D B
les lettres D (avec tilde) et B couronné
- Période
- 1354-1385
- Aires géographiques
- Italie, Lombardie
- Personnage
- Barnabé Visconti
- Famille
- Visconti
Ce chiffre est composé par les initiales D, pour Dominus, et B, pour Bernabos.
L’utilisation de lettres constitue un élément courant dans l’emblématique seigneuriale et puis aristocratique italienne dès la première moitié du XIVe siècle. Parfois utilisées d’une façon autonome, mais le plus souvent associées voir intégrés aux armes familiales et, peu plus tard, aux devises, les chiffres permettaient d'attribuer un emblème familial à un individu spécifique au sein d’un lignage. Il s’agissait, de toute évidence, d’une question d’extrême importance dans l'emblématique de familles seigneuriales qui, dans un pays comme l’Italie, n’avaient pas développé de véritable système de brisures. La conservation de l’armoirie manifestait la continuité de la transmission du pouvoir, tandis que les éléments externes à l’écu isolaient la figure de leur porteur, à savoir le prince en charge.
Les Visconti recourent à ce système depuis au moins l’époque de Jean et Luchino Visconti qui, en se partageant le pouvoir sur l’état milanais, avaient clairement la nécessité de marquer leur présence symbolique individuelle dans les lieux et sur les objets qui exprimaient leur domination (voir, par exemple, le relief sur la façade de l’archevêché de Milan ou les peintures dans le palais de la Commune de Crémone et sur la tour publique de Bergame)[1]. En revanche, c’est à l’époque de la co-seigneurie de Galéas et Barnabé que l’utilisation des chiffres devient stable dans l’emblématique des Visconti. Dans les monnaies frappées pendant leur règne commun par exemple, les armes familiales ou les devises personnelles sont ainsi accostées, respectivement, par les lettres GZ de Galèas ou DB du Dominus Bernabos, mais aussi par les initiales BG, s’il s’agissait d’une émission conjointe des deux seigneurs[2]. Le chiffre de Barnabé est souvent reproduit sur les œuvres qu’il commandita pendant sa seigneurie, comme l’on voit dans le monument équestre jadis dans l’église de San Giovanni in Conca, aujourd’hui aux Musées du Castello Sforzesco[3]
et dans certaines pièces d'orfèvrerie (voir la série de petits écus émaillés conservés à Milan et à Crémone)[4].
ILLUSTRATIONS
Fiorino de Bernabé Visconti, 1354-1385.
Bonino da Campione, Monument équestre de Barnabé Visconti (1355-63 et 1385), détail de la dévise de Barnabé accompagnée par le chiffre D B. Milan, Musei del Castello Sforzesco (provenant de l’église de San Giovanni in Conca) (cl. Vergani 2001).
Armoirie de Barnabé Visconti accompagnée par le chiffre D B (sur le volet du heaume, le mot SOVERAIN. Crémone, chapitre de la cathédrale (cl. Venturelli 2011, image inversée).
Armoirie Visconti surmontée d’une aigle avec chiffre B G. Grosso dit pegione de Barnabé et Galéas Visconti, 1354-1378
Notes
- ↑ FERRARI M., « Araldica pubblica e privata nei palazzi pubblici di Lombardia (XIII-XIV secolo) », L’arme segreta. Araldica e storia dell’arte nel Medioevo (secoli XIII-XV), Id., sous presse.
- ↑ CRIPPA C., Le monete di Milano dai Visconti agli Sforza dal 1329 al 1535, Milan, 1986, p. 49 et ss.
- ↑ VENTURELLI P., « notice 2 » (« Scudetti di Bernabò Visconti »), Oro dai Visconti agli Sforza. Smalti e oreficerie nel Ducato di Milano, catalogue de l’exposition (Milano 2011-2012), Ead., Cinisello Balsamo, 2011 et EAD., Esmailée à la façon de Milan. Smalti nel Ducato di Milano da Bernabò Visconti a Ludovico il Moro, Venice, 2008.
- ↑ VENTURELLI P., « notice 2 » (« Scudetti di Bernabò Visconti »), Oro dai Visconti agli Sforza. Smalti e oreficerie nel Ducato di Milano, catalogue de l’exposition (Milano 2011-2012), Ead., Cinisello Balsamo, 2011 et EAD., Esmailée à la façon de Milan. Smalti nel Ducato di Milano da Bernabò Visconti a Ludovico il Moro, Venice, 2008.
Bibliographie
CRIPPA C., Le monete di Milano dai Visconti agli Sforza dal 1329 al 1535, Milan, 1986.