devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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SS

les lettres SS

Période
1465-1487
Aires géographiques
France
Personnage
Marie de Clèves
Famille
Clèves
Devises associées
chantepleure
Mots associés
RIEN NE MEST PLUS
Lettres associées
HM
Couleurs associées
noir

Comme l'a établit Jonathan Saso, à partir de la mort de Charles d'Orléans, Marie de Clèves ajoute à ses devises, adoptées vers 1456 (chantepleure, monogramme, mot RIEN NE MEST PLUS), les double S.

Des comptes datés de 1476 mentionnent ainsi « quinze SS d’or chargées de lermes noires pour fermer une robe de veloux noir » et « six grans lermes d’or chargées dessus de SS et lermes noires, aussi pour mectre sur une autre robe de veloux noir fermée devant »[1]. Un inventaire du mois de mars 1481  signale « une [...] grosse chesne d’or, en façon de cordelière, en laquelle y a quarante chesnons, avecques une chantepleure » et « une autre chesne d’or faicte à SS et à travaulx, en laquelle y a dix huit travaulx et ung travail plus grant que les autres, avecques dix huit SS »[2]. Dans un autre inventaire de la même année nous trouvons en revanche une « chantepleure de ladite sainture a ung grant ballay ou meillieu et troys escussons de dyamens, ung petit ruby au dessus et troys grosses perles pendant », « un esse double ou il y a une pointe de dyament, ung rubiz, une grosse perle », « un aultre esse ou il y a une fleur de dyament qui est de cinq pierres, une perle grosse », « une aultre esse d’or ou il y a une lozenge de dyament », « quatre autres esses esmaillées de blanc ou il y a dessus sur chacune ung ballay »[3]. Dans un compte de novembre de la même année des nombreuses pièces d’argenterie décorées avec les devises de Marie sont énumérées, mais aucun de ces objets n’est orné par les chantepleures et les doubles SS en même temps. Quelques exemples à ce propos : « deux autres grans potz aux armes de madite Dame gauderonnéz et moictié doréz, semés de chantepleures et lermes », « deux grans potz d’argent poinsonnéz, semés de lermes et de SS et dessus les couvercles les lermes de madite Dame en façon de bancioles »[4]. Enfin dans l’inventaire rédigé le 6 juillet 1487, deux semaines avant la mort de la duchesse, nous trouvons encore cinq double S et, seule en son genre dans les inventaires de Marie – du moins dans ceux dont j’ai connaissance –, une « tappisserie nommée aux larmes, et chantepleures pour tendre salle et chambre »[5]

Le sens précis de cette devise est difficile à établir. La porté symbolique de la lettre S est en effet très riche et renvoit parfois à la dévotion mariale.

Par ailleur sa lecture est biaisée par l'interprétation de Paradin et de Brantôme qui ont interprété ces prétendus SS du tombeau de Valentine Visconti (en réalité les devises de Marie de Clèves) comme l'élision des mots "Seule Souvent, Se Soucioit & Souspiroit" (voir la notice).

Soulignons que Marie de Clèves associe peut-être cette lettre à la figure du cygne (voir la notice) que l'on retrouve sur son sceau et contre-sceau, selon une combinaison observée dans de nombreuses panoplies emblématiques (chez les Lancastre par exemple). 

 

 

Notes

  1. Roman J., Inventaires et documents…, p. 203-204, num. 897-898.
  2. Laborde L. de, Les ducs de Bourgogne…, op. cit., p. 423, num. 7138-7139.
  3. Roman J., Inventaires et documents…, op. cit., p. 210-211, num. 926, 929-932.
  4. Ibid., p. 217, num. 972-973
  5. Laborde L. de, Les ducs de Bourgogne…, op. cit., p. 433-434, no 7174, 7192. 

Bibliographie

SASO J., "Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien : la valeur dynastique de la devise de la chantepleure entre Valentine Visconti et Marie de Clèves, duchesses d’Orléans", La devise, un code emblématique européen, L. Hablot, M. Ferrari et M. de Seixas dir., Tours, 2021, à paraître

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