chantepleure
un arrosoir en forme de bouteille percée à sa base, déversant des gouttes
- Période
- 1407-1408
- Personnage
- Valentine Visconti
- Famille
- Visconti
- Devises associées
- chantepleure
- Mots associés
- RIEN NE MEST PLUS, PLUS RIEN NE MEST, SEULE SUIS
- Lettres associées
- SS
- Couleurs associées
- noir
Comme le rapelle Jonathan Saso[1], si de nombreux auteurs ont brodé sur la fameuse devise de la chantepleure associée aux larmes, aux SS et au mot RIEN NE MEST PLUS, PLUS RIEN NE MEST prétenduement adoptés par Valentine Visconti après l'assasinat de son mari Louis d'Orléans en 1407, dès 1914 Alfred Coville critiquait l'éminent biographe de la romantique duchesse d'Orléans, Emile Colas[2], pour avoir à son tour entretenu cette légende emblématique que les sources ne confirment pas[3].
C'est en réalité Claude Paradin qui, en 1557 dans ses Devises héroïques, attribue cette devise à Valentine Visconti, soit-disant d'après son tombeau de Blois et qui interprète les S qui y figureraient comme l'élision des mots SEULE SOUVENT, SE SOUCIOIT ET SOUSPIRROIT[4]. Il est relayé, un siècle plus tard, par Pierre de Bourdeille, dit Brantôme qui, dans ses Dames illustres, raconte ce deuil de la duchesse et interprète à son tour cette devise[5]. En 1896 encore Joseph Roman précise qu’après la mort de son époux en 1407 Valentine Visconti prit pour devise deux S qui devaient signifier SEULE SUIS et une chantepleure[6].
Seul un article d’inventaire relevé par Champollion-Figeac, associant les armes de Valentine Visconti à des larmes et des SS, interroge mais peut relever d'une mauvaise lecture de l'auteur[7]. En réalité, ce sont les comptes de la belle-fille de Valentine, Marie de Clèves, l'épouse de Charles d'Orléans, qui exposent de nombreuses mentions de pièces chargées de ces emblèmes, adoptés bien avant la mort du prince-poète (voir la notice)
Notes
- ↑ SASO J., "Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien : la valeur dynastique de la devise de la chantepleure entre Valentine Visconti et Marie de Clèves, duchesses d’Orléans", La devise, un code emblématique européen, L. Hablot, M. Ferrari et M. de Seixas dir., Tours, 2021.
- ↑ COLLAS É., Valentine de Milan, duchesse d’Orléans, Paris, Plon, 1911.
- ↑ COVILLE A., « Valentine Visconti et Charles d’Orléans », Journal des savants, 12, 1, 1914, p. 15-26.
- ↑ [ … ] la miserable Duchesse avoit un tresgrand regret, tellement que pour tous soulas, & confort en ses gemissemens elle vint à prendre la Chantepleure, ou Arrosoir pour sa Devise, sur laquelle est encores la lettre S. en fine (peut estre) que Seule Souvent, Se Soucioit & Souspiroit, ensemble suivent les mots que dessus : Riens ne m’est plus. Plus ne m’est riens, escrits avec la Devise qui est enlevee en plusieurs lieus, dens l’Eglise des Cordeliers de Blois, tant en la chapelle de ladite Duchesse, ou elle git en sepulture de bronze : que aussi par tout au devant du chœur d’icelle Eglise". CLAUDE PARADIN, Devises héroïques, Lyon, J. de Tournes et G. Gazeau, 1557, p. 91-92.
- ↑ BRANTOME (DU BOURDEIILE, P.), Mémoires contenants les vies des dames illustres de France, Leyde, 1665, p. 52-53.
- ↑ ROMAN J., « Inventaires et documents relatifs aux joyaux et tapisseries des princes d'Orléans-Valois (1389-1481) », Recueil d'anciens inventaires. Comité des travaux historiques et scientifiques, section d'archéologie, I, Paris, 1896, p. 77-314.
- ↑ CHAMPOLLION-FIGEAC A., Louis et Charles, ducs d’Orléans, leur influence sur les arts, la littérature et l’esprit de leur siècle, Paris, 1844, 3èmepartie, planches, art. 29 (pots d’argent semés de larmes et de SS avec les armes de Valentine Visconti, aiguière aux armes de la duchesse avec chantepleure et larmes).
Bibliographie
SASO J., "Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien : la valeur dynastique de la devise de la chantepleure entre Valentine Visconti et Marie de Clèves, duchesses d’Orléans", La devise, un code emblématique européen, L. Hablot, M. Ferrari et M. de Seixas dir., Tours, 2021.
CHAMPOLLION-FIGEAC A., Louis et Charles, ducs d’Orléans, leur influence sur les arts, la littérature et l’esprit de leur siècle, Paris, 1844.
ROMAN J., « Inventaires et documents relatifs aux joyaux et tapisseries des princes d'Orléans-Valois (1389-1481) », Recueil d'anciens inventaires. Comité des travaux historiques et scientifiques, section d'archéologie, I, Paris, 1896.
COVILLE A., « Valentine Visconti et Charles d’Orléans », Journal des savants, 12, 1, 1914, p. 15-26.
COLLAS É., Valentine de Milan, duchesse d’Orléans, Paris, Plon, 1911