devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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PRO BANDA

Le mot PRO BANDA (“digne d’estime”) associé à une hermine au naturel

Période
1440-1500
Aires géographiques
Sicile, Naples
Personnage
Ferdinand Ier de Naples
Famille
Aragon-Naples
Devises associées
hermine
Mots associés
PRO BANDA

Image1

La devise de l’hermine associée au mot PRO BANDA dans les marges du Objurgatio in calumniatorem Platonis d’Andreas Contrarius, Paris, BNF Ms. Lat. 12947, fol. 3, vers 1470

1465 1494†

le mot PRO BANDA (« digne d’estime ») associé à un hermine

Pendant de l’ordre de l’hermine dont le collier est composé des devises du roi Ferdinand : mont de diamants, chaire enflammée, souche à deux rejets.

Bien que légitimement reconnu en 1442 par le Parlement de Naples comme héritier de son père Alphonse V, Ferdinand, à peine sur le trône, doit faire face à de nombreux problèmes : refus de reconnaissance du pape Calixte III, tentatives de son cousin Charles, prince de Viane, fils du roi d’Aragon et de Navarre Jean II, frère d’Alphonse V, pour s’emparer du royaume de Naples en 1458. Puis, enfin reconnu par le successeur de Calixte III, Pie II, Ferdinand doit s’opposer aux tentatives de conquête de Jean d’Anjou, duc titulaire de Calabre, fils du roi René, dont les troupes débarquent en 1459 à l’appel d’une partie des barons du royaume. Naples est alors déchirée par une guerre civile qui tourne en faveur de Ferdinand, soutenu par Alexandre Sforza de Pesaro, frère du duc de Milan, Côme de Médicis et Frédéric de Montefeltro, après la bataille de Troia en 1462. En 1464, les Angevins sont définitivement chassés du royaume. Ferdinand Ier profite de cette reconquête pour instituer un ordre de chevalerie qui lui permettra de fidéliser la haute noblesse dont une large partie lui avait fait défection durant la guerre civile.

 Le 29 septembre 1465, jour de la Saint-Michel, le roi proclame la création de l’ordre de l’Hermine largement inspiré par la Jarretière à laquelle Ferdinand appartenait depuis 1461 ou 1463 et par la Toison d’Or, mais sans aucun lien avec l’ordre breton du même nom. Ce collier est principalement distribué aux membres de la cour napolitaine et à quelques grands seigneurs italiens mais aussi à quelques princes étrangers[1].

 Le collier de l’ordre, connu par plusieurs documents[2], se compose selon les statuts de maillons alternés figurant des souches avec deux rejets, de chaires en feu et pour pendant d’une hermine s’appuyant sur un listel chargé du mot DECORUM « bienséance ». Sur certains exemples d’autres devises du prince sont ajoutées au collier, notamment le mont de diamants et le livre ouvert.

L’hermine semble aussi avoir été utilisée comme devise personnelle par Ferdinand Ier et ses successeurs et se retrouve sur plusieurs documents associés au roi de Naples accompagnée du mot DECORUM, qui semble avoir été plutôt la devise de l’ordre, ou du mot PRO BANDA, qui semble avoir été le mot personnel de Ferdinand[3]. Le sens de l’hermine est expliqué par les statuts de l’ordre. Par le choix de cette figure qui symbolise la pureté, Ferdinand invite ses compagnons à ne faire que ce qui est décent, juste et honnête.

 Cette figure se retrouve déjà bien sûr dans l’ordre de l’Hermine fondé par le duc de Bretagne Jean IV en 1381 mais à la fin du XVe siècle, elle appartenait au fond commun des emblèmes allégoriques, symbolisant d’après les bestiaires à la suite de Pline, la pureté. Elle apparaît au revers d’une médaille frappée en 1447 par Pisanello pour l’érudit Belloto Cumano. Fréderic de Montefeltre, qui avait reçu de Ferdinand Ier l’ordre de l’Hermine, intègrera cette figure dans sa propre emblématique avec le mot NON MAI.

 On la trouve également sur un célèbre tableau de Léonard de Vinci daté de 1483 qui pourrait être un portrait de Cecilia Gallerani, maîtresse de Ludovic le More[4]. Contrairement à ce que prétendent certains auteurs, Ludovic le More n’utilisait pas l’hermine comme devise, en revanche la présence de cet animal emblématique dans les bras de sa maîtresse pourrait être soit une allusion au nom Grec de l’hermine qui constitue un jeu de mot sur le prénom Cecilia, soit une allusion aux liens qui unissaient le duc de Milan au roi de Naples.

Notes

  1.  Une lettre du 3 octobre 1474 de Galeotto Carrafa, représentant du marquis de Mantua à la cour de Naples décrit le voyage de Frédéric, second fils de Ferdinand à la cour de Charles le Téméraire : « le dit illustre seigneur portait l’enpresa del lo Armellino, fondé par sa majesté le roi notre sire, et l’apporta au duc de Bourgogne parce que le duc lui avait envoyé sa propre (devise), celle de la Toison, à la dite majesté par un de ses frères bâtard.. » d’après BOULTON, The Knights, p. 404. Cet échange de colliers marque un renversement d’alliance et une stratégie matrimoniale. Ferdinand passe de l’alliance française à l’alliance bourguignonne et espère le mariage de son fils Frédéric avec l’héritière du duché de Bourgogne, Marie. Frédéric épousera finalement Anne de Savoie en 1478. Cité dans MURRAY KENDALL, Louis XI, p. 399.
  2.  Il figure, entourant des armoiries, sur un manuscrit des Triomphes de Pétrarque (Madrid, Biblioteca Nacional, Ms. Vit. 22-1, f° 166v°, 1474-1482) et sur un autre de la Divine Comédie réalisés pour Frédéric de Montefeltre, duc d’Urbin, et sur un portrait du duc avec son fils conservé au Palais ducal d’Urbin, sur le buste de bronze de Ferdinand conservé dans l’Eglise de Monteoliveto à Naples.
  3.  Sur la porte de l’arche triomphale du Castel Nuovo de Naples, en marge de manuscrits réalisés pour Ferdinand, cité dans BOULTON, The Knights, p. 424, 425. Voir aussi ses monnaies dans le catalogue de l’exposition Utriusque Siciliae, 30 mai 2000, Pavie, 2000, monnaies n° 195 et 196
  4.  WITTKOWER, La Migration…, p. 61.

Bibliographie

BOULTON d’A. J. D., The Knights in the Crown: The Monarchical Orders of Knighthood in Late Medieval Europe, 1326–1520, 2nde ed., St. Martin’s, 2000

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