devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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mouron

une fleur de mouron avec sa tige, ses feuilles et ses graines

Période
1380-1440
Aires géographiques
France
Personnage
Isabeau de Bavière
Famille
Wittelsbach
Devises associées
mouron

La branche de mouron d’Isabeau de Bavière dans son exemplaire des Œuvres de Christine de Pizan (Londres, Londres, BL, Ms. Harley 4431, f°3., vers 1411-1412)

Une fleur de mouron avec sa tige, ses feuilles et ses graines

La devise assurée de la reine est mentionnée à partir des années 1388. Il s’agit de la fleur de mouron. Plusieurs auteurs comme Vallet de Viriville, Marcel Thibaut ou Yann Grandeau l’ont relevé et citent quelques documents qui l’attestent : chambre, colliers, ceintures, corsets, etc[1]. Cette devise se retrouve sur une mention de fermoir d’un livre de la reine et Vallet de Virville l’utilise pour attribuer à la reine un manuscrit qui a conservé sa reliure brodée de branches de mouron[2]. La fleur de mouron figure également dans le décor marginal d’un manuscrit des Oeuvres de Christine de Pizan peint pour la reine par le Maître de la Cité des Dames vers 1411[3]. Cette devise est fréquemment associée au genêt comme nous le constatons chez sa fille Isabelle (voir ce personnage) dont le trousseau est composé d’articles mêlant ces deux végétaux.

 Certains auteurs ont rapproché le mouron, également nommé mouron des oiseaux en botanique[4], du goût de la reine pour les volatiles[5]. Cette devise établit peut-être un lien avec la devise de l’hirondelle employée par Charles VI entre 1392 et 1406. On sait que Louis d’Orléans adoptera à cette période la devise du nid (voir ce personnage), probablement pour exprimer sa volonté d’être un « refuge » pour son frère malade. On peut imaginer qu’Isabeau de Bavière ait retenu une plante nutritive appréciée des oiseaux pour soutenir la même idée.

On n’est pourtant guère étonné de lire que les traités de plantes médiévaux attribuent au mouron des vertus contre le Mal et le venin des morsures du serpent, comme le cerf et le genêt[6].

La reliure à fleurs de mouron ? des Heures dites d’Isabeau de Bavière (Paris, BnF, Ms. Lat 1403)

Le folio emblématisé de l’ exemplaire des Œuvres de Christine de Pizan de la reine où figurent son portrait, ses armes et sa devise (Londres, Londres, BL, Ms. Harley 4431, f°3., vers 1411-1412)

Notes

  1.  VALLET de VIRIVILLE, Isabeau de Bavière…,p.33 ; THIBAULT, Isabeau de Bavière : Toilettes de la reine aux fêtes de l’entrée à Paris et du sacre 22-27 août 1389. AN KK 20, f°101-165, Joyaux : « A Jehan du Vivier, orfèvre...pour avoir fait et forgié XL boutons d’or faiz et ouvrez en manière de fleut et foeille de mouron esmaillez, c’est assavoir la moitié de vert et l’autre moitié d’or, à une fleur bleue... pour asseoir sur un corset de broderie pour ladicte dame, pour ladicte feste de sa venue à Paris » ; GRANDEAU, « Les enfants de Charles VI », p. 809 à 849 : « Les salles étaient meublées de dressoirs…, de chaises « paintes de fines couleurs a la devise du Roy et de la Royne, garnies de cordouan vermeil escorchié à genestres et a moron et de franges de soyes de plusieurs couleurs » (AN, KK 41, f°66v° et 181v°, KK 42, f°46), la reine fait cadeau à un de ses enfants d’une ceinture dor « a cloux faiz en façon de fleurs et feuilles de moron ou pendent en chacun clou III y grégeois » (AN, KK 22, f°122).
  2.  VALLET de VIRIVILLE A., La bibliothèque d’Isabeau de Bavière, Paris, 1858, p. 22 : « A Huguelin Arrode, brodeur… pour avoir fait et brodé pour les Heures d’icelle dame, cent quarante tiges de moron à la devise de la dicte dame… (1399) ». Selon lui le Paris, BN, Ms. Lat. I403, encore paré d’une couverture brodée de fleurs de mouron aurait appartenu à la reine. Cette attribution a été nuancée par les auteurs comme le souligne la notice relative au manuscrit sur Gallica : « Se référant aux deux inscriptions du verso du plat supérieur, dont l’une signée de l’érudit Jean Ballesdens, Vallet de Viriville a identifié l’ouvrage comme ayant appartenu à la reine Isabeau de Bavière : « Hic liber creditur fuisse illustrissime Elisabethe Bavare Caroli sexti regis Francie uxori », et « Le lieu d’où je l’ay eu justifie qu’il a esté a ceste bonne reyne et qu’elle ne s’en est pas beaucoup servi. Ballesdens » (écriture du XVIIe s.). : cf. Vallet de Viriville, dans Bulletin du Bibliophile, 1858, p. 663-687, et 826-835. Pour l’auteur, la fleur brodée sur la soie de la couverture serait la fleur de mouron, emblème de la reine, qui possédait deux autres livres d’heures ainsi recouverts : les comptes de l’Argenterie mentionnent, en 1398, le paiement de 12 livres à Huguenin Arrode, brodeur de la reine, pour avoir brodé cent quarante tiges de mouron sur une chemise de velours noir destinée aux Heures d’Isabeau de Bavière (Arch. nat., KK 41, f. 219v, cité dans Les livres de broderie…, cat. 4). Le même Arrode avait brodé en 1388 un livre d’Heures aux armes de la reine, brodé de perles (cf. Arch. nat. KK 19, f. 70v ; cité ibid.). Si le manuscrit était bien destiné à une femme, comme en témoignent les formules rédigées au féminin dans le « Confiteor » et la prière « O intermerata » (f. 171), ainsi que le cycle iconographique de l’Office de la Vierge semblable à celui des Heures de Jeanne d’Evreux, rien, cependant, ne permet de vérifier cette hypothèse. Pour les différents auteurs, la dame représentée auprès de la Vierge dans la peinture du f. 15 ne porte aucun attribut royal et rien n’indique qu’il s’agit d’une reine de France. Par ailleurs, la couverture semble plutôt être brodée de fleurs d’églantine que de mouron : cf. Fastes du gothique…, p. 352, cat. 307, et Paris 1400 …, p. 207, cat. 119. Le manuscrit n’a pu être identifié parmi les Livres d’heures répertoriés dans les inventaires de la Librairie du Louvre entre 1411 et 1424 : inv. de 1411 (Français 2700, inv. C et D) ; inv. de 1413 (Français 9430, inv. E); prisée de 1424 (Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 964, inv. F). Comme l’indique la mention inscrite au verso du plat supérieur évoquée ci-dessus, le manuscrit faisait partie, au XVIIe siècle de la bibliothèque de Jean Ballesdens (1595-1675), avocat au Parlement de Paris, secrétaire du chancelier Séguier et bibliophile. Il entra à une date indéterminée dans les collectons de Jean-Baptiste Colbert, ainsi que l’atteste la cote figurant au f. 1 : cf. Catalogus codicum Colbertinorum, BnF., NAL 1196, f. 320. Cotes inscrites au f. 1 : « Cod. Colbertinus 6575
  3.  Londres, BL, Ms. Harley 4431, f°3., vers 1411-1412.
  4.  La fleur de mouron appartient à la famille des Stellaire qui contient de nombreuses variantes. La fleur représentée dans le manuscrit d’Isabeau de Bavière ressemble d’avantage à la Stellaria graminea qu’à la Stellaria media dite mouron des oiseaux et dont les graines sont effectivement recherchées par les oiseaux et qui contient des saponines à application médicinale. Sur cette fleur voir AICHELE D., Quelle est donc cette fleur, Paris, 1997, p. 28.
  5.  VALLET de VIRIVILLE, Isabeau de Bavière…, p. 32.
  6. Hortus sanitatis, New York, Pierpont Morgan lib. « Qui sur soi le porte jour comme nuit / sera délivré des mauvais esprits ; / Des démons il écarte la puissance / Et détruit des poisons la virulence », STEPHENS G., « Extracts in Prose and verse from an Old English Medical Manuscript Preserved in the Royal Library at Stockholm », Archaeologia, n° 30, Londres, 1884, p. 371.

Bibliographie

AUTRAND F., Charles VI, Paris, 1986.

GRANDEAU Y., « Itinéraires d’Isabeau de Bavière », Bulletin Philologique et historique du Comité des travaux historiques et philologiques, année 1964, t. II, Paris, 1967, p. 569-670.

GRANDEAU Y., « De quelques dames qui ont servi la reine Isabeau de Bavière », Bulletin philologique et historique, t. II, 1975, Paris, 1977, p. 129-238

VALLET de VIRIVILLE A., La bibliothèque d’Isabeau de Bavière, Paris, 1858.

VALLET de VIRIVILLE A., « La bibliothèque d’Isabeau de Bavière, reine de France. Etude historique », Bulletin du bibliophile,  Paris, 1859.

VALLET de VIRIVILLE A., Isabeau de Bavière, reine de France, Paris, 1859. 

Autres devises pour Isabeau de Bavière

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