AULTRE NARAY
Le mot AULTRE NARAY fréquemment associé à la devise du fusil
- Période
- 1420-1470
- Aires géographiques
- France
- Personnage
- Philippe III de Bourgogne
- Famille
- Bourgogne
- Devises associées
- fusil
- Mots associés
- AULTRE NARAY
- Lettres associées
- EE
- Couleurs associées
- gris/noir
Le mot ducal associé au fusil sur l’exemplaire du Champion des Dames de Martin Le France peint pour Philippe le Bon (Paris, BNF, Ms. Fr. 12476, fol. 1v°, vers 1461)
Le mot AULTRE NARAY fréquemment associé à la devise du fusil (1420-1467†)[1]
Ce mot est présent dès 1420[2]. On le retrouve ensuite sur un nombre incalculable de sources[3]. Comme la devise qu’il accompagne, ce mot est polysémique, surtout après le mariage de Philippe le Bon avec Isabelle de Portugal et la fondation de l’ordre de la Toison d’Or en 1430. Il est d’abord et avant tout associé au fusil signifiant sans doute que le duc n’aura d’autre devise que ce fusil et d’autre ambition que celle contenue dans le message porté par cette devise agressive. Après 1429, le mot peut évoquer un message d’amour destiné à exprimer la fidélité du duc à l’égard de son épouse (sic). La présence sur un jeton de compte du mot d’un seul tenant Aultre Naray Tant Que Je Vive, accompagnant le chiffre ducal P-Y[4], semble conforter cette théorie. Après la fondation de l’ordre de la Toison d’or, ce mot paraît comme une invocation destinée au collier du nouvel ordre et signifiant que le duc et ses chevaliers n’en porteront pas d’autre - ce qui était demandé dans un premier temps aux chevaliers de l’ordre - mesure que Philippe le Bon ne respecte pas lui-même en devenant membre de l’ordre aragonais de la Jarre dès 1446.
Notes
- ↑ Plusieurs mots apparaissent sur les jetons relevés par Pierre Pradel, je cite ici pour mémoire ces différentes phrases à rapprocher le plus souvent des mots du duc ou de la duchesse dont ce sont peut-être des variantes : A BIEN VIEGNE TOUT VIVE. (PRADEL P., Catalogue des jetons des princes et princesses de la maison de France, Paris, 1936 n°195 et 196, jeton de Compte attribué à Philippe le Bon). Le mot Tout Vive rappelle celui d’Isabelle de Portugal Tant Que Je Vive et celui A Bien Viegne évoque le Bien En Adviegne que prendra Marguerite d’York, femme de Charles le Téméraire. VIVE AMANT VIVE AMOUR VIVE. (Catalogue des jetons de Pierre PRADEL, jeton de compte n°198 revers). Peut-être ne s’agit-il pas réellement d’un mot, en tout cas, cette légende semble avoir été utilisée à l’occasion du mariage de Philippe le Bon avec Michelle de France, fille de Charles VI, comme le confirme la légende du droit ; VIVE LE ROI VIVE BOURGOGNE au lieu du VIVE BOURGOGNE, VIVE BOURGOGNE habituel.
- ↑ MORANVILLE H., Inventaire de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, en 1420, Paris, 1935, art 762 : « une chambre que ceux d’Utrecht donnèrent à mondit seigneur, garnye de ciel, dossier, couverture de lit et une esle à tendre..en la moyenne a ung personnage tenant ung tymbre et pennon des armes de Bourgoingne et à fusilz…ladicte couverture de lit est de pareil brodure et a ou mylieu ung escu des armes de mondit seigneur, lequel tiennent deux lyons noirs en ung ront compas et fusilz et rolleaux où il y a escript Autre n’auray… », art 865 : « deux chayeres ployehes, paintes de divers couleurs garnies de drap de Damas violet, et à chascune desdites chayères a deux escussons des armes de monseigneur le duc Philippe et deux rolleaux où il y a escript : Autre n’auray ».
- ↑ Martin Le Franc, Le champion des Dames, Paris, BN, Ms. Fr. 12476, fol. 1v°, vers 1461. Pour des représentations des principaux manuscrits où ce mot figure voir SMEYERS, 1999, p. 288 à 325 et Miniatures Flamandes, Paris, 2012.
- ↑ Catalogue des jetons de Pierre PRADEL, jeton n°187, revers avec dans un enclos les lettres PY liées par un lac d’amour + AUTRE NARAY TANT QUE JE VIVE.
Bibliographie
La devise du fusil et le mot de Philippe le Bon dans le décor marginal de l’exemplaire ducal du Mortifiement de Vaine Plaisance de René d’Anjou ( (Bruxelles, KBR, Ms. 10308, fol. 1)
PASTOUREAU M., « Armoiries, devises, emblèmes. Usages et décors héraldiques à la cour de Bourgogne et dans les Pays-Bas méridionaux au XVe siècle », Miniatures flamandes, 1404-1482, Paris, 2011, p. 89-102.
PASTOUREAU M., « Emblèmes et symboles de la Toison d’or », L'ordre de la Toison d'or de Philippe Le Bon à Philippe Le Beau (1430-1505), idéal ou reflet d'une société ?, Bruxelles, 1996, p. 99-106.
Paviot J., « Emblématique de la maison de Bourgogne sous Philippe le Bon (1419-1467) », Actes du colloque Héraldique, sigillographie et sociétés savantes, 26 et 27 octobre 2006, Bulletin de liaison des sociétés savantes, no 12, mars 2007, p. 11-13.
SCHNERB B., L'État bourguignon, Paris, Perrin, 2005.
SALET F., « Emblématique et histoire de l’art », Revue de l’art, 1990, n°87, p.13-28.
TOURNEUR V., « Les origines de l’Ordre de la Toison d’Or et la symbolique des insignes de celui-ci », dans Académie royale de Belgique, Bulletin de la Classe des Lettres et des Sciences Morales et Politiques, ser. V, XLII, 1956, p. 300 à 323.