Grassi, Devise du léopard enchaîné et collecté, Bergame, Biblioteca civica Angelo Mai, ms. Cassaf. 1.21 (Taccuino dei disegni di Giovannino de’Grassi).
Anovello da Imbonate, Couronnement de Jean Galéas, détail de la dèvise du léopard, Milan, Biblioteca di Sant'Ambrogio, ms. 6, Missel du couronnement de Jean Galéas (Rivista italiana di numismatica, 1 [1888], pl. 2).
Atelier de Giovannino de’Grassi (avec la participation de Anovello da Imbonate ?), bas de page avec portrait à l’ancienne et devises du léopard, Rome, Biblioteca Casanatese, ms. 459.
[1] KIRSCH E.W., Five illuminated manuscripts of Giangaleazzo Visconti, London, 1991, p. 87-92. Voir le folio avec La création d’Eve dans Florence, Biblioteca nazionale, Ms. Landau-Finaly 22, f. 46v et celle avec l’Annonciation à Joachimdans Florence, Biblioteca nazionale, Ms. Banco Rari 397, f. 2v.
[2] Ibidem, p. 71-74.