devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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palmier

Un palmier florissant ou une palme parfois associés au mot IVSTVS VT PALMA FLOREBIT

Période
1460-1500
Aires géographiques
Portugal
Personnage
Jean II de Portugal
Famille
Portugal
Devises associées
pélican et sa piété, palmier
Lettres associées
Y couronné
Couleurs associées
vert/violet

Image1

La devise du palmier associée à celle du pélican et au mot IUSTUS UT PALMA FLOREBIT interprétée par l’atelier Della Robia vers 1495

v. 1480 ?-†1495

Un palmier (arbre, palmes et fruits) ou un rameau de palme, associé au mot IVSTUS VT PALMA FLOREBIT

La devise du palmier est attestée dans l’enluminure du Livro dos Copos de 1482[1]: on remarquera que Jean II est placé sous un palmier, dont le tronc est formé par l’épée tenue par le roi ; les feuilles et les fruits du palmier forment une espèce de dais qui surplombe la lettre O, dans laquelle est inscrit le nom de Dieu de l’invocation initiale du document (« em nome de deos »). Le même végétal se retrouve aussi sur l’anneau sigillaire du roi  : celui-ci y est représenté vêtu d’une toge et couronné, tenant en sa main droite un soleil et en sa main gauche un rameau de palme. Quant au mot, on le retrouve sur l’une des monnaies émises en 1485, le justo : une légende identique encadre l’image du roi en majesté, associant donc la dignité ou l’office royal à l’exercice suprême de la justice. Cette emblématique, associée à la devise du pélican, figure également sur le superbe médaillon Della Robbia commandé par la reine-veuve Leonor pour l’église de la Mère de Dieu, à Lisbonne : le nid est posé sur un palmier fleuri et fruité auquel est attachée une phylactère portant la légende «ivstvs . vt. palma . florebit . et».

Comme l’a démontré Miguel de Seixas, la figure du palmier fonctionne en association avec celle du pélican associées à leurs deux mots. Ces deux éléments sont commentés dans un ouvrage consultable par Jean II et son conseil, le Livro das Aves (livre des oiseaux)[2]. Ce texte, est très prolixe sur le palmier dont la riche symbolique est bien connue par ailleurs[3] :

  • Sur le thème « Je multiplierai mes jours, comme le palmier » (Job 29, 18), l’auteur trace un parallèle entre le palmier qui pousse toujours droit, tous les jours, et le juste, qui par sa maintenance du droit chemin peut obtenir le Royaume des Cieux [4];

  • Sur « Ta stature ressemble à celle du palmier »(Cantique des Cantiques, 7, 7), il commente que la stature du juste ressemble au palmier : petit et humble en soi, grand et sublime au devant de Dieu, concluant que « ce palmier auquel ressemble le juste, c’est le Christ »[5];

  • Sur « Le juste fleurira comme le palmier », il met en relation le juste avec les trois vertus théologales, car celui-ci « s’enracine dans la foi, croît dans l’espérance, se fortifie par la charité »[6];

  • Finalement, sur « Je grimperai sur le palmier et je cueillerai ses fruits » (Cantique des Cantiques, 7, 8), il commente que le palmier représente le chemin difficile mais qui est aussi le seul qui conduit au Salut; dans ce sens, « le palmier est le Christ, fruit du Salut »; puis il insiste : « L’espoir du Salut est dans le bois de la croix […] La palme orne la main du vainqueur, et le juste, procédant selon le bien, a dans sa main la palme de la victoire »[7].

Ainsi, le Livro das Aves nous fournit de façon évidente toutes les clés pour une compréhension des divers éléments de la devise de Jean II. Il nous permet de comprendre les liens qui pouvaient alors être établis entre le pélican et le palmier comme symboles du chemin que le juste devait parcourir pour arriver au Christ. D’où le choix du mot « Por tva lei e por tva grei » : il ne peut y avoir de salut que par la loi du Christ et au sein de Son peuple. La notion de justice, essence même du pouvoir royal par délégation divine, est donc au centre de toute cette construction symbolique (Seixas).

Cette devise du palmier est partagée par plusieurs princes contemporains.

Notes

  1.  Ce document est le livre de procès-verbal de la première assemblée de Cortes de ce règne, convoquée en 1482, et qui se constitua comme instrument de renforcement du pouvoir royal vis-à-vis des grands seigneurs ecclésiastiques et laïcs : Livro das cortes primeiras feitas per ho muy alto e muy poderoso Senhor El rey Dom Joham segundo per graça de Deus Rey de Portugal e dos Algarves d’aquem e d’alem mar em Africa, Arquivo Nacional da Torre do Tombo, Cortes, m. 3, n.º 5. Cf. Luzes e Sombras em D. João II…, p. 21 (n.º 8).
  2.  Livro das Aves (édition de Maria Isabel Rebelo Gonçalves), Lisboa: Edições Colibri, 1999, p. 32.
  3.  Voir à ce sujet CORDONNIER R. et  VAN DEN ABEELE B., « Un palmier, sept fleurs et sept oiseaux : La 'Palma Contemplationis' et ses témoins illustrés », Reinardus, Yearbook of the International Reynard Society, 2010-2011, 23, p. 65-103.
  4.  Ibidem, p. 85 (cap. XXIII).
  5.  Ibidem, p. 85-87 (cap. XXIV).
  6.  Ibidem, p. 85-87 (cap. XXIV).
  7.  Ibidem, p. 87 (cap. XXV).

Bibliographie

METELO de SEIXAS M., « Art et héraldique au service de la représentation du pouvoir sous Jean II de Portugal (1481- 1495) », Actes du colloque de Pise-Florence, Arme segreta, dir. M. Donato et alii, à paraître.

METELO deSeixas M., « As armas e a empresa do rei D. João II. Subsídios para o estudo da heráldica e da emblemática nas artes decorativas portuguesas »,  Mayer Godinho Mendonça I. et Correia A. P. éd., As Artes Decorativas e a Expansão Portuguesa. Imaginário e Viagem. Lisbonne, Fundação Ricardo Espírito Santo Silva / Centro Cultural e Científico de Macau / Escola Superior de Artes Decorativas, 2010, p. 46-82.

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