devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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soleil rayonnant

un soleil rayonnant ou "rais de soleil"

Carreau de pavement du château de Germolles à la devise royale du rais de soleil.

Carreau de pavement du château de Germolles à la devise royale du rais de soleil.

Période
1381-1422
Aires géographiques
France
Personnage
Charles VI
Famille
Valois
Devises associées
cerf ailé, soleil rayonnant, tigre, mai, genêt
Lettres associées
K

 En grande part héritée de l’Etoile de Jean le Bon, la devise du soleil est présente dans l’emblématique royale tout au long du règne de Charles VI.

Les historiens ont d’ailleurs bien saisi toute la valeur de cet emblème pour la monarchie[1]. Cette figure cumule une multitude de sens valorisants pour le souverain et qui se rattachent à la fois à l’héritage impérial, à la culture littéraire et religieuse du moment ou aux circonstances du règne.

 Le sens symbolique du soleil avait déjà été largement développée sous Charles V par les théoriciens du pouvoir. Si le prénom Charles évoque l’ancêtre mythique Charlemagne, les érudits qui gravitent autour du souverain avaient également établi un rapprochement avec le soleil impérial, clara lux. Mais la claire lumière c’est aussi le Christ des derniers jours, le Soleil de justice qui fait disparaître le Sol invictus lié au culte impérial païen de la Rome antique[2].

 Cette union symbolique entre le Christ et le souverain participe activement aux efforts de Charles V pour sacraliser la fonction royale. Cette idée était sans doute déjà en germe sous Jean le Bon mais l’absence de liens entre le prénom du roi et le soleil la rendait moins prégnante. 

 Charles VI semble avoir débuté son règne sous le signe de cette devise et c’est certainement un soleil qui ornait les étendards royaux avant que le cerf volant ne les y supplante[4]. Lors du second voyage en Flandre en 1383, c’est cette devise qui est choisie pour orner les « 1500 pennons de boucassin blanc et en chascun pennon a un soleil d’un costé et d’autre d’or burny, poinconné et a roye de bresil rouge, lesquielx pennons furent delivrés aus gens d’armes de la bataille du Roy pour le voiage de Bourbouc... » et les étendards[5]. Le soleil ne réapparaît plus dans les comptes de l’Ecurie avant la mention en 1387 d’une selle pour la duchesse de Bourbon ou des soleils se mêlent aux devises du roi, de la reine et de la récipiendaire[6].

 La devise du soleil semble être réactivée en 1389. Durant son Voyage en Languedoc pour pacifier le Midi et rencontrer Clément  VII en Avignon, le roi reçoit du pape « un grant gobelet en façon d’un pot à panse, qui est tout de cristal, et est tout le couvècle de mesme  en façon d’un soleil... Et le donna au roy en son voyage de Languedoc, ledit pape Clément »[7]. Le fait même que, près de trente ans après le don, on ait conservé la mémoire de son origine, prouve son importance dans les collections royales. Il est possible que Clément VII ait rappelé au roi les prophéties liées à sa personne et à cette devise. Un mouvement eschatologique pro-français avait animé la Chrétienté entre la mort de Charles V et les années 1390. Le roi de France y faisait figure de second Charlemagne qui après avoir pacifié son royaume réunirait les Eglises, mènerait la Croisade et déposerait sa couronne au pied du Mont des Oliviers.  Ces prophéties aboutissent à différentes prédictions dont celle, anonyme, étudiée par M. Chaume et celle de Francesc Eiximenis en 1391[8]

 C’est principalement l’entrée de la reine à Paris, à l’issue de son couronnement à Saint-Denis, qui, en août 1389, est l’occasion de développer la devise du soleil. Ses différentes mises en scène nous éclairent sur les références de cette figure.

 Les festivités curiales sont placées sous le signe du genêt adopté deux ans plus tôt mais les tableaux de l’entrée et les joutes sont à la devise du soleil[9]. Au début de l’itinéraire, la reine entre dans Paris par la porte Saint-Denis décorée par une Vierge à l’Enfant placée sous un dais fleurdelisé et chargé des armes parties de Bavière et de France avec « un soleil d’or raiant qui estoit la devise du roy et pour la feste des joutes » comme le précise Jean Froissart[10]. L’association entre la Vierge theotokos (porte-Christ), les armes royales et le soleil confirme le fait que cette devise est liée à la nature divine de la dynastie. 

 Mais ce sont surtout les joutes qui permettent la mise en œuvre et la diffusion de cet emblème du soleil. Ces joutes « du roy du soleil couronné d’or » ont été criées par tout le royaume et les participants s’y rendent parés de cottes à cette devise[11]. L’intérêt de Froissart pour cet évènement n’est pas dû au hasard. La devise royale est directement inspirée de son Méliador, roman écrit à la demande Wenceslas de Luxembourg à partir de 1382[12]. Dans ce texte de 30 000 vers, Méliador, le "chevalier au soleil d’or", se lance dans une quête éperdue pour gagner le cœur de l’héritière d’Ecosse. Il annonce à son écuyer Lansonnet qu’il part pour la queste : « Or te fault voirement savoir / De quoi je me voel coulourer : / I. bleu harnois sans riens oster, / Hÿaume et targe, espée et lance, / Feras tu faire a me samblance. / Mais tu metteras en me targe, / I. soleil d’or, de tant te carge. / Pour l’amour de la bleewe dame / Serai li bleu errans par m’ame / Respont Lansonnés qui s’avise: / Sire, je pris bien vo devise / Et le ferai tout ensi / que recordé le m’aves chi »[13]

 Les armes d’azur au soleil d’or ne sont pas sans rappeler les armes de France et la bleewe dame de 1389 est logiquement Isabeau de Bavière. On note une certain incohérence entre ce décor et les cottes or ou argent au soleil rouge réalisées pour la compagnie du duc de Bourgogne, mais quelques vers plus loin, le roman donne une nouvelle version des emblèmes de Méliador : « Ensi qu’i chevauchoit i. jour, / Il regarde vers I. destour, / Et voit I. chevalier venant / En tres biel et bon couvenant… Armés estoit, a me samblance, / Pour ce jour d’une targe blance / A I. feu vermeil contremont »[14]. Le poète de cour qu’est Froissart voit ainsi son œuvre récompensée, même si le choix de Charles VI répond peut-être aussi à d’autres finalités. Le soir du couronnement un entremet est joué lors du banquet sur le thème du siège de Troie. Cette pièce mettait en scène les ancêtres mythiques des rois de France, les Troyens, protégés d’Apollon dont l’attribut est précisément le soleil[15]. On retrouve cette association sur une miniature de l’Epitre Othea de Christine de Pizan où Hector, alias Louis de Guyenne, arbore une cotte d’arme au soleil flamboyant[16]

 A l’issue du succès des fêtes de 1389, le soleil devient l’emblème le plus fréquemment représenté sur les étendards royaux, sans doute pensé comme un prolongement de l'oriflamme (l'or y flambe) de Saint-Denis. Sur une miniature du XVe siècle des Chroniques de Froissart relatant l’expédition du duc de Bourbon en 1390 au secours des Génois, le navire central, aux armes de France, porte un étendard rouge chargé d’un soleil flamboyant d’or et de flammèches d’or[17]. Les soleils flamboyants abondamment représentés dans la cathédrale d’Evreux sont difficilement datables. Certains d’entre eux appartiennent peut-être aux verrières offertes par Charles VI mais il est intéressant de noter qu’un grand nombre reprend l’emblème développé à la fin du règne de Charles VII par Bernardin de Sienne : un soleil flamboyant chargé en son centre du monogramme IHS[18]. Cette relecture de la devise royale ne faisait que conforter le sens qui lui avait été donné dès Charles V, le signe du soutien divin accordé à la dynastie française et la nature christique de son représentant.

 La permanence du soleil parmi les devises royales est confirmée par plusieurs sources. Dans l’inventaire du trousseau d’Isabelle de Valois en 1396, on trouve « un gobelet et une aiguière d’or couvers, poinçonnez à rayes de solail et autres devises »[19]. On sait par l’inventaire de 1421 que cette figure apparaissait sur les étendards, les cottes d’armes et le bassinet du roi durant la campagne contre Jean de Berry à bourges en 1412[20]

 Les inventaires du duc de Bedford, qui s’était largement servi dans les collections royales, mentionnent encore plusieurs articles à cette devise[21]

 Une des rares représentations de cette devise qui nous soient parvenues date de quelques années plus tôt. Il s’agit du folio 2v° du manuscrit de l’Armorial de la Cour Amoureuse de Vienne [22].  La devise du soleil se retrouve, sous l’écu royal soutenu par un ange, associant une fois encore la nature divine des armes, et donc de la dynastie, avec cette figure. Cette représentation du rais de soleil permet de préciser la forme d’une devise qui semble avoir évolué entre l’étoile aux rais droits et le soleil flamboyant et ondulé. Si le soleil de Charles VI est à l’image de celui représenté dans l’Armorial de la Cour Amoureuse, il se rapproche étroitement de l’Etoile de son grand-père Jean le Bon, ce qui tend à consolider l’hypothèse de la continuité d’une devise à l’autre. 

Les Chevaliers du Ray de Soleil d’or, ordre fondé, selon Froissart, par le roi à l’issue des joutes de 1389[23], ne seraient-ils finalement que les descendants des compagnons de la Noble Maison de Saint-Ouen ? Certaines sources laissent même entendre qu’en offrant, à cette occasion, l’ordre de la Cosse de genêt aux princes d’Anjou, le roi de Sicile - Louis II -  et le prince de Tarente - Charles du Maine-, le roi les avait également gratifiés de l’ordre de l’Etoile. Une peinture du couvent des Célestins de Paris[26]relevée par un dessin de Gaignières, pose plus précisément la question de la survivance de l’ordre de l’Etoile sous Charles VI et son frère Louis d’Orléans en qui certains auteurs voient le continuateur de cet ordre[24]. Attribuée à Colard de Laon, cette fresque figure Louis d’Orléans - bienfaiteur de cette église où son tombeau devait être exposé et qui accueillait la retraite active de Philippe de Mézières - agenouillé devant la Mort qui le menace d’une flèche. Largement retouchée sous le Louis XII, cette fresque a pourtant de fortes probabilités d’être authentique[25]. Le duc est vêtu d’un camail d’étoffe rouge chargé d’une étoile rayonnante blanche, habit très proche de celui des chevaliers de l’ordre dans les Chroniques de France. Toutefois,  mis à part le récit que fait Froissart des joutes de 1389, les éléments manquent pour affirmer que Charles VI a réellement eu l’intention de fonder un ordre sous le signe du soleil. C’est même peu probable. La devise du genêt n’avait été adoptée que deux ans plus tôt et constituait déjà le pendant d’un collier d’ordre. A moins que Charles VI n’ait souhaité, à l’instar de son rival anglais et de son oncle Louis II de Bourbon, disposer de deux devises, une curiale, le genêt, et une autre réservée à une élite rigoureusement choisie, le soleil. 

 Cette figure se retrouve sur de nombreux documents associés à Philippe le Hardi. Pour la venue du roi à Dijon en 1390, le duc fait réaliser une chambre violette - nous sommes en février, temps de Carême, c’est donc la couleur liturgique du moment[27] -, avec ses propres armes brodées dans un grand soleil rayonnant, l’aigle et son mot[28]. Il reste difficile de déterminer si le duc de Bourgogne utilise cette devise à titre personnel ou s’il le fait en hommage au roi, pratique alors courante. En réalité, comme sa belle-sœur Marie de Blois qui figure un grans soleil sur son sceau armorial, Philippe le Hardi semble tenir cette figure de son père Jean le Bon ou de son sang royal. Il utilise également cette devise sur les carreaux vernissés de la Chartreuse de Champmol. Son fils Jean sans Peur emploie également cette devise. En 1402, pour les noces de son frère Antoine de Rethel, il porte un harnois de joutes à feuilles de houblons, bouillons d’or, losanges, bâtons entrelacés et soleils. En 1409 pour le second mariaige d’Antoine, il utilise sur ses vêtements les devises du rabot avec ses « raboteures » et des soleils[29]

 Dès 1369, le champ du sceau d’Enguerrand de Coucy est semé de soleils alors que celui-ci, représenté en pied, tient un pennon à cette devise. Ce soleil apparaît aussi sur le champ du sceau utilisé par Louis II de Bourbon en 1380. Ces figures ont peut-être un lien avec l’ordre de l’Etoile ou avec Charles V mais ce n’est pas assuré. La ceinture rayonnante et couronnée qui figure sur la dalle funéraire du beau-frère de Charles VI, Louis le Barbu, duc en Bavière, est peut-être elle-aussi inspirée par la devise des joutes de 1389[30]..

Cette devise du soleil semble en fait avoir connu un immense succès compte tenu de son poids symbolique. On a vu qu’Edouard III l’avait adopté de manière assurée et peut-être sur un fragile jeu de mot sur le terme Windsor. Il n’est pas étonnant que le premier souverain à employer des devises ait fait le choix du plus valorisant des emblèmes. Lui-aussi est un roi-soleil comme le prouve la tenue de Dame du soleil portée par sa maîtresse Alice Perrers en 1374 et son héraut WINDSOR. Au début de son règne Richard II se voit encore parfois attribuer cet emblème comme sur une lettrine d’un manuscrit peint vers 1395 où le roi porte au cou un soleil d’or. La nature du texte, un traité contre les Lollards, donne le sens de ce soleil : il est l’attribut de la justice royale, du roi en sa fonction de Soleil de Justice[31]. Cette figure se retrouve, parmi d’autres devises, sur le gisant de ce souverain à Westminster. Mais sa représentation introduit un détail important. La devise du soleil des rois anglais n’est pas toujours le rais de soleil qu’adopteront les York[32], mais un lever de soleil derrière une nuée : une nuée d’or.

 Le soleil des rois de France lui-même adopte parfois cette forme. Sur la miniature de l’Armorial de la Cour Amoureuse, c’est plus un éclat de soleil qu’un soleil entier que l’on retrouve et les étendards à cette devise figurent souvent un demi soleil rayonnant depuis la hampe plutôt qu’un soleil entier.  Chez ces souverains aussi le soleil est fréquemment associé à la nuée. Sous Jean le Bon, les tentures rouges réalisées pour décorer la Noble Maison à la veille de la première fête de l’ordre de l’Etoile sont brodées de trois larges nuages surmontés par une étoile[33]. Cette association se retrouve sur les cottes confectionnées pour le duc de Bourgogne à l’occasion des joutes de Saint-Denis en 1389[34]. La nuée est le complément naturel de l’étoile et plus encore de son corrollaire, le soleil, et le soleil divin en particulier.

 Colette Beaune propose de voir dans le soleil issant d’une nuée une variante de la devise du soleil adoptée par Charles VI dans les périodes de crise[36]. En réalité, il ne semble pas que l’alternance d’emploi du soleil/soleil voilé soit aussi strcitement définie par rapports aux circonstances. Il s’agirait plutôt d’une mise en forme occasionnelle et conforme aux goûts des artistes du temps.

 Quoiqu’il en soit, Charles VI n’est pas le seul soleil de son temps. Cette figure est également revendiquée par les familles alliées aux princes des Baux[37]. Réinterprétée à la lumière des nouvelles références culturelles, romans de chevalerie et mythe des origines troyennes, la devise du soleil reste sous Charles VI le signe le plus évident de la nature sacrée de la dynastie et du souverain. Elle sera conservée avec cette valeur par ses successeurs, notament par Charles VII qui formalise le type du grand étendard rouge associant les rais de soleil et la figure de saint Michel. Mais le soleil royal conbnaît bien sûr son apogée au XVIIe siècle quand il éclaire de ses feux le règne du Roi Soleil. Comme le cerf volant et saint Michel, le soleil reste attaché à l’idée du retour du Christ et du jugement des derniers jours, illustrant la justice du roi. 

 

 


[1] Sur le soleil royal, voir KANTOROWICZ E., « Oriens Augusti-Lever du roi », dans Dumbarton Oaks Papers, 17, 1963, p. 119-177 ; TALMANT, 1998, p. 53-60.

[2] TALMANT, p. 54.

[3] Sur la symbolique de l’aigle voir HABLOT, 1995, p. 67 et suiv.

[4] En 1382, par exemple, le roi commande un étendard de 59 cm par 3,56 m d’argent chargé d’un large soleil d’or et semé de petits soleils, bordé de soie rouge, cité dans CAMPBELL, 1979, p. 15.

[5] LEPROUX, article  205, article 206 : « pour la façon de deux grans estendards de 3 aulnes de lonc et demie aulne de lé pour ledit voyage de Bourbouc, l’un des diz estendars fait de cendail blanc tiersain a un grant soleil de fin or burny ou milieu et le champ semé de petis solaux de fin or burny et estincelé, l’autre estendart de laditte longueur et largeur fait de sendail tiersain vermeil semé d’ennelez de fin or et d’argent burny, frangé de fine soie vermeille... ».

[6] LEPROUX, article 1437. « Audit Jehan, pour une selle couverte de velviau tainte en graine, ouvree, la couverture et le siege toute losengié d’or de Chippre, et dedens les losenges K et E de brodeure, et les karrefours de fleurs de bourache,et une bordeure tout entour ouvree de couronnes et de lis d’or a un point et couverture tout entour decoupee de feullage, et le harnoiz de laditte selle de velviau taint en graine, ouvree de brodeure decouppee et clouee ou milieu de solaux, le mors, les estriers et quarrefours de fin cuivre doré, taillié et esmaillé de cerfs volans, l’un et l’autre de levriers, laquelle selle le Roy donna a madame de Bourbon.... ».

[7] DOUET d’ARCQ, 1864, inventaire de 1418, article 205.

[8] CHAUME M ., « Une prophétie relative à Charles VI », dans Revue du Moyen Age latin, n°3, 1947, p. 27-42, cité dans LASSABATERE, p. 146.

[9] Sur les fêtes de Saint-Denis, voir BARROUX, 1936 ; MERINDOL, « Théâtre et politique… », p. 179-212.

[10] Chroniques de Froissart, KERVYN éd., t. I4, p. 8.

[11] VAN DEN NESTE, p. 259 ; PROST, article 3175, 28 avril 1389 : « comme le roy vouloit faire, le 1er may, une feste de jouste à St Denis… », article 3189, mai 1389 : « pour Mgr et pour mons le comte de Nevers…3 demicorps et 2 houcez d’escu de veluyau vert, ouvrez de brodure à arbrez d’or et d’argent soudiz, et ce pour la feste des joustes que le roy nostre sire tint à Saint-Denys, au commencement du mois de may  1389 », article 3254, août 1389 « 26 pourpoints tant pour chevaliers qu’escuyers… chaque pourpoint à ii soleils, l’un devant l’autre derriere, chaque soleil couronné d’or soudis… 26 harnois de joustes pour mesdis seigneurs de Bourgogne et de Nevers et pour les chevaliers et escuyers de leurs parements, à devise de soleil de rouge cler, couronnez d’argent sur champ d’or pour les chevaliers et sur champ d’argent pour les écuyers… » ; PETIT, 1389 : « La reine venoit de faire son entrée à Paris depuis peu, il y eut une feste et des joustes considerables à cette occasion. Le duc de Bourgoigne se fit faire, au conte de Nevers et à Philippe de Bar, son neveu, des habits magnifiques pour y paraoistre avec plus d’honneur, ainsi qu’aux nopces de monseigneur de Tourraine, qui se firent en même temps. Et entre autres choses, trois pourpoints dont l’un de veluau vert à deux arbres de chesne devant et derrière et sur les manches, deux arbres d’aubespine de perles et d’or soudis, et sous les abres troupeaux de brebis de perles rachiés d’or par dessous. L’autre avoit la poitrine et les manches toutes de perles et estoit semé de soleils et de fleurs d’orfèvrerie fretté de perles d’or soudis. En chaque losange y avoit un cygne, en l’autre une brebis, et le dessous ouvré d’or de chypre losangé sur satin rouge. Un autre pourpoint de veluau azuré, dont le dessus estoit ouvré de perles, et auquel il y avoit dix gros balais et plusieurs grosses perles mises en nues grandes, et soleils d’orfèvrerie, le dessous rayé d’or »…« La reine fit son entrée à Paris au mois d’août 1389. Madame de Touraine estoit avec elle. Le duc de Bourgogne pour paroistre avec honneur à cette entrée, se fit faire un pourpoint de veluau vermeil garni de plusieurs pieces d’or férues en estampes en guise de losanges et quarrés. Il y avoit au demi corps de ce pourpoint 40 brebis et 40 cygnes de perles ; chaque brebis avoit une sonnette pendue au col, et chaque cygne en tenoit une au bec. Ce pourpoint avoit 78 fleurs d’or esmaillées de rouge clair. Un autre pourpoint de veluau vermeil tout de brodure le demi corps en haut estoit couvert de perles. Il y avoit 40 soleil d’or à ce pourpoint et 46 fleurs esmaillées de bleu, et en chaque fleur une clochette d’or en façon de marguerite. Un autre pourpoint de veluau bleu dont le demi corps estoit ondoyé de perles de brodure, il y avoit dix grandes pieces d’or en façon de nues en ce pourpoint, et en chaque nue un soleil d’or et plusieurs estoiles d’or pendant à chaque nue… »

[12] JEAN FROISSART, Méliador, LONGON Auguste éd., 3 t., Paris, 1895.

[13] Ibid., p. 96.

[14] Ibid., p. 99.

[15] VAN DEN BERGEN-PANTENS Christine, « Traditions généalogiques et héraldiques troyennes à la cour de Bourgogne », dans Revue française d’héraldique et de sigillographie, n° 60-61, 1990-1991, p. 83-97 et BEAUNE, 1985, chapitre premier « Trojani aut Galli ? », p. 25-74.

[16] Londres, Ms. Harley 4431, fol. 102v°, cité dans HINDMAN Sandra L., Christine de Pizan’s Epistre Othea : painting and politics at the court of Charles VI, Toronto, 1986. L’identification d’Hector à Louis de Guyenne est confirmée par le collier de la Cosse de genêt qu’il porte sur le folio 18 du manuscrit français de ce texte ( Paris, B. N., Ms. Fr. 606).

[17] Londres, British Lib., Ms. Harley 4380.

[18] Saint Bernardin de Sienne (1380 †1444), prêtre et prédicateur franciscain, développa le culte du saint nom de Jésus résumé dans le monogramme IHS inscrit dans un soleil flamboyant au point d’être un moment soupçonné d’hérésie.

[19] MIROT, 1902, p. 149.

[20] DOUET d’ARCQ, 1864, article 183 : « item, un tres riche estandart de trois couleurs, c’estassavoir blanc, rouge et noir, de satin double, à deux grans paons de broderie, l’un d’un costé l’autre d’autre, et semé de raix de souleil et de plumes de paon et de branches de geneste, qui fut fait neuf pour le voyage de Bourges (Charles VI arriva devant Bourges le 11 juin 1412) », article 184 : « item, une riche cocte d’armes de veloux asuré dyapprée de feuilles de may et de raix de souleil et cosses de geneste, à douze fleurs de lis de broderie d’or pourfillée de perles de compte et papillotée dorfaverie d’or doublée de satin vermeil, qui fu faicte pour ledit voyage de Bourges », article 214 : « item, un bacinet garny d’une couronne d’or à esmaulx de soulaix, la visière bordée d’or, la banière bordée d’esmaulx et dessoubz d’or à besans d’or esmaillez de soulaix, à un camail d’acier cloué de fleurs de liz de laton. Et la courroye dudit bacinet d’un tixu noir à quatre feuilles de may esmaillées dedans de souleilz et tout d’or, et le mordant de deux feuilles de may comme devant. Et autour dudit bacinet plusieurs bocettes d’or ».

[21] STRATFORD, 1993, Inventaire B (en français, juillet 1433), une chapelle noire semée de soleil d’or et chapes vertes et rouges aux armes de France, une chapelle de satin noir semée d’étoiles d’or et de losanges componée bleu et rouge à grandes fleurs de lys et 4 petites étoiles autour.

[22] Vienne, Osterreichisches Staatsarchiv, Archiv des Ordens vom Goldenen Vlies, Cod. 51, fol. 2v°

[23] Dans ses Chroniques, Froissart prétend qu’à l’issue des fêtes de 1389, Charles VI fonda un ordre des chevaliers du Ray de Soleil d’or » réunissant trente membres, FROISSART, Œuvres de Froissart, Bruxelles, vol. 14, p. 21.

[24] COLLEVILLE comte de et SAINT-CHRISTO F., Les ordres du roi, Paris, (date non signalée) p. IV. Sans citer ni sources ni références, ces auteurs affirment : « Son fils, Charles V le Sage, avait l’unité du royaume à refaire, des vassaux de toute importance, et jusqu’à des Prévôts et Echevins de villes à gagner : il leur prodigua l’ordre de l’Etoile, devenu monnaie royale. En même temps, détourné par sa santé chancelante et son amour de la simplicité, des cérémonies fatigantes et fastueuses instituées pars son père, il supprima peu à peu celles-ci : la fête annuelle de l’ordre cessa d’être célébrée et l’ordre lui-même se conféra par simple lettre privée autorisant le nouveau chevalier à en revêtir les marques et insignes. L’ancienne chevalerie était trop vivante pour qu’un ordre distribué de la sorte à tout venant, dépouillé de toute pompe et presque de tout caractère militaire, pût tenter beaucoup ceux qui avaient reçu la véritable accolade chevaleresques. Ni Bertrand du Guesclin, ni Olivier de Clisson, ne voulurent être chevaliers de l’Etoile. Plus tard, sous le règne de Charles VI, Louis duc d’Orléans, frère du roi, essaya vainement de remettre cet ordre en honneur en en portant le collier à toute occasion… De guerre lasse et pour supprimer en quelques sorte l’ordre de la l’Etoile, Charles VII, en 1445, le donna au capitaine du guet et à ses archers. C’est depuis cette époque que le chef de la maréchaussé de Paris prit le titre de chevalier du Guet et que ses soldats portèrente une étoile brodée sur leur casaque… ».

[25] Sur cette peinture voir CHÂTELET, 2000, p. 129. Ce motif  de la mort menaçant un courtisan d’une flèche se retrouve sur d’autres peintures contemporaines. 

[26] Oxford, Bodleian Library, Ms. Cough-Gaignières 1, fol. 1.

[27] Sur l’apparition des couleurs liturgiques voir PASTOUREAU, 2000, p. 37 et notes.

[28] Pour la venue du roi à Dijon en février 1390, le duc fait réaliser une chambre : « à Estienne Bievre, brodeur… pour Mgr… une chambre de vyolet (couleur liturgisue du moment)… ou milieu de chascune piece a I grant ray de soleil, où sont comprins dedens et ouvrez de brodure les armez des pays de Mgr, et aux quatre quingnés de chascune piece a I esgle estant sur une terrasse et tenant un roleau où est escript son mot : Y me Tarde… » (PROST, article 3394). Cette tapisserie figure toujours dans l’inventaire de 1420 : « une chambre de camelot vermeil, brodée ou mylieu de grans soleilz, armoyez des armes des pays de mondit seigneur, et y a escript : Y me tarde… » (MORAINVILLE, article 766).

[29] BEAULIEU, p. 179, note 3. D’ap. Coll. Bourgogne, t. 58, fol. 322 et t. 56., fol. 143.

[30] Sceau d’Enguerrand de Coucy, GALBREATH ET JEQUIER, 1977, p. 193 (détail) ; sceau de Louis II de Bourbon, Paris, A. N., D. 452 (1393, détail) ; dalle funéraire de Louis le Barbu, Munich, Bayerisches Nationalmuseum, inv. nr. MA 936 (vers 1430, détail). 

[31] Liber contra XII Errores et Hereses Lollardorum, Cambrideg, Trinity Hall, Ms. 17, fol. 1.

[32] Le soleil des York, qui sera associé à la rose blanche pour former la devise de la rose-en-soleil, est peut-être un héritage de Richard Widville, comte de Rivers, beau-père d’Edouard IV d’York dont la famille est apparentée aux princes des Baux dont les armes sont de gueules au soleil d’or. Les Luxembourg, également alliés à cette maison par le mariage de Pierre Ier (†1433) avec Marguerite des Baux. Le fils bâtard du comte de Saint-Pol, Jean de Luxembourg « portoit en sa devise en son estendard le soleil » (MONSTRELET, Chronique, t. V, p. 28-29) en 1441. La bannière de Jacques de Luxembourg, gouverneur de Douai pour Charles le Téméraire perdit sa bannière en 1476 contre les Suisses, cette dernières est écartelée au lion des Luxembourg et au soleil des princes des Baux. Les Gonzague utilisent également cette devise.

[33] BOULTON, 1987, p. 198-199.

[34] PETIT, 1389, « Un autre pourpoint de veluau azuré, dont le dessus estoit ouvré de perles, et auquel il y avoit dix gros balais et plusieurs grosses perles mises en nues grandes, et soleils d’orfèvrerie, le dessous rayé d’or…Un autre pourpoint de veluau bleu dont le demi corps estoit ondoyé de perles de brodure, il y avoit dix grandes pieces d’or en façon de nues en ce pourpoint, et en chaque nue un soleil d’or et plusieurs estoiles d’or pendant à chaque nue… ». 

[35] Amsterdam, Rijksmuseum.

[36] BEAUNE, 1989, p.156.

[37] Les princes des Baux se prétendent issus du roi mage Balthasar comme le souligne leur devise héraldique AU HASARD BALTHASAR. Leurs armoiries font donc davantage référence à l’étoile de la Crèche qu’au soleil, mais, comme nous l’avons signalé, du point de vue de la symbolique christologique, étoile des Mages et soleil sont souvent confondus. AURELL Martin, « Autour de l’identité héraldique de la noblesse provençale au XIIIe siècle », dans Médiévales, Automne 1990, p. 17-28.

Autres illustrations

La devise du rais de soleil sur le frontispice de l’Armorial de la Cour Amoureuse de Vienne (Vienne, Osterreichisches Staatsarchiv, Archiv des Ordens vom Goldenen Vlies, Cod. 51, fol. 2v°).
La devise du rais de soleil sur le frontispice de l’Armorial de la Cour Amoureuse de Vienne (Vienne, Osterreichisches Staatsarchiv, Archiv des Ordens vom Goldenen Vlies, Cod. 51, fol. 2v°).
Carreau de pavement à la devise du soleil. Château de Germolles, vers 1390.
Carreau de pavement à la devise du soleil. Château de Germolles, vers 1390.

Bibliographie

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Autres devises pour Charles VI

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