devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

Vous êtes ici : Accueil > Familles > Visconti > Valentine Visconti > tourterelle

tourterelle

une tourterelle (Colombina) posée sur un rouleau inscrit du mot A BON DROIT, parfois posée sur un soleil rayonnant (Radia Magna)

Personnage
Valentine Visconti
Famille
Visconti
Devises associées
tourterelle
Mots associés
A BON DROIT

Comme ses frères, Valentine Visconti conserve cette devise adoptée par Jean Galéas Visconti, sans doute par allusion à l'éviction de Barnabé Visconti en 1385.

Son usage par l'épouse de Louis d'Orléans est confirmé par différentes sources. Elle figure notamment, associée au mot, sur des objets précieux décrits dans un inventaires des joyaux de Valentine dressé en 1389 qui la désignent clairement comme une tourterelle et non une colombe. Il s’agit notamment d’« un collier d’or à dix neuf turterelles blanches, esmaillées, et sur la plus grant a un rubis... » et d’« un petit fermeillet d’or, à une turterelle, esmaillée dedens un soleil, qui tient un rolet » sur lequel était « escript A bon droit », un détail que l’on apprend de l’inventaire rédigé avec plus de précision en 1408 à la mort de la duchesse. Dans ce dernier document, qui mentionne encore « ung fermeillet d’or, un arbret et une tourterelle blanche à trois troches », est aussi décrite une chambre peinte aux devises du roi (le cerf et le soleil) et de Valentine : « une chambre de satin en graine semée de cerfs et a un souleilz d’or de Chippre, a une turterelle ou milieu qui tient un rollet disant, a bon droit, en laquelle a ciel et dossier qui s’entretiennent et une couste pointe de meesme, et trois courtines de satin en graine »[1].

Cette devise accompagnée de son mot se trouvait, mêlée aux armes parties de France (ou plutôt il faut croire d’Orléans, avec le lambel d’argent) et des Visconti (dans la forme de l’écartelé Visconti-France), sur la litière et sur le chariot de Valentine Visconti – décorés par Colart de Laon et connus par une quittance du 17 novembre 1394[2] – sur une selle réalisée en 1397[3] et sur un manuscrit de la duchesse[4].

Le poète Eustache Deschamps, enfin, proche de la cour de Louis d’Orléans et de la duchesse, composa un poème d'hommage à l’intention de Valentine, mise en cause dans la maladie du roi et chassée de la cour en 1396, sur la base justement du mot de sa devise comme il le pratiquait parfois : « A bon droit doit de tous estre louée / Celle qui tant a des biens de nature, / De sens, d’onnour, de bonne renommée, / De doulx maintien l’exemple et la figure / d’umilité. celle qui met sa cure / A honorer un chascun en droit li ; / Qui gent corps a, jeune, fresche, joly,  / De hault atour, de lignie roya. / Celle n’a pas a manière failly : / A bon droit n’est elle un cuer plus loyal »[5].

On reconnaît donc bien ici la devise et le mot de son père Jean Galéas, le soleil étant lui-même peut-être hérité de Jean le Bon par sa fille Isabelle, mère de Valentine Visconti. Elle aurait donc pu l'adopter après son arrivée à la cour de Paris en 1387, à la suite de son mariage avec Louis d’Orléans. C'est peut-être cette devise que l'on retrouve, dans une unique mention, sur un étendard d'Olivier de Clisson (voir notice). Cette devise se retrouve encore dans l'emblématique de sa fille Marguerite d'Orléans, épouse de Richard de Bretagne, comte d'Etampes.

Valentine semble d'ailleurs aussi faire usage de la devise du brandon (tizzone).

 


[1] Voir LABORDE L., Les ducs de Bourgogne. Etudes sur les lettres, les arts et l’industrie pendant le XVe siècle, III-2, Paris 1852, p. 43, articles 5452, 5458 (Inventaire des joyaux de Mme de Touraine, A.N., K.K. 264, 8 et 9 septembre 1389) et pour l’inventaire dressé à Blois en 1408, après la mort de Valentine ibidem, p. 233-234, articles 60946082, et  GRAVES F.-M., Deux inventaires de la maison d’Orléans (1389 et 1408), Paris, 1926, art. 130

[2] MIROT L., « Paiement et quittances de travaux exécutés sous le règne de Charles VI (1380-1422) », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 81 (1920), p. 183-304 et ROBERT U., « Colart de Laon, documents inédits », Nouvelles archives de l’art français, 8 (1880-1881), p. 12-23, qui transcrit le payement du 7 novembre 1394 : « pour avoir peint une lictière et un curre (i.e. chariot) et doiez (i.e. dais) de fin or et par les carrefours a compas de elles (i.e. lire LL) poinçonnées dehors et dedens, et dedens yceulx compas deux lozanges armoiées des armes poinçonnées, c’est assavoir la moitié des armes dudit seigneur et l’autre partie des armes du sire de Milan, conte de Vertuz, lesquelles sont escartelées de France et de une guivre, et, par dehors le chariot, les deux boux dudit chariot sont à compas de elles, poinçonnées et couronnées comme dit est, et par en costé à teurtres (i.e. tourterelles) séans sur un rainceau d’un ronce et autour dudit rainceau un rolet, ouquel est escript le dit de Madame, et y a : A bon droit, et aux deux costez des diz lictière et curre a pilliers champtournez, et dedens les cavèz entre les pilliers a un soleil rayent, poinçonné et ou milieu d’icelui soleil a un ront où est une petite teurtre qui a un rolleau où est le mot dessus dit, et en l’autre quartier a une losange armoyée des armes dessus dictes, et a la champaigne des diz lictière et curre diaprée de fin or, et ou tiers quartier a une turterelle, assavoir sur un rinceau a un rolet tout autour où est le mot dessus dit. Item, entre lesdiz compas des sarcèles et des lances, y a un petit soleil ou milieu, accompaigné de deux losanges, dont en l’une a une L et en l’autre un V environnés de quatre branches geutens (jettant) feuilles de ronces en manière de mentes, et sont les champaignes de ladicte besoingne fin sinope en façon de rouge cler, le coffre qui est derrière le chariot avec les eschamaux (i.e. escabaut) sont peints de la dicte divise avec les telles (i.e. toiles) des colliers des chevaux et les coliers et ont […] elles, les solaux armoié et les compaz tout poinçonnez […] ». Le document est cité même par COLLAS E., Valentine de Milan, duchesse d’Orléans, Paris, 1911, p. 119.  

[3] LABORDE, Les ducs de Bourgogne, p. 135-136, art. 5773, mai 1397 : « selle pour la duchesse avec petits clous en forme de soleils chargé d’un trèfle et tourterelles [...] ».

[4] Paris, BN, Ms. Fr. VII, 127.

[5] Voir Paris, BN, Ms. Français 840 (anc. 7219), f. 204 édité dans Œuvres complètes de Eustache Deschamps, Marquis de Queux de Saint-Hilaire éd., t. IV, Paris, 1884, p. 269-270, balade DCCLXXI (Eloge de la femme d’un fils du rois de France). Le poème est cité même par CHAMPOLLION-FIGEAC A., Louis et Charles, ducs d’Orléans, leur influence sur les arts, la littérature et l’esprit de leur siècle, Paris, 1844, p. 103-104. Voir aussi HABLOT L., « L’emblématique princière dans l’œuvre d’Eustache Deschamps, principes et finalités », Eustache Deschamps, Paris, 2005, p. 87-107 et « Valentine Visconti ou le venin de la biscia », Les vénéneuses. Figures d’empoisonneuses de l’Antiquité à nos jours, dir. L. Bodiou, F. Chauvaud, M. Soria, PUR, Rennes, 2015, p. 179-194.

Bibliographie

COLLAS E., Valentine de Milan, duchesse d’Orléans, Paris, 1911.

AUTRAND F., « V. Valentina (Valentine) », Lexicon des Mittelalaters, VIII, Munich, 2003, col. 1726-1727.

MARCHANDISSE A., « Milan, les Visconti, l’union de Valentine et de Louis d’Orléans vus par Froissart et par les auteurs contemporains », Autour du XVe siècle. Journées d’étude en l’honneur d’Alberto Varvaro, Moreno P., Palumbo G. dir., Liège, 2008, p. 93-116.

GRAVES F.-M., Deux inventaires de la maison d’Orléans (1389 et 1408), Paris, 1926.

MIROT L., « Paiement et quittances de travaux exécutés sous le règne de Charles VI (1380-1422) », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 81 (1920), p. 183-304. 

LABORDE L., Les ducs de Bourgogne. Etudes sur les lettres, les arts et l’industrie pendant le XVe siècle, III-2, Paris 1852.

ROBERT U., « Colart de Laon, documents inédits », Nouvelles archives de l’art français, 8 (1880-1881), p. 12-23.

Œuvres complètes de Eustache Deschamps, Marquis de Queux de Saint-Hilaire éd., t. IV, Paris, 1884, p. 269-270.

HABLOT L., « L’emblématique princière dans l’œuvre d’Eustache Deschamps, principes et finalités », Eustache Deschamps, Paris, 2005, p. 87-107.

HABLOT L., « Valentine Visconti ou le venin de la biscia », Les vénéneuses. Figures d’empoisonneuses de l’Antiquité à nos jours, dir. L. Bodiou, F. Chauvaud, M. Soria, PUR, Rennes, 2015, p. 179-194.

CHAMPOLLION-FIGEAC A., Louis et Charles, ducs d’Orléans, leur influence sur les arts, la littérature et l’esprit de leur siècle, Paris, 1844.

Autres devises pour Valentine Visconti

×