devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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joug et ses courroies

Un joug d’attelage avec ses courroies dénouées parfois associé au noeud gordien et au mot TANTO MONTA

Période
1460-1520
Aires géographiques
Aragon, Sicile, Naples, Castille, Navarre
Personnage
Ferdinand le Catholique
Famille
Aragon
Devises associées
nœud gordien, joug et ses courroies
Mots associés
TANTO MONTA

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La devise du joug associée au mot TANTO MONTA  et à celle des flèches sur la façade de l’église de l’apôtre Saint-Jacques d’Orihuela (Alicante)

Un joug d’attelage avec ses courroies dénouées parfois associé au nœud gordien et au mot TANTO MONTA

Cette devise, parfois associée à celles du faisceau de flèches d’Isabelle la Catholique, au nœud gordien et à la grenade, se retrouve sur de nombreux supports[1].

La plupart des auteurs, en suivant Paul Jove dans son Dialogue des devises militaires et amoureuses (1516) attribuent la création de cette devise à l’humaniste Antonio de Nebrija. Faustino Menéndez Pidal suppose que la Concorde de Ségovie, qui définit les conditions de l’union des deux royaumes de Castille et d’Aragon en 1475 a permis d’arrêter les nouvelles armoiries souverains et leurs devises.

en el Cancionero de Pedro Marcuello (ca. 1482-1496)

L’association du mot TANTO MONTA et du nœud gordien tranché à la devise du joug invitent à y voir une allusion à l’épisode d’Alexandre tranchant le nœud tel que la rapporte Quinte Curce. L’oeuvre de cet auteur est précisément traduite en Castille en 1481 et Isabelle est connue pour en conserver un exemplaire dans sa bibliothèque. Par ailleurs ce choix identifie Ferdinand à Alexandre le Grand et traduit bien le contexte messianique de son règne.

Comme le souligne Álvaro Fernández de Córdova Miralles, l’adoption de cette devise se situe, comme l’indiquait Paul Jove, dans el contexte de la guerre de succession opposant Ferdinand à Alphonse de Portugal, réglée par la bataille de Toro (1er mars 1476). Les chroniqueurs Diego de Valera et Alonso de Palencia évoquent ce lien entre le vainqueur de Toro et la figure d’Alexandre, la devise du joug renvoyant aussi bien à la conquête de l’Asie par Alexandre et, implicitement à celle de Jérusalem par Ferdinand, qu’à la soumission des nobles castillans alliés à Alphonse de Portugal comme l’affirme Iñigo de Mendoza dans son fameux sermon Sermón trobado (…) sobre el yugo y las coyundas que su alteza trae por divisa, (c. 1475).

Cette devise pourrait encore évoquer de façon phonétique les initiales des prénoms des souverains, le joug, yugo, le Y d’Ysabelle, et les flèches, flechas, le F de Ferdinand.

Associées aux courroies d’attelage, le joug et les flèches portent peut-être un message politique, presque un rébus, complété par le mot TANTO MONTA = la fin (Guider le royaume comme les courroies servent à Guider l’attelage) justifie les moyens (le joug du labeur et de la servitude ou la flèche du châtiment).

 Ajoutées à la grenade, ces devises et ce mot indiquent bien à qui s’adresse ce programme politique : les Maures du royaume de Grenade qui tombera en 1492.

Le joug peut encore évoquer la réunion de la Castille et de l’Aragon et le mariage de Ferdinand et d’Isabelle à l’image des deux bœufs unis dans une même tâche. Les courroies, comme les liens qui unissent le faisceau de flèches, recouvrent la même idée d’alliance.

Enfin la thématique scripturaire du joug peut également avoir inspiré cette figure

En 1473, Ferdinand possédait un collier composé de flèches tandis que sa femme Isabelle avait fait ajouter en 1453 des jougs émaillés de blanc et de rouge sur un de ses colliers[2].

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Notes

  1. Livre d’Heures de Jeanne la Folle, Chantilly, musée Condé, 1488-1504.
  2.  LIGHTBOWN, Medieval Jewellery…, p. 280 et suiv,

Bibliographie

LOPEZ POZA S. , « Empresas o divisas de Isabel de Castilla y Fernando de Aragón (los Reyes Católicos) », Janus 1 (2012), p. 1-38.

Aguado Bleyne P., “Tanto Monta. La Concordia de Segovia y la Empresa de Fernando el Católico”, Estudios Segovianos, I, 1949, p. 381-389.

Montaner A., “La emblemática de los Reyes Católicos: un error de interpretación histórica”, Universidad (de Zaragoza), 7, 1982, p. 24 et suiv.

gonzález iglesias J-A, “El humanista y los príncipes: Antonio de Nebrija, inventor de las empresas heráldicas de los Reyes Católicos”, en Antonio de Nebrija: Edad Media y Renacimiento, ed. C. Codoñer y J-A. González Iglesias, Salamanca, 1994, p. 59-76.

Gil J. “Los emblemas de los Reyes Católicos”, en Humanismo y pervivencia del mundo clásico: homenaje al profesor Luis Gil, eds. José María Maestre Maestre, Joaquín Pascual Barea, Luis Charlo Brea, Simposio sobre Humanismo y Pervivencia del Mundo Clásico, Cádiz, 1997, p. 385-398.

Menéndez Pidal F., “El escudo”, en Símbolos de España, Madrid, Centro de Estudios Políticos y Constitucionales, 2000, p. 175 et suiv.

Et Heraldica de la Casa real de leon y de Castilla (siglo XII-XVI), Madrid, 2011.

Mingote Calderón J. L., “Los orígenes del yugo como divisa de Fernando el Católico, Zaragoza: Institución Fernando el Católico, 2005.

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