devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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Arbre d’Or

Un arbre d’or tenu par un aigle et un lion associé au mot EN LOYAUTE

Période
1400-1410
Aires géographiques
France
Personnage
Philippe II de Bourgogne
Famille
Bourgogne
Devises associées
aigle, arbre d’or, lion
Mots associés
EN LOYAUTE

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Ordre de l’Arbre d’Or (1403-1404†)

A l’occasion du nouvel An 1403, Philippe le Hardi fonde un ordre ou collier de livrée, l’ordre de l’Arbre d’or, qui annonce déjà la Toison d’or par sa forme et son fonctionnement. Ce joyau est composé d’un collier, probablement de marguerites (voir cette devise), avec pour pendant un arbre - sans doute un chêne, devise du duc (voir cette devise) - accosté par un aigle et un lion, le tout posé sur un croissant surmontant un listel chargé du mot EN LOYAUTE. Michel Pastoureau décrypte cette figure comme étant une allusion à la Toison d’or qui, dans le mythe, se trouve attachée à un arbre et gardée par un dragon et un taureau[1]. David en fait le motif oriental de l’arbre de vie et Eva Kovacs souligne à quel point le thème est récurrent dans l’emblématique bourguignonne et contemporaine[2].

 Mais, avant la fondation de cet ordre, Philippe le Hardi semble bénéficier d’une délégation de pouvoir de son neveu en distribuant, de son propre chef, le collier de la Cosse de genêt[3]. En plusieurs occasions, il gratifie Charles VI de présents à cette devise[4], mais il l’offre aussi directement à son frère Jean de Berry[5], au dauphin[6], à son fils, le comte de Nevers[7], aux princes bretons dont il a la tutelle[8], et en possède lui-même des exemplaires mêlant parfois ses devise à celles du roi[9]. Par cette pratique, il s’affiche comme délégué de la politique royale, choisissant d’honorer qui il souhaite au nom du roi.

 Conscient des possibilités offertes par ce système de signes, Philippe le Hardi adopte à son tour un collier de livrée pour marquer sa clientèle et renforcer le parti Bourguignon à un moment où des orientations politiques contraires à ses ambitions apparaissent à la cour. En 1403,  à l’occasion du jour de l’an, le duc fonde l’ordre de l’Arbre d’or et en distribue le collier parmi son lignage et des fidèles de marque. Les comptes nous révèlent qu’il le donne d’ailleurs si largement qu’il ne peut même plus payer le sien, encore plus précieux que les autres, et doit le rendre à l’orfèvre qui l’avait réalisé[10]. Il offre en étrennes à la comtesse Marie de Savoie - sa fille mariée en 1380 à Amédée VIII - un fermail de l’ordre « fait de l'arbre d’or et ung aigle et ung lion esmaillés de blanc » décoré du mot EN LOYAUTE. Tandis qu’il gratifie les princes de Bretagne, Gilles et Arthur, du collier de la Cosse de genêt, comme nous venons de le voir, il donne à Jean V de Bretagne un collier de son ordre de l’arbre d’or et un fermail de diamant et fait le même présent à son fils Jean sans Peur. Le capitaine de Rennes reçoit « un collier d’or à fleurs blanches et rouges et ung fermail pendant », peut-être un collier de marguerites avec le pendant de l’Arbre d’or ? [11]. Le collier de l’ordre est également distribué à ses autres enfants, à ses alliés à ses chambellans, Guillaume de la Trémoille et Régnier Pot, au grand maître de l’hôtel du roi, Jean de Montagu, et aux chevaliers et écuyers présents. Des fermaux de cet ordre sont également donnés aux dames de son entourage.

 La mort de Philippe le Hardi en 1404 semble interrompre la distribution de cet ordre, même si des arbres d’or figureront encore sur certains colliers distribués par Jean sans Peur, mêlés à ses propres devises[12]. Cet ordre de l’Arbre d’or remplit bien le rôle d’outil de pouvoir et d’alliance dévolue aux ordres de chevalerie même si il ne correspond pas encore au modèle qui sera établi par la Toison d’or. Il annonce déjà cet ordre prestigieux et doit être considéré comme un collier de livrée utilisé par le duc pour marquer ses fidèles, parents et alliés tant bourguignons qu’étrangers.

Il n’existe a priori pas de représentation conservée de cette devise.

Notes

  1.  PASTOUREAU M., « Emblèmes et symboles de la Toison d’or », L'ordre de la Toison d'or de Philippe Le Bon à Philippe Le Beau (1430-1505), idéal ou reflet d'une société ?, Bruxelles, 1996, p. 99-106.
  2.  KOVACS E., L’âge d’or de l’orfèvrerie parisienne au temps des princes Valois, Dijon, 2004
  3.  HABLOT L., « L’ordre de la Cosse de genêt de Charles VI, la mise en scène d’une devise royale », RFHS, t. 69 (2002), p. 132-148.
  4.  Etrennes 1392 : le duc donne « au roi, un fermail d’or à une dame blanche à plusieurs cosses de genêt émaillées de blanc et vert » (PETIT E., Itinéraires de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur, ducs de Bourgogne (1363-1419), d’après les comptes et dépenses de leurs hôtels, Paris, 1888.
  5.  avril 1394 au château de Hesdin Jean de Berry reçoit de Philippe le Hardi « un fermail à deux cosses de genestes, l’une esmaillée de blanc et l’autre de vert » (B 1500, fol. 104 v°, Mand. Saint-Germain-en-Laye, 1er février 1394, DAVID, p. 66).
  6.  Etrennes 1397 le duc donne au roi un saint Michel, au dauphin Charles (1392 duc de Guyenne et fiancé en 1396 à Marguerite de Nevers et † en 1401) « une chayne d’or esmaillé de fleurs et de cosses de genestes à pluseurs sonettes pendans et à un fermail d’un tigre » (DAVID, p. 61).
  7. Etrennes 1399, le duc donne des « colliers d’or à boutons et cosses parmi dont un au comte de Nevers (Jean sans Peur) et un hanap et une aiguière d’or à façon de genestes au roi ». (DAVID, p. 63).
  8.  1403 : Philippe le Hardi Régent de Bretagne, offre en étrennes des colliers aux princes de Bretagne Gilles et Arthur et à leur sœur un collier « orné de cosses ».
  9.  Le duc possède, d’après ses inventaires, des « colliers à cosses agrémentés de P et M » et « un collier d’or ront à petites cossettes de genestes esmaillées de vert et ouvré bien gracieusement » (mai 1399, B. 1517, fol. 167v° et 168r°), un simple collier à cosses.
  10.  Paris, BNF, B. 1519, fol. 225.
  11.  DAVID, p. 177.
  12.  « item pour avoir fait pour mondit seigneur ung collier a arbres dor et entre chacun arbre a ung raboz...Et a oudit collier xix arbres chacun arbre garny de xiij grosses perles par haut et au pie dun gros balay et entre les dis arbres a xix rabos chacun rabot garny dun dyaman assis en ung annelet perse ». A. D. C. O., B. 1554, fol. 113 v°

Bibliographie

Vaughan R., Philip the Bold. The formation of the Burgundian state, Londres, Woodbridge, 2002.

SCHNERB B., L'État bourguignon, Paris, Perrin, 2005.

Le temps des princes des fleurs de lis. L’art à la cour de Bourgogne, 1364-1419, Dijon, 2004

HABLOT L., « Ordres et devises des ducs de Bourgogne », Catalogue de l’exposition Le temps des princes des fleurs de lis. L’art à la cour de Bourgogne, 1364-1419, Dijon, 2004, p. 81-83.

HABLOT L., « Les signes de l’entente. Le rôle des devises et des ordres dans les relations diplomatiques entre les ducs de Bourgogne et les princes étrangers de 1380 à 1477 », Revue du Nord, n° 345-346, t. 84 avril/septembre 2002, p. 319-341.

PASTOUREAU M., « Emblèmes et symboles de la Toison d’or », L'ordre de la Toison d'or de Philippe Le Bon à Philippe Le Beau (1430-1505), idéal ou reflet d'une société ?, Bruxelles, 1996, p. 99-106.

KOVACS E., L’âge d’or de l’orfèvrerie parisienne au temps des princes Valois, Dijon, 2004.

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