Fusil
Un fusil, ou briquet médiéval, associé à sa pierre à feu de silex, à des flammes et au mot JE LAY EMPRINS ou JE LAI EMPRINS
- Période
- 1460-1480
- Aires géographiques
- France
- Personnage
- Charles Ier de Bourgogne
- Famille
- Bourgogne
- Devises associées
- fusil
- Mots associés
- JE LAY EMPRINS
Fragment de couverture de cheval à la devise du fusil intégrant les grandes armes de Bourgogne (Berne, Musée d’Histoire de Berne)
Un fusil, ou briquet médiéval, associé à sa pierre à feu de silex, à des flammes et au mot JE LAY EMPRINS (1467 ? (1470- 1477†).
Charles le Téméraire reprend cette devise à son père Philippe le Bon sans doute dès après sa mort en 1467. Plusieurs sources attestent de cet héritage dès 1470 comme ses manuscrits[1], divers objets d’arts - monnaies, médailles, reliquaire, épée, sceau, étendards, etc.-[2], mais surtout les comptes de son hôtel, en grande partie conservés. Chez ce prince, le fusil est presque systématiquement associé à la croix de Saint-André en bâtons noueux et enflammés (voir cette devise). Le chiffre ducal, deux C affrontés ou le chiffre CM, est lui aussi fréquemment adjoint à cette figure, faisant de cette combinaison – fusil, croix et chiffre – une devise graphiquement cohérente.
Le mot que le Téméraire associe à sa devise, Je Lay Emprins, rappelle les emprises où les jouteurs prenaient pour emblème une devise, symbole de l’enjeu pour lequel ils luttaient. Le terme même d’emprise est souvent synonyme de devise, notamment dans les sources du sud de l’Europe, Italie, Espagne ou Portugal. C’est sans doute dans cet esprit que le nouveau duc de Bourgogne reprend l’emblématique paternelle, le but de l’emprise étant de poursuivre la politique de son glorieux père en faveur du rayonnement politique et de l’expansion territoriale du duché.
Le mot retenu par sa troisième épouse, Marguerite d’York, semble faire écho à celui de Charles le Téméraire… BIEN EN ADVIEGNE. Les deux mots sont parfois associés.
Guidon bourguignon aux fusils des armées de Charles le Téméraire peint par Pierre Coustain et saisi par les Suisses à Morat en 1476 (Berne, Musée d’Histoire de Berne)
La matrice du signet de Charles le Téméraire en forme de fusil, retrouvée sur le duc après la bataille de Nancy
Médaille à l’effigie de Charles le Téméraire, traité à l’antique par Jean de Candida en 1474. Au revers, le bélier de la toison d’or, les fusil avec pierre et feu et étincelles et les mots du duc et de la duchesse (Bruxelles, K. B. R, Cabinet des médailles).
Le mot du duc associé à ses lettres CM sur le socle du reliquaire de saint Lambert offert par Charles le Téméraire à la cathédrale de Liège (Liège, Trésor de la Cathédrale)
Notes
- ↑ Pour les manuscrits aux devises du duc, voir en dernier lieu le catalogue de l’exposition Miniatures flamandes, 1404-1482, Paris, 2011 et le site internet Luxury Bound. A corpus of manuscripts illustrated in the Netherlands (1400-1550). Parmi les nombreux manuscrits aux devises du duc on peut citer le livre de L’instruction d’un jeune prince, Paris, Bibl. de l’Arsenal, ms.5104, fol 5, vers 1470 et le Londres, Brit. Museum, ms. Additional 36619, fol 5. Voir aussi SMEYERS M., L’art de la miniature flamande, Tournai, 1998.
- ↑ Voir par exemple le très célèbre reliquaire de saint Lambert réalisé par Gérard Loyet vers 1468 du trésor de la Cathédrale de Liège offert par Charles le Téméraire et orné de ses devises. Pour les médailles du duc voir SMOLDEREN L., « Médailles et jetons », L’Ordre de la Toison d’or de Philippe Le Bon à Philippe Le Beau (1430-1505), idéal ou reflet d'une société ?, Bruxelles, 1996, p. 168 et suiv. Vers 1474, Pierre de Milan réalise pour le duc une médaille dont le droit, fortement inspiré des monnaies impériales romaines, figure le duc couronné de laurier et le revers un bélier accosté de deux fusils battant leur pierre chargés du mot AUREM VELLUS et entourés du mot du Téméraire, JE LAI EMPRINS et de celui de son épouse Marguerite d’York, BIEN EN AVIENGNE. Bruxelles, K. B. R, Cabinet des médailles.
Bibliographie
Catalogue de l’exposition Charles le Téméraire. Fastes et déclin de la cour de Bourgogne, Berne et Bruges, 2008.
Paviot J., « Emblématique de la maison de Bourgogne sous Philippe le Bon (1419-1467) », Actes du colloque Héraldique, sigillographie et sociétés savantes, 26 et 27 octobre 2006, Bulletin de liaison des sociétés savantes, no 12, mars 2007, p. 11-13.
PASTOUREAU M., « Armoiries, devises, emblèmes. Usages et décors héraldiques à la cour de Bourgogne et dans les Pays-Bas méridionaux au XVe siècle », Miniatures flamandes, 1404-1482, Paris, 2011, p. 89-102.
PASTOUREAU M., « Emblèmes et symboles de la Toison d’or », L'ordre de la Toison d'or de Philippe Le Bon à Philippe Le Beau (1430-1505), idéal ou reflet d'une société ?, Bruxelles, 1996, p. 99-106.
SCHNERB B., L'État bourguignon, Paris, Perrin, 2005.
Paravicini W., « Ordre et règle. Charles le Téméraire en ses ordonnances de l'hôtel », dans Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Volume 143, no 1, 1999, p. 311-359, [lire en ligne].