genêt
Une double cosse de genêt ou des branches de genêt fleuri avec ses cosses - ordre de la Cosse de genêt
broche à la devise de la Cosse de genêt de Charles VI. Barcelone, Trésor de la Cathédrale
- Période
- 1387-1422
- Aires géographiques
- France
- Personnage
- Charles VI
- Famille
- Valois
- Devises associées
- cerf ailé, rais de soleil, paon, tigre, mai, genêt
- Mots associés
- JAMES, EN BIEN
- Lettres associées
- K
- Couleurs associées
- vert/blanc/rouge/noir
La devise du genêt, adoptée en 1387, est omniprésente dans l’emblématique du roi Charles VI jusqu’à sa mort en 1422. Elle est véritablement le signe du règne mais, à la différence des devises précédentes, son sens exact reste difficile à saisir. La polysémie même de cette devise reflète le caractère du souverain et ses points communs avec les autres devises royales permettent de cerner ses centres d’intérêt ou de préoccupation.
Dès 1388, cette devise apparaît sur des colliers qui sont distribués aux proches du roi et constituent l’ordre de la Cosse de genêt, outil de pouvoir et de relation du souverain.
D’après les comptes de l’Argenterie, en janvier 1387 (n. s.) Charles VI fait encore réaliser une houppelande à sa devise des anneaux et des plumes. C’est dans un article du 13 avril qu’est mentionnée pour la première fois la nouvelle devise du genêt[2]. Les comptes de l’Ecurie le confirment puisque, si en 1386 les selles réalisées pour Charles VI et son frère Louis sont aux anneaux, aux plumes et aux cerfs volants, en juillet 1387 elles sont « clouez de cloux de genete… »[3]. La livrée du printemps 1387 est sous le signe de cette devise. Une grande partie de la cour est gratifiée à cette occasion de houppelandes vertes brodées de branches de genêt[4]. On retrouve une livrée semblable lors de la grande fête du règne, l’entrée d’Isabeau à Paris en 1389, où le genêt compose le décor des fêtes curiales tandis que le soleil couronné constitue celui des fêtes chevaleresques et des joutes[5].
A partir de cette date le genêt est l’une de devises royales les plus représentées. Elle domine presque seule l’emblématique royale entre 1387 et 1394. Les anneaux entrelacés disparaissent après 1387. Le cerf volant et le mot EN BIEN, adoptés en 1382, sont progressivement délaissés et n’apparaissent plus après 1395. La devise du genêt sera complétée vers 1393 par le tigre et le mot JAMES, vers 1399 par la branche de mai et vers 1408 par le paon. Comme toutes les autres devises du roi, le genêt est brodée sur des houppelandes distribuées en livrées[6], figure sur les cottes de tournois des membres de l’équipe royale et sur leurs pennonceaux, sur les étendards, les écus, les selles et sur des pièces d’orfèvrerie variées offertes par le roi ou au roi, coupes, broches, ceintures, écharpes[7]. Les inventaires de 1420 et 1421 attestent encore de l’usage de cette devise dans les dernières années du règne[8]. Charles VI innove même en faisant figurer le genêt sur son sceau du décret gravé en 1400 et également son sceau du secret de 1410[9].
Plusieurs lectures symboliques de cette devise peuvent être proposées.
D’un point de vue botanique, le genêt possède différentes qualités qui pourraient avoir justifié son adoption comme devise ou qui peuvent être mises en relation avec d’autres devises royales comme le soleil, le cerf volant ou le mot EN AMENDANT qui figure dans les comptes[10]. Le genêt annonce le printemps et la renaissance de la nature, sa cosse s’ouvre sous l’effet du soleil, il est un remède contre les piqûres de serpent, que ne craint pas non plus le cerf, il permet d’amender les sols.
Le genêt pourrait être une ancienne devise de Charles V. Certains historiens, comme Colette Beaune[11], y voient le signe du retour des Marmousets, ces anciens conseillers de Charles V chassés par les oncles de Charles VI et que le roi rappelle au pouvoir au début de son règne personnel en 1388. Cette interprétation s’appuie sur le fait que quelques sources modernes, laissent supposer que Charles V ait déjà distribué des colliers de cosses de genêt. En fait les comptes révèlent que le genêt est adopté au printemps 1387 alors que les Marmousets ne reviennent au pouvoir qu’au mois de janvier 1389, soit un an et demi après l’assomption de cette devise.
Le genêt pourrait encore être une devise relative aux Plantagenêt. Nombre d’historiens britanniques prétendent que les souverains anglais utilisent cet emblème depuis Geoffroy Plantagenêt. Il serait une sorte de devise parlante pour la dynastie. Il est en réalité prouvé qu’aux XIVe et XVe siècles le nom "Plantagenêt" n’est jamais utilisé pour dénommer les rois de cette maison ou ses membres[12]. Ce n’est qu’en 1460 que Richard d’York le revendique pour faire face aux contestations du parti Lancastre et il n’est véritablement porté qu’au XVIe siècle, lorsque le fils naturel d’Edouard IV d’York, Arthur (†1548), prend le nom Plantagenêt et intègre le genêt dans son cimier[13]. Il est pourtant surprenant de constater qu’à partir des années 1395, les souverains français et anglais utilisent cette devise avec la même constance, aussi bien figurée au naturel avec fleurs, cosses et feuilles, que comme élément de collier (voir les devises de Richard II). Cette situation s’explique en fait par un échange de devises intervenu entre Richard II et Charles VI à l’occasion du mariage du premier avec Isabelle de Valois en 1396. Il s’agit assurément d’un transfert dans le sens France/Angleterre et non l’inverse puisque les sources anglaises y font toujours allusion comme la « livree du roi de France ». Le succès de cette devise chez les rois anglais du XVe siècle, même après la destitution de Richard II et la mort de Charles VI, n’est peut être tout de même pas sans lien avec le nom du fondateur de la dynastie mais il a d'bord et avant tout comme fonction de permettre aux Lancastre de s'approprier le patrimoine emblématique de Charles VI.
Les événements notables survenus durant la période d’adoption du genêt et qui pourraient en expliquer le sens, sont le projet de débarquement en Angleterre, qui justifie la concentration de la flotte à l’Ecluse entre juillet 1385 et juillet 1388; la mort de Charles, premier fils de Charles VI (28 décembre 1386) ; les noces de Louis de Touraine et de Valentine Visconti (8 avril 1387).
Y-a-t’il un lien à établir entre ce végétal et le projet de débarquement en Angleterre ? Dans sa relation des récits bretons relatifs au Combat des Trente, le vicomte Hersart de la Villemarqué souligne que les Bretons revinrent du combat le casque orné de rameaux de genêt fleuris, le combat s’étant déroulé « le long d’un genetaie qui était verte et belle »[14]. Charles VI, à la veille d’infliger une nouvelle défaite aux anglais a-t-il pensé à ce récit si populaire ? Il reste fort possible qu’un lien soit à établir entre ce végétal et la guerre contre l’Angleterre. Dans le manuscrit des Chronicques et ystoires des Bretons de Pierre Le Baud, peint vers 1481, on peut noter sur le folio 281 relatif au siège du château de Derval par Louis d’Anjou, du Guesclin et Olivier de Clisson, que s’opposent sur les deux rives un champ de genêt fleuri et un rameau de houx tous deux représentés hors proportions[15]. Faut-il en conclure que le genêt était devenu le signe de victoire militaire ou encore un signe de ralliement contre l’Anglais ?
Symbole de renaissance de la nature, dans l’Antiquité le genêt était couramment jeté sur les dépouilles avant l’inhumation. Après la mort de son fils aîné, Charles VI a t-il voulu marquer que sa lignée ne saurait s’éteindre ? Ces lectures restent totalement hypothétiques. Est-ce en lien avec les festivités des noces du mariage de son frère, au printemps, époque à laquelle le genêt fleurit et la cour fête le Mai, que Charles VI a choisi cet emblème ? Faut-il y voir, compte-tenu de ses propriétés antivénéneuses, un autre symbole de la lutte contre le poison - comme l’a noté Colette Beaune, l’os du cœur de cerf à des propriétés identiques[16] - qui laisserait penser que Charles VI était déjà atteint par son mal à cette date ? Ou est-ce un symbole, à l’instar du cerf volant, de la lutte contre le Mal ?
Plus largement, le genêt rejoint les sens symbolique de plusieurs des devises royales : l'idée de renaissance, de résurrection, de permanence, qui illustre peut-être le discours politique contemporain sur la royauté qui ne meurt jamais. On notera aussi quelques rapprochement intéressants. Selon certains auteurs[17], la fleur de genêt a pour propriété de guérir les écrouelles comme le roi thaumaturge. Le genêt, désigné par le terme Jam dans certains parler locaux, associé au mai, forme le mot JAMAIS. Cette lecture du genêt donnerait peut-être quelques éclaircissements sur ce mot qui lui est souvent associé. En réalité, il est fréquent que les mots emblématiques n’aient aucun lien évident avec la devise qu’ils accompagnent et que chacun de ces éléments ait un sens propre et distinct. D’autre part, ce mot JAMAIS ou JA MES n’apparaît visiblement dans l’emblématique de Charles VI que vers 1394-1396, à peu près au même moment que la devise du tigre. Est-ce le mot EN AMENDANT, cité par plusieurs sources relatives à Charles VI, qui était à l’origine associé au genêt ?
D’après les témoignages conservés, les représentations de cette devise sont extrêmement variées, depuis une stylisation grossière (fragments de harnais du Louvre) jusqu’à la représentation la plus fidèle possible (broche de Barcelone). Les colliers qui supportent cette devise n’ont pas échappé à cette souplesse de mise en forme. En effet, il ne semble pas qu’il y ait eu un collier type de l’ordre de la Cosse de genêt. Même si l’on s’en tient aux seules sources écrites qui, indépendantes du goût ou du talent de l’artiste, peuvent être considérées comme les plus fiables, les mises en forme sont extrêmement diverses.
Les premières mentions du collier de la Cosse de genêt ne contiennent pas de descriptions précises. La forme la plus détaillée de ce collier nous est donnée par le règlement d’une commande passée à l’orfèvre Jean Compère en 1396[18], pour des colliers destinés à être distribués à l’occasion des noces d’Isabelle de Valois et de Richard II : « audit Jean Compere, orfèvre demeurant à Paris, pour quatre autres colliers d’or, l’un pareil au Collier du roi, pour le roi d’Angleterre : c’est assavoir icelui collier fait en façon de deux gros tuyaux ronds, entre iceux tuyaux cosse de geneste doubles entretenans par les queues, et autour d’icelui sur les cosses fait neuf potences, autour chascune de neuf grosses perles, et l’entre deux d’icelles potences autour dudit collier a cinquante lettres d’or, pendant à l’un d’iceux tuyaux, qui font par dix fois le mot JAMES ; et au devant d’icelui collier a un gros balay quarré, environné de huit grosses perles, pareilles aux perles du collier du roi, et au derrière a deux cosses en forme de cousse de geneste, ouvertes émaillées, l’une de blanc et l’autre de vert, et a dedans chacune d’icelle cosses trois grosses perles, et lesdits tuyaux poinsonnez de branches fleurs et cosses de geneste »[19]. Cette version est sans conteste la plus élaborée et la plus luxueuse qui nous soit connue y compris parmi les sources figurées. En règle générale, les colliers sont plus simples, comme celui du trousseau d’Isabelle réalisé pour la même occasion : « Item, le bon collier d’or pour ladicte dame, ouquel il a viij. pièces d’euvre d’orfaverie, faites en la manière de fleurs de genestes ouvertes, en iiij. desqueles pièces a en chascune un balay quarré, et en autres iiij. pièces a en chascune un saphir quarré, et viij. autres pièces faites et forgées en manière de cosses de genestre double, en chacune pièce vj. perles de compte ; et le fermail d’icellui colier, pendant par devant, garni de un balay et un saphir quarrez environnez de vj. plus grosses perles de compte et un dyamant »[20] ou celui que Jehan du Vivier réalise pour Louis d’Orléans en 1393[21]. Le stéréotype de ce collier semble à trouver dans ceux que réalise en 1397, l’orfèvre Guillaume Arrode pour Charles VI : « deux coliers d’argent doré, ou il a en chascun entaille le mot du Roy qui fait James, et au bout de chascun pend deux cosses l’unes esmaillee de blanc et l’autre de vert »[22].
Ces exemples confirment que le seul caractère fixe du collier est la représentation de la cosse de genêt et, après 1395, du mot JAMES. La qualité du collier varie selon le destinataire où selon l’usage réservé au bijou. Les colliers d’apparat, que les comptes qualifient de « bon collier », sont bien évidemment les plus luxueux. Mais ces exemples soulignent également que les éléments emblématiques qui apparaissent sur ces colliers ne sont pas fixes, exceptée la double cosse en pendant. Le mot JAMES ne figure pas sur tous et ne se trouvait certainement pas sur les premiers modèles puisque le roi ne l’avait pas encore adopté. Les cosses sont, le plus souvent, aux couleurs du roi, vertes et blanches (collier du De ministerio armorum), mais pas systématiquement. Curieusement, elles se retrouvent le plus souvent portées dans le dos (portrait de Philippe le Hardi).
Les comptes princiers de la période révèlent en fait une multitude de variantes. Les colliers peuvent intégrer d’autres devises du roi. Aux étrennes 1397 Philippe le Hardi offre ainsi au Dauphin Charles (†1401) un collier avec genêt et tigre[23] et en juillet 1420 encore, Henri V d’Angleterre offre à son beau-père un collier avec genêt, paon, mai et le mot JAMES[24]. Il est aussi courant de retrouver sur ces colliers à cosses les devises personnelles des princes qui les font réaliser. Dès 1390 (?) Richard II aurait distribué des colliers de cosses avec son cerf blanc pour pendant[25]. En 1394, Louis d’Orléans fait restaurer un collier avec des cosses de genêt et sa devise du vireton d'arbalète[26]. D’après son inventaire dressé en 1404, Philippe le Hardi possède un collier à cosses décoré de son chiffre PM[27]. En 1414 son fils Jean sans Peur met en gage un de ses colliers mêlant cosses, roses blanches et S en forme de cosse, il en possède un autre qui associe les cosses et ses rabots[28]. L’inventaire de Marguerite de Flandre mentionne parmi ses huit colliers de « l’ordre et de la divise du roi », des colliers à cosses de genêt associées à sa devise de la brebis et à son chiffre M[29]. En 1436 encore, Catherine de Valois, fille de Charles VI, épouse d’Henri V de Lancastre et mère d’Henri VI, commande « douze colliers d’argent de son ordre à esse (SS, devise de la maison de Lancastre) et cossettes de genêts dorés »[30]. Cette pratique se retrouve pour la plupart des colliers de livrée entre la fin du XIVe siècle et le milieu du XVe siècle et ces mises en scène de l’emblématique princière ont bien sûr un sens précis.
Les sources artistiques relatives à la devise du genêt sont encore nombreuses, parmi celles-ci, plusieurs offrent des représentations plus ou moins réalistes du collier de l’ordre de la Cosse de genêt. Certains fragments de décor d’équipement retrouvés au Louvre ont un dessin sans doute très proche de ce que pouvaient être les premiers colliers de l’ordre. Ils sont à rapprocher de la description du collier offert à Richard II en 1396. Le musée des Tissus historiques de Lyon conserve encore une magnifique chasuble associant la devise de Louis de Bourbon, la ceinture chargée du mot ESPERANCE, aux cosses de genêt de Charles VI figurées ici sous forme de maillons de collier[31]. Des doubles cosses reliées par la queue pendent en alternance des fleurs de genêt et des cosses[32]. Il est fort probable qu’un véritable collier a pu inspiré ce dessin. Si aucun bijoux à cette devise n’est parvenu jusqu’à nous, il faut citer le pendentif de plomb en forme de cosse retrouvé dans la Tamise et qui atteste de la diffusion de cette devise en Angleterre[33]. L’abbaye d’Hautecombe conservait jusqu’à la révolution un exemplaire du collier de la Cosse de genêt composé de doubles cosses tenues par les queues avec pour pendant les nœuds de l’ordre du Collier de Savoie, preuve tangible de ces associations devises sur un même collier, hélas aujourd’hui disparue[34].
Les sources picturales qui représentent le collier sont assez nombreuses. La pièce majeure est bien évidemment le Diptyque Wilton conservé au British Museum. Ce tableau, peint vers 1396, figure le roi Richard II présenté à la Vierge à l’Enfant par saint Jean-Baptiste, saint Edouard le Confesseur et saint Edmond. Le roi et les anges entourant la Vierge portent au cou le collier de l’ordre de la Cosse de genêt que l’on retrouve également figuré sur la houppelande brochée de Richard II. Compte-tenu de l’excellente qualité de l’œuvre, il est fort probable que les représentations du collier soient réalistes même si celui que porte le roi ne correspond pas exactement à celui qui lui a été offert par Charles VI en 1396. Ce détail pourrait d’ailleurs conduire à dater l’œuvre avant ce don. On notera que Richard II et les anges ne portent pas la même version du collier, celui du souverain étant nettement plus luxueux. Cette distinction correspond aux informations livrées par les comptes. Sur les quatre colliers commandés par Charles VI en 1396, seul celui destiné à Richard II était copié sur le sien à l’identique, les autres, destinés aux oncles de Richard II, étant un peu moins soignés. Parmi ces sources, il faut également mentionner la pierre tombale du chevalier vénitien Giovanni Emo, mort en 1483, sur laquelle apparaît le collier de l’ordre[35], un prototype de portrait de Philippe le Hardi colleté de l’ordre[36], un portrait de Wenceslas de Luxembourg [37]. Par ailleurs, plusieurs miniatures fournissent d’autres représentations du collier. Il apparaît au cou du roi dans différents manuscrits des œuvres de Christine de Pizan comme l'Epistre Othéa[38], dans les exemplaires de Paris et de Genève des Demandes de Pierre Salmon[39], dans un exemplaire des Grandes Chroniques de France[40] et sur une miniature peinte vers 1400 représentant Jean de Montagu, comte Salisbury, ambassadeur en France en 1398[41]. Du fait de la taille de ces représentations, le collier y est souvent figuré de manière assez schématique. Les miniatures de dédicace des manuscrits de Salmon de Genève et de Paris figurent en revanche au cou de Charles VI une version assez élaborée du collier avec fleurons de perles et cosses remplies de perles pour simuler les graines.
Plusieurs armoriaux représentent encore le collier de l’ordre de la cosse de genêt, comme le De Ministerio Armorum, armorial du Concile de Constance en 1416[42], le célèbre armorial de Conrad Grünenberg dressé vers 1485 ou l'Armorial de Saint-Christophe de l'Arlberg. Dans le premier, les armes du seigneur de Cacumine, vassal du duc de Brieg, sont représentées enchaînées à celles de ses propres vassaux. Son heaume est entouré du collier de l’ordre aux SS de la maison de Lancastre et accosté du collier de la Cosse de genêt et de celui de l’ordre du Camail de Louis d’Orléans. Le collier de la Cosse de genêt est composé de maillons formés de doubles cosses vertes et blanches. Dans l’armorial de Conrad Grünenberg, le collier, que son dessin permet de rapprocher du nôtre, est dessiné de façon assez fantaisiste[43]. Une ultime représentation armorial, datant des années 1460 fait figurer ce collier autour des armoiries de Jacques Ier d’Ecosse sur un manuscrit ayant peut-être appartenu à sa fille Eléonore[44].
Ces différentes représentations et descriptions du collier de l’ordre de la Cosse de genêt soulignent sa diffusion tant en France qu’à l’étranger tout au long du règne de Charles VI. Elles confirment la valeur dynastique, diplomatique et curiale de cette devise. Le recensement des personnes qui utilisent ou possèdent le collier de la Cosse de genêt, établi d’après les sources, permet de souligner les différentes fonctions de l’ordre. Elles sont à la fois dynastiques, diplomatiques et curiales.
L’ordre de la Cosse de genêt joue un rôle dynastique évident. Il permet de distinguer les parents et les enfants du roi[45]. Les comptes nous indiquent en effet qu’il est porté par l’épouse de Charles VI, Isabeau de Bavière, par ses enfants, ses filles, Isabelle (†1409)[46], Marie (†1438)[47], Catherine (†1438)[48], Michelle (†1422)[49], son fils Louis (†1415)[50]. Il est également porté par son frère Louis et sa belle-sœur Valentine Visconti[51], ses oncles, Louis de Bourbon, Louis d’Anjou, Jean de Berry[52], Philippe le Hardi[53], ses cousins, Jean de Bourgogne, Louis et Charles d’Anjou[54], ses neveux et nièces comme par exemple Catherine de Bourgogne[55]. Il est quasiment certain que les parents du roi pour lesquels aucune mention n’a pu être retrouvée portèrent pareillement cet ordre. Charles VI l’offre également à sa famille par alliance, ce fait est attesté pour son gendre Richard II[56] ou son beau-frère Louis de Bavière, duc à Ingolstadt[57].
Il est frappant de constater, à la lecture des comptes, l’usage que certains de ces proches font de cette devise du genêt et du collier en particulier. Louis d’Orléans, Richard II ou Philippe le Hardi semblent l’avoir quasiment intégrée dans leur emblématique propre. Le duc de Bourgogne complète par exemple un de ses bassinets d’une visière chargée du mot AVE MARIA et « autres ouvraiges de cosses autour »[58]. En 1403, régent du duché de Bretagne et co-régent du royaume de France, il offre en étrennes aux princes Gilles et Arthur de Bretagne et à leur sœur un collier « orné de cosses »[59]. Pareillement, les filles du roi et le Dauphin Louis de Guyenne en font un usage personnel. On a vu Catherine de Valois parler en 1436 de son ordre à SS et cosses.
La patente qui concède le collier à François de Gonzague et l’autorise à le distribuer à plusieurs personnes de son choix éclaire encore un peu notre perception du fonctionnement des ordres de ce type. La diffusion de l’ordre royal par certains « membres » de l’ordre, loin de déprécier cet insigne, augmentait l’étendue de la clientèle potentielle du roi et participait à sa représentation et à sa renommée. Quel plus beau signe de l’« entente cordiale » qui unissait, en pleine guerre de Cent Ans, les rois de France et d’Angleterre que de les voir porter la même devise ? De leur côté, il est certain que les princes des fleurs de lys, en utilisant de façon presque autonome l’ordre royal, s’attribuaient implicitement l’autorité attachée à cette regalia. En période de guerre civile et au regard des « absences » du roi, c’est un signe qui compte ! Ces pratiques montrent combien il est anachronique de comparer cet ordre avec ses successeurs, comme celui de Saint-Michel par exemple, et de les analyser avec les mêmes critères. Autres temps, autres mœurs !
Mais cet ordre, comme les autres ordres contemporains, avait également une fonction diplomatique avérée. Une des premières mentions qui illustre cet aspect est sans doute la lettre adressée par la chancellerie aragonaise à Charles VI le 18 décembre 1389. Le roi Jean Ier d’Aragon y remercie Charles VI de l’envoi de ses ordres du cerf volant et de la « Genete » que lui a apporté le vicomte de Roda et lui envoie l’ordre de l’Aigle. Il est intéressant de souligner qu’au regard d’un souverain étranger, en 1389 le cerf volant et le genêt sont comptés comme des ordres du roi et ont la même valeur. Le cerf volant a donc fait l’objet de dons honorifiques, sans doute sous forme de broches. Avec l’évolution des modes le genêt est distribué de la même façon mais sous forme de collier.
François de Gonzague, seigneur de Mantoue, accompagnant Valentine Visconti à Paris pour son noces avec Louis d’Orléans en 1389, aurait reçu le collier de Charles VI. Un collier figure dans l’inventaire de ses joyaux en 1395[60], et une patente de 1396 lui accordant cet ordre est conservée[61]. Le mariage de 1396 est une autre grande occasion de mise en scène de l’ordre de la Cosse de genêt. Cette devise décore l’ensemble des livrées de la suite royale et la plupart des joyaux échangés ainsi qu’une grande partie des articles du trousseau[62]. Nous avons vu que le collier est offert à Richard II et à ses oncles, les ducs de Gloucester, d’York et de Lancastre. Charles VI l’offre encore à différentes princesses, les duchesses de Lancastre et de Gloucester, la comtesse de Huntingdon, et Jeanne, fille du duc de Lancastre[63]. C’est sans doute en 1398, durant son séjour diplomatique en France, que Jean de Montagu, comte de Salisbury a reçu le collier qu’il porte sur la miniature citée[64]. A moins qu’il ne lui ait été offert par Richard II qui avait sans doute obtenu ce droit de son beau père. Cette même année Charles VI offre le collier à un chevalier flamand, Victor de Lichtervelde, dont on conserve la patente[65], et sans doute aussi à Wenceslas de Luxembourg[66]. En 1398 encore, Charles VI donne un collier de la Cosse de genêt en or à Guglielmo Descal (della Scalla) de Milan qui accompagne Mastino Visconti à la cour de France et trois colliers d’argent à trois autres écuyers de sa suite[67]. En 1406 l’orfèvre Thomas FitzNichol réalise pour Henri IV un collier « de la livrée » de la Cosse de Genêt[68]. En 1411, le collier est donné à Alezzan, fils du marquis de Saluces[69]. Comme nous l’avons vu, avec le collier du sire de Cacumine, celui de Giovanni Emo ou celui d’Hautecombe, les sources confirment cette diffusion internationale de l’ordre.
Enfin, la fonction curiale du collier de la Cosse de Genêt semble avoir été essentielle. Il participe, avec d’autres supports, de ces dons qui permettent de placer le personnel de l’hôtel sous le signe du roi et de faire entrer certains dans une dépendance honorifique. J’ai déjà cité l’exemple de Geoffroy de Belleville dont le cas pose problème. Si sa patente date de 1388, elle prouve que l’année suivant son adoption cette devise était déjà distribuée en colliers aux membres de l’hôtel. Sa fonction de chambellan le place dans le proximité du souverain. En revanche l’ordre est aussi utilisé pour honorer les plus fidèles serviteurs du roi, même de rang plus modeste. Ainsi, en mars 1406, Robert de Mauny, sergent d’armes, est gratifié d’un collier comme nous l’apprend une lettre patente conservée qui lui donne « congé et licence de dosrenavant il puist et luy loyse porter le collier de nostre Ordre de la Coste de Genestre, en tous lieux et par toutes places, festes et compaignies qu’il lui plaira et bon lui semblera... »[70]. M. Boulton prétend, sans donner les références, que l’on possède encore les enregistrements de distributions annuelles de vingt colliers pour les années 1388, 1390, 1399 et 1400[71]. Quelques patentes sont effectivement conservées[72].
A la mort de Charles VI, l’usage du collier de l’ordre de la Cosse de genêt révèle la crise politique qui secoue le royaume. Le Dauphin Charles, renié par le traité de Troyes en 1420, dédaigne l’emblématique paternelle jusqu’à la mort de Charles VI en 1422. Même après, il ne semble pas que l’ordre de la Cosse de genêt soit réactivé. Ce constat laisserait penser que l’ordre disparaît alors. Bien au contraire, et c’est peut-être la raison de son abandon par Charles VII, à cette période le collier est accaparé par les souverains anglais.
On retient de ces distributions de colliers l’idée qu’aucun numerus clausus ne semble être venu limiter le nombre des titulaires de l’ordre. C’est ce que confirme la possibilité offerte à certains de le distribuer à leur tour. Il ne faudrait pas pour autant en conclure que le collier de la Cosse de genêt perdait toute valeur du fait d’une diffusion abusive. Si l’on compare les dons annuels de colliers, une vingtaine, avec une autre mise en forme de la devise, les livrées vestimentaires, dont près de 500 exemplaires sont offerts chaque année, on perçoit la volonté du prince de distinguer seulement quelques clients par ce moyen.
La première fonction de ce collier semble donc avoir été de distinguer et d’honorer certaines personnes, hommes ou femmes, mais tous de noble naissance, par le port de la devise du roi. Il faut souligner le fait que ces colliers ne se chargent pas d’un insigne anonyme qui ne serait que celui du groupe des clients du prince. Il s’agit de la propre emblématique du roi qui est une matérialisation, une véritable projection en image de sa personne. Les nombreuses représentations qui figurent la devise animale du roi colletée du collier de l’ordre, comme par exemple le tigre sur le premier folio du manuscrit de l’Armorial de la cour Amoureuse de Vienne[73], éclairent cette notion. Porter un collier chargé de la devise du roi, c’est avoir été distingué par lui, de droit ou par mérite, mais c’est aussi s’associer étroitement à sa personne, à son idéal, à son projet, à son royaume. C’est encore ce que souligne le devenir de cet ordre de la Cosse de genêt.
Le succès esthétique et fonctionnel de la devise du genêt est donc incontestable, mais la diffusion de cette devise n’empêchera pas Charles VI de renouveler sa panoplie emblématique à travers d’autres figures tout aussi riches de sens.
[1] Ce chapitre a fait l’objet un article, « L’ordre de la Cosse de genêt de Charles VI, la mise en scène d’une devise royale », RFHS, t. 69-70, 1999-2001.
[2] DOUËT d’ARCQ, Nouveau recueil…, Argenterie du roi pour le terme de la Saint Jean 1387, p. 8 à 319 : « Ledit Mandol, pour la fourreure d’une longue houppellande de satin vermeil pour ledit seigneur, le 27 jour de janvier 1386, brodée à roses (devise d’Isabeau de Bavière) et à seintures (Louis de Bourbon) et plumes entrelacées (Louis de Touraine) et annelés d’or et d’argent (Charles VI)... », « Ledit Mandole, pour la fourreure d’une courte houppellande de drap vert, ouvrée de broderie à une branche de geneste, que ledit seigneur ot le 13e jour d’avril... ».
[3] LEPROUX, Comptes de l’écurie…, 1386, article 1101 : « pour avoir fait la garnison d’or des harnoiz de corps pour le Roy et pour monseigneur de Touraine faiz pour ledit voyage d’Engleterre… bacinet a couronne… le frontier et le cuiret du camail d’icelui bacinet fait a plumes et ennelés.. et les couvertures des cuirés des camaulx d’iceulx faiz a plumes d’or, et y a 5 plumes d’argent blanc en chascun cuiret, et a ennelés entretenans pendans aux chaines desdittes plumes, et les courroies de derriere d’iceulx bacinés ferrees de cloux faiz en maniere de cerfs volans ». Compte de 1387, article 1429 : « A Jehan de Troyes, sellier, pour 13 selles tant de coursier comme de roncin pour ledit seigneur et pour monseigneur de Touraine...les harnoiz desdittes selles envelopez de cordouen vermeil clouez de cloux de genete... delivrees audit seigneur depuis le premier jour de janvier jusques au premier jour de juillet mil IIIc IIIIxx VII... ».
[4] DOUËT d’ARCQ, Nouveau recueil…, et EVANS J., « The Wilton dyptich reconsidered », Archeological Journal, 1948-1950, p. 4
[5] BARROUX, Les fêtes royales de Saint-Denis.
[6] Parmi les livrées royales on conserve les listes des années 1387 (EVANS, « The Wilton dyptich reconsidered », p. 4), 1389 (BARROUX, Les fêtes royales de Saint-Denis), 1390 (AN, KK), 1396 (MIROT, « Un trousseau royal à la fin du XIVe siècle », p. 125-158), 1399 (BEAUNE, « Costume et pouvoir… », p. 145 et AN, KK), 1400 (AN, KK).
[7] BILLAUD, Comptes de l’Ecurie…, année 1399, articles 7, 8, 9 ; année 1400, articles 147, 152 , 155, 164, 169, 173 ; année 1401, articles 428, 434 ; année 1402, articles 783, 785, 786, 789, 816, 817, 819, 820, 827, 832, 837 ; année 1403, article 962 ; année 1404, articles 1118, 1120, 1121, 1122, 1130, 1146.
[8] DOUËT d’ARCQ, Choix de pièces…, Inventaire de 1420 : article 76 : « item, deux bassins à laver, d’argent véré, à chascun un esmail au milieu ouquel a un tigre et une couronne entour du col, hachié sur les bords d’ouvraiges de tigres et de genestes » ; article 112 : « premièrement. Un dragouer d’argent doré, taillé par dessus les bors, hault et bas, de geneste, et escript Jamais, et un rond en hault et au milieu en esmail d’azur, trois fleurs de lis et autour une branche de geneste et une de may » ; article 113 : « item, un autre dragouer d’argent doré, que a fait faire ledit Jehan Parent, haché à rosectes et bestes serpentelles, et ou bacin un escu esmaillé de France, autour duquel a branches de geneste ». Inventaire de la Grande Ecurie de 1421 : article 168 : « item, une celle de guerre de veluyau vermeil à cerfs volans et à genestes » ; article 171 : « item, une celle de veluiau vermeil, ouvrée de broderies à cerfs volans et à geneste » ; article 183 : « item, un tres riche estandart de trois couleurs, c’estassavoir blanc, rouge et noir, de satin double, à deux grans paons de broderie, l’un d’un costé l’autre d’autre, et semé de raix de souleil et de plumes de paon et de branches de geneste, qui fut fait neuf pour le voyage de Bourges »; article 184 : « item, une riche cocte d’armes de veloux asuré dyapprée de feuilles de may et de raix de souleil et cosses de geneste, à douze fleurs de lis de broderie d’or pourfillée de perles de compte et papillotée dorfaverie d’or doublée de satin vermeil, qui fu faicte pour ledit voyage de Bourges » ; article 190 : « item, un harnois à cheval, entier, de veluiau vermeil ouvré de broderies cosses genestes, et les carrefours d’un groz boillon plat eslevé de cuivre doré, à une L d’asur parmy et au rouleau où il est escript : En amendant », article 194 : « item, un estendart des satin rouge, blanc et noir, et un cerf volant qui a une couronne ou col, de broderie, tout semé de geneste » ; article 195 : « item, une couverture entière de veluiau vermeil, à cheval, à un cerf volant semée de chapellez de genestes » ; article 222 : « item, six estandars de satin vermeil de broderies, à cerfs volans de broderie et de genestes » ; article 290 : « item, une autre selle de veloux vermeil brodée de sefs volans et genestes, découppée tout autour à houpectes de soye ».
[9] DALAS, Corpus…, notice 155.
[10] Le genêt est une plante pionnière qui s’implante avant les autres sur les friches. Sa gousse noircit à maturité et explose au soleil en projetant ses graines à quelques mètres de distance. Cette plante était couramment semée pour amender le sol pendant les jachères. Ramassé en juin-juillet, le genêt était gardé pour la nourriture hivernale des animaux. Ses propriétés calorifiques le faisaient utiliser en fagots, on en retrouve des exemples dans les comptes contemporains (PROST, Inventaires…, article 213, 1378 : .. « pour 15 fagoz de geneste, pour la chambre de Mgr… »). Deux de ses substances, la spartéine (tonicardiaque) et la scoparine (diurétique) sont utilisées en médecine. Les moutons qui consomment la plante présentent une ivresse attribuée à la spartéine mais se trouveraient immunisés contre les morsures de vipères. Dans certaines régions les bergers fabriquent une purée de genêt qu’ils appliquent sur la plaie des animaux mordus, d’après CLAUSTRES G. et LEMOINE C., Les fleurs des landes, Rennes, 1978, p. 13.
[11] BEAUNE, « Costume et pouvoir… », p. 144.
[12] NICHOLS J. G., « On collars of the royal livery », The Gentleman’s magazine, 1842, I, p.157-161, II, p. 250 258, III, p. 378-379.
[13] WALDEN, Banners..., p.136.
[14] HERSART de la VILLEMARQUE, Chants populaires…, p. 200.
[15] Paris, BnF, Ms. Fr. 8266.
[16] BEAUNE, « Costume et pouvoir… », p. 134-135.
[17] RAVEL D., L’oeuvre Royale de Charles VI, symbolique, Alchimie et Mystère royal, Paris, 1984.
[18] A propos du débat sur cette date voir GORDON, Making and Meaning…, p. 64, note 57.
[19] Compte de Charles Poupart, argentier du roi, de 1396 (registre de la Chambre des comptes, Paris, BN, Ms. Fr. 20684, f°467 à 478), rapporté par le Père Hélyot, Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, Paris, 1714-1719, VIII, p. 278.
[20] MIROT, « Un trousseau royal à la fin du XIVe siècle », p. 141.
[21] « un colier d’or en façon d’un cercle, garni de quatre cosses de fin or pendens, esmaillés de vert et de blanc... », ROMAN, « Inventaires… », p. 77-314.
[22] Cité dans Das Goldene Rössl, ein, p. 210, d’après GANS S., 135 (III), Abb. 83 b.,
[23] « une chayne d’or esmaillé de fleurs et de cosses de genestes à pluseurs sonettes pendans et à un fermail d’un tigre », DAVID, Philippe le Hardi…, p. 61.
[24] « une longue chayenne a chayennons bellens a iij fil plat tors et a feuilles de sa devise, ou est escrit James, et plumes de paon et de cosses de genest », LEBER, Collection des meilleurs dissertations…, p. 195 et suiv., Compte de Regnauld Doriac pour le paiement des obsèques de Charles VI, 1422, Objets trouvés au Louvre.
[25] Cette distribution serait intervenue lors des joutes de Smithfield. Cité par LONDON, Royal Beasts…, d’après Beltz citant le Ms. Cotton Ms. Tiberius C. ix, f°25.
[26] ROMAN, « Inventaires… », p. 77-314, année 1394, article 121 : « item pour II gosses (cosses de genêt) pour un colier d’or qui pendent au bout d’icellui et sont esmaillées l’une de blanc et l’autre de vert....item pour deux gosses plattes qui estoient cheuttes dudit colier, et une chaène à pendre la cheville qui ferme ledit collier et II viretons qui ont esté faiz tous neufs... ».
[27] DAVID, Philippe le Hardi…, p. 61, mai 1399.
[28] En 1414, Jean sans Peur met en gage à Douai un collier de son père Philippe le Hardi « un collier d’or de l’ordre de mon sire le Roy, de cosse de genêt, assis avec onze bons rubis, avec un large diamant, taillé en carré, avec huit bons saphirs et 62 larges perles de différentes grosseurs, et sur ledit collier douze chatons à la manière de roses, émaillées de blanc, et duquel pend plusieurs petites cosses de genêt et quatre S en façon de cosse ». Jean sans Peur possède lui aussi un collier combinant sa devise à celle du roi, tel qu’il est décrit vers 1430 : « un collier de la devise du roi, garni de huit larges saphirs, soixante deux perles et onze rabots, et d’un diamant, assis sur une petite croix pendante », cité dans LIGHTBOWN, Medieval Jewellery…, p. 268 et suiv.
[29] Parmi les colliers de Marguerite de Flandres en 1405 on trouve un collier de marguerites composé de liens alternant des moutons couchés sur un banc, et des rubis entourés de perles, avec pour pendants un mouton devant, une cosse de genêt derrière, un autre de M, de moutons et de cosses de genêt, un autre avec des petits pendants de cosses de genêt, des moutons et des Y en forme de cosses, LIGHTBOWN, Medieval Jewellery…, p. 268 et suiv., d’après DEHAISNES Chanoine C., Documents et extraits divers concernant l’histoire de l’art dans la Flandre, l’Artois et le Hainaut avant le XVe siècle, Lille, 1886, p. 861-862.
[30] Acte fait à Hartford en 1436 en la quatorzième année du règne d’Henri VI, Paris, BnF, Clairambault, 1308, f°15.
[31] D’autres fragments provenant sans doute du même ensemble sont conservés au Musée du Bargello à Florence.
[32] Lyon, Musée de Tissus historiques. Cette chape est sans doute à mettre en relation avec le peinture citée par Colette Beaune dans POUY F., Peinture et gravure représentant le roi Charles VI et les chevaliers de l’Espérance dans l’église des Carmes de Toulouse, Amiens, 1888 (BEAUNE, « Costume et pouvoir… », p. 143, note 1) et avec toutes les associations entre les devises du roi et celles du duc de Bourbon, nottament avec le genêt et la ceinture : DOUËT d’ARCQ, Nouveau recueil…, Argenterie du roi pour le terme de la saint Jean 1387, p. 8 à 319, « 2 longues houppelandes rouges avec branche de genêt sur la manche gauche et entremêlées deux ceintures marquées du mot ESPERANCE ».
[33] Salisbury and South Wiltshire Museum, cité dans GORDON, Making and Meaning…, p. 52.
[34] MURATORE, « Les origines de l’ordre du Collier de Savoie… ».
[35] GALBREATH et JEQUIER, Manuel du blason, p. 208, fig. 597.
[36] Le portrait peint vers 1400, perdu, a été reproduit au XVIIe siècle (Dijon, Musée des Beaux-arts inv. 3977). Il en susbsiste également un bas-relief d’albâtre (Dijon, Musée des Beaux-arts). Sur ces portraits le duc porte un large collier d’or avec en pendant dans son dos la Cosse de genêt.
[37] VILLELA-PETIT I., « un portrait de Wenceslas de Luxembourg, nouvelle occurrence de la cosse de genêt », RFHS, t. 71-72, 2002, p. 160-163.
[38] Poésies, Paris, BN, ms. Fr. 836, f°1, vers 1399 ; Le livre du Chemin de longue étude, Bruxelles, KBR., ms. 10983, f°1, vers ; et Londres, BL, Ms. Harley 4431, f°178 et 192, entre 1408 et 1415 ; L’Epistre Othéa, Paris, BN, Ms. Fr. 606, f°7, vers 1406-1408.
[39] Demandes à Charles VI, Paris, BN, Ms. fr. 23279, f°1 et f°5, vers 1409 ; et Genève, Bibl. Pub. et Univ., Ms. f. 165, f°4 et 7, vers 1412.
[40] Grandes chroniques de France, Berlin, Deutsche Staatsbibliothek, Phill. 1917, f°1, entre 1408 et 1415 ;
[41] Londres, BL, Ms. 1319, f°2.
[42] Livro de Arantos, Manchester, J. Rylands Lib., Ms. Lat. II8.
[43] GANZ, « Die Abzeichen des Ritterorden... », p. 135.
[44] Enéide de Virgile, Edimbourg, Edinburgh University Lib., Ms. 195 n° 3, f°65.
[45] 1° Charles, 1386-†1386 ; 2° Jeanne, 1388-†1390 ; 3° Isabelle, 1389-†1409, épouse Richard II d’Angleterre (†1399) puis Charles, duc d’Orléans ; 4° Jeanne, 1391-†1443, épouse Jean V, duc de Bretagne ; 5° Charles, 1392-†1401, Dauphin ; 6° Marie, 1393 †1438, religieuse à Poissy ; 7° Michelle, 1395-†1422, épouse Philippe le Bon, duc de Bourgogne ; 8° Louis, 1397-†1415, duc de Guyenne et Dauphin, épouse Marguerite de Bourgogne, fille de Jean sans Peur ; 9° Jean, 1398-†1417, duc de Touraine et Dauphin, épouse Jacqueline de Bavière-Hainaut ; 10° Catherine, 1401-†1438, épouse Henri V de Lancastre, roi d’Angleterre ; 11° Charles, 1403-†1461, comte de Ponthieu et Dauphin puis roi de France ; 12° Philippe, †1407.
[46] Epouse Richard II, roi d’Angleterre (†1399) et Charles, duc d’Orléans. Ses colliers à genêt sont cités dans MIROT, « Un trousseau royal à la fin du XIVe siècle », p. 141.
[47] Toute religieuse qu’elle soit, Marie maintient dans son couvent de Poissy un train princier. Le monastère conservera dans son trésor des étoffes et des bijoux ornés de la cosse de genêt. cf. GRANDEAU Y, « Les enfants de Charles VI », Bulletin Philologique et historique du comité des travaux scientifiques, Paris, 1969.
[48] Catherine, épouse Henri V de Lancastre, roi d’Angleterre (†1422), commande plusieurs colliers de son ordre à cosse et SS en 1436 voir : Paris, BN, Clairambault, 1308, f°15.
[49] GRANDEAU, « Les enfants de Charles VI », p. 829, cite un don de Charles VI à Michelle en 1398, « une chayne d’or de coste et de fleurs de genestes a plusieurs sonettes pendants et à ycelle pendant un fermail d’un tigre » (A. N, KK 41, f°173).
[50] En mai 1399 le roi fait faire pour son fils Louis de Guyenne « un collier d’or tout ront esmaillé de rouge cler a une branche de genestre d’or et les cosses et feuilles esmaillees de blant et de vert et le champ dudit collier poinconné de feuilles et en la fermeure dudit collier pend un fermail garny d’un balay trois troches de perles chascune de III perles et entre chascune troche I dyamant que le roy a fait faire pour monseigneur Loys de France… » (AN, KK 27, f°34), cité dans GRANDEAU, « Les enfants de Charles VI », p. 830.
[51] Voir par exemple ROMAN, « Inventaires… », p. 77-314, articles, 61, 109, 121, 150, 161, 384, 121, 6066, 6946, et LIGHTBOWN, Medieval Jewellery…, p. 288, cite, dans l’inventaire de Valentine Visconti en 1408, un collier à VVS alternant avec dix huis cosses de genêt, un autre de cosses vertes et blanches avec une broche de joyaux pendante à la quelle sont suspendues des cosses émaillées vertes et blanches.
[52] En 1401 Jean de Berry fait réaliser un collier à la façon d’une chaîne avec une table de diamant tenue par deux ours émaillés de noir et derrière deux cosses de genêt blanches et vertes. En 1416, l’orfèvre du duc Herman Rince, réalise pour Jean de Berry un collier chargé de petits ours blancs pour l’offrir à Sigismond, roi des Romains et un autre collier à ours avec un pendant d’un ours émaillé de noir et derrière deux cosses de genêt, cité dans LIGHTBOWN, Medieval Jewellery…, p. 288.
[53] DAVID, Philippe le Hardi…, p. 61, 63, 66, 85, 99, 146, 162.
[54] Les princes d’Anjou, Louis, roi de Sicile, et Charles, prince de Tarente, auraient reçu solennellement le collier de l’ordre à l’occasion de leur adoubement aux fêtes de Saint-Denis de 1389.
[55] MORANVILLE, Inventaire de Philippe le Bon…, p. 30, article 161 : « un autre colier d’or à dame fait de doubles cosses de geneste, les unes esmaillées de vert et les autres garnies de IIII perles, auquel pend une pareille double cosse de geneste en manière de fermail auquel a IIII plus grosses perles et ou milieu y a un balay dessus et I saphir dessoubz… » (collier appartenant à Catherine de Bourgogne, fiancée en 1410 à Louis d’Anjou, roi de Sicile, et renvoyée en 1413 à son père. N. d. A.)
[56] Le genêt en branches, en cosses ou en collier devenu devise personnelle de Richard II apparaît sur son vêtement sur le Diptyque Wilton et son gisant réalisé entre 1395 et 1399 (tombe de Richard II, Londres, abbaye de Westminster).
[57] PARAVICINI W., « Deutscher Adel und westeuropäische Kultur...“.
[58] DAVID, Philippe le Hardi…, p. 99.
[59] Ibid., p. 146 et 177.
[60] TOESCA, « More about… », p. 626 et note 16.
[61] LUZIO, La Corrispondenza familiare…, p. 133.
[62] MIROT, « Un trousseau royal à la fin du XIVe siècle », p. 139 et suiv, articles avec un décor du genêt : une couronne, une ceinture, trois colliers, une attache, un « chapel », un corset rouge et un corset noir, une houppelande rouge du modèle de la livrée faite à cette occasion, un pavillon, une chambre (tentures murales, ciel et courtines de lit, dossier), une « chambre à parer », un dais.
[63] MIROT, « Un trousseau royal à la fin du XIVe siècle », d’après l’ABSHF, 1881, vol. XVIII, p. 129.
[64] Londres, BL, ms. 1319, f°2
[65] Patentes par lesquelles le collier de l’ordre de la Cosse de Geneste est accordé à G. de Belleville, V. de Lichtereide et R. de Mauny, Paris, BnF, Ms. Fr. 3886, f°94.
[66] Voir VILLELA-PETIT, « un nouvelle occurrence… ».
[67] LIGHTBOWN, Medieval Jewellery…, p. 288
[68] Calendar of Patent Rolls 1405-1408 : 8 Henry IV. Westminster, Part I. december. Membrane 19.
[69] BN, Ms. Fr. 16166, f°103.
[70] Voir supra note 1221.
[71] BOULTON, The Knights…, p.430.
[72] Paris, BN, Ms. Fr. 3886, f°94 (1378 ou 1398 ?), f°94v° (1405) ; Paris, BN, Ms. Fr. 16166, f°103 (1412).
[73] Armorial de la cour amoureuse, Vienne, Archives d’Etat, Toison d’Or, Ms. 51, f°2v.
Autres illustrations
Bibliographie
HABLOT L., « L’ordre de la Cosse de genêt de Charles VI, la mise en scène d’une devise royale », Revue française d’héraldique et de sigillographie, t. 69, 2002, p. 132-148.
HABLOT L., « L’ordre de la Cosse de genêt et les colliers de livrée aux XIVe et XVe siècles », Ordres et distinctions. Bulletin de la Société des amis du musée national de la Légion d’Honneur et des ordres de chevalerie, décembre 2011, n° 14, p. 18-30.
HABLOT L., « « Pour contemplacion d’icelui », formes et fonctions de la délégation de la capacité d’octroi des ordres et devises dans les cours européennes XIVe-XVe siècles », Actes du colloque en hommage à Werner Paravicini, Relations, échanges, transferts en Europe dans les derniers siècles du Moyen Age, dir. J.-M. Moeglin, Paris, 2009, p. 427-442.
VILLELA-PETIT I., « un portrait de Wenceslas de Luxembourg, nouvelle occurrence de la cosse de genêt », RFHS, t. 71-72, 2002, p. 160-163.