devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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Colombe

La colombe du Saint-Esprit dans des rais de soleil

Période
1370-1390
Aires géographiques
Espagne-Castille
Personnage
Jean Ier de Castille
Famille
Castille-Trastamare
Devises associées
colombe

1390-1390†

La colombe du Saint-Esprit dans des rais de soleil

Le 25 juillet, jour de la Saint-Jacques, 1390, Jean Ier proclama l’adoption de deux nouvelles devises, un collier de rais de soleil duquel pend une colombe représentant le saint Esprit qui serait distribué aux chevaliers de sa maison qui suivraient certaines conditions consignées dans des statuts, et une rose, pour les écuyers de sa maison[1]. Comme le précise Alvaro de Cordova Miralles[2], cette fondation s’inscrit dans un contexte général de rénovation spirituelle et chevaleresque du royaume de Castille à l’issue des défaites contre le Portugal[3]. M. Boulton, montre par ailleurs que l’apparition de ces nouvelles devises atteste du fait que la Bande ne remplit plus son rôle de marque de fidélité et de faveur à moins qu’il n’existe une graduation entre ces différentes devises, à l’exemple du modèle anglais. La distinction entre chevaliers et écuyers souligne la volonté du souverain de rénover la chevalerie de son royaume et A. de Cordova suggère la permanence d’une noblesse liée par des liens vassaliques et désignée par l’ordre de la Bande et le développement d’une noblesse de service distinguée par les devises de la rose et du Saint-Esprit.

 On ne saurait oublier la possible influence, au moins symbolique et politique, de l’ordre napolitain du Nœud dont le pendant est également constitué de la colombe du Saint-Esprit, principale figure théologico-politique de l’ordre[4]. A de Cordova rappelle en outre la diffusion contemporaine du culte au saint Esprit porté notamment par l’ordre franciscain.

Cette mise en forme de la devise royale semble faire école dans la péninsule puisque la collier Navarrais du Lévrier Blanc apparaît en 1391 et celui de la Couronne double d’Aragon en 1392. On ne connaît d’ailleurs pas de représentation contemporaine de l’ordre du Saint-Esprit. M. Boulton en propose une reconstitution[5]. Certains auteurs soutiennent que les successeurs de Jean Ier, notamment Henri III après 1399, auraient maintenu l’usage de ces devises jusque vers 1470, ce que confirme l’apparition sur des monuments funéraires de chevaliers pèlerins allemands de colliers d’un autre type avec pour pendant la colombe[6]. Le collier tardif est relativement différent puisque les soleils ou rayons de soleils laissent place à des nuages, ce qui n’est pas sans signification, et que d’autres emblèmes se surajoutent au premier collier, notamment un lion et une croix. Mais rien n’assure qu’il s’agisse bien de la même devise.

Notes

  1. “é el día de Santiago en la Iglesia mayor de la dicha ciudad dixo el Rey públicamente, que él avía ordenado de traer una devisa, la qual luego mostró allí, que era como un collar fecho como rayos de sol, e estaba en el dicho collar una paloma blanca, que era representación de la gracia del Espíritu Santo, e mostró un libro de ciertas condiciones que avía de aver el que aquel collar troxiese; e tomó el rey aquel collar de sobre el altar, e dióle a ciertos caballeros suyos. Otrosí fizo otra devisa que traían escuderos suyos, que decían la Rosa, é los que querían provar los cuerpos justando, o en otra manera, la traian. E por quanto á pocos días después desto finó el rey, non se troxieron más aquellas devisas, é non fablaron dello. Pero todo esto fizo con muy buen entención que, é si la voluntad de Dios fuera que él viviera, su voluntad era de facer muchas buenas ordenanzas”, Suárez Fernandez, L., Historia del reinado de Juan I, ob. cit., vol. I, pp. 370, 389 y 414; Id., Juan I de Trastámara: 1379-1390, Palencia, 1994, cap. XVIII de 1390; FernãoLopes reproduce la misma información en Lopes, Fernão, Chronica de El-Rei D. João, vol. IV, Lisboa, 1897-1898, cap. CXLII, pp. 66.
  2.  Sur le sujet voir de Córdova Miralles Á. F., « Bajo el signo de Aljubarrota:la parábola emblemática y caballeresca de Juan I de Castilla (1379-90) » (à paraître)
  3. de Córdova Miralles Á. F., « Bajo el signo de Aljubarrota:la parábola emblemática y caballeresca de Juan I de Castilla (1379-90) » (à paraître)
  4.  sur le sujet voir BOCK N., « Enluminure, cérémonial et idéologie monarchique au xive siècle », Art, Cérémonial et liturgie au Moyen Age, Actes du Colloque de 3e cycle Romand de Lettres (Lausanne-Fribourg, 14-15 avril; 12-13 mai 2000), Bock N., Kurmann P., Romano S. dir., Rome, 2002, p. 415-452.
  5.  BOULTON, The Knights, p. 328, fig. 12.1.
  6.  GANZ, « Die Abzeichen des Ritterorden im Mittelalter », p. 60, 61, fig. 57a, b, c, et NEUBECKER, Le grand livre de l’héraldique..., p. 215 et 218.

Bibliographie

Suárez Fernández L., Historia del reinado de Juan I de Castilla. Estudio y documentos, vols. I-II, Madrid, 1977-1982 ; Id., Juan I de Trastámara: 1379-1390, Burgos, 1994

Olivera Serrano C., “ La Península bajo los primeros Trastámara (1350-1406)”, e-Humanista. Journal of Iberian Studies. Peer-reviewed electronic journal, 10 (2008), pp. 1-30.

Suárez Fernández L., Monarquía hispana y revolución Trastámara, Madrid, 1994.

Valdeón Baruque J., Los Trastámara. El triunfo de una dinastía bastarda, Madrid, 2001.

de Córdova Miralles Á. F., « Bajo el signo de Aljubarrota:la parábola emblemática y caballeresca de Juan I de Castilla (1379-90) » (à paraître)

BOULTON d’A. J. D., The Knights in the Crown: The Monarchical Orders of Knighthood in Late Medieval Europe, 1326–1520, 2nde ed., St. Martin’s, 2000, p. 46-49.

Menéndez Pidal F., Heraldica de la Casa real de leon y de Castilla (siglo XII-XVI), Madrid, 2011, p. 242-248

García Díaz, I., « La orden de la Banda », Archivum Historicum Societatis Iesu, 60 (1991), p. 29–89

Ceballos-Escalera y Gila A. de, La orden y divisa de la Banda Real de Castilla, Madrid, 1993, p. 93-95

Rodríguez Velasco J. D., Ciudadanía, soberanía monárquica y caballería. Poética del orden de caballería, Madrid, 2009

Menéndez Pidal F., « Algunos datos sobre la Orden de la Banda », Armas e Troféus, 2ª serie, año V (1964) (sin paginar).

Autres devises pour Jean Ier de Castille

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