devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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Collier de l’Ecaille (Escama)

Un collier constitué d’écailles

Période
1420-1460
Aires géographiques
Espagne-Castille
Personnage
Jean II de Castille
Famille
Castille-Trastamare
Devises associées
collier de l’Ecaille

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Le collier de l’Ecaille associé à la bannière couronnée de Castille dans le Livro de Arautos ou De ministerio armorum, (John Ryland’s University Library (Manchester), Manuscrit latin nº 28, fol. 17r, vers 1416)

v. 1410 1454†

Un collier d’écailles (Escama)

Entre son accession personnelle au trône et 1410, Jean II adopte, sous l’influence probable du régent Ferdinand (Fernando de Antequera, futur Ferdinand Ier d’Aragon) la devise du collier de l’Ecaille qu’il distribue, d’après la chronique de son règne, à un nombre restreint de proches[1]. Une charte rédigée par le régent, datée du 4 décembre 1410, interdit l’usage de cette devise sans privilège royal[2]. Cette devise semble avoir été fondée dans le contexte troublé de l’ascension de Jean II pour distinguer les membres d’une garde du corps, organisés en chapitres. Elle entretient un lien particulier avec la ville de Ségovie où seront réalisés et distribués la plupart des colliers de l’ordre. Cette devise figure d’ailleurs sur des monnaies émises dans la cité et constitue un élément ornemental des tourelles de la Tour Neuve de l’Alaczar de Ségovie considérée comme le siège de l’ordre. Lors des campagnes militaires, les membres de l’ordre combattaient sous les ordres de l’alcade de Los Donceles, Martín Fernández de Córdoba (c. 1372-c. 1437/1446), que l’on retrouve, portant le collier de l’Ecaille, au concile de Constance en qualité de représentant de la délégation castillane[3]. Un héraut Escama officiera au service de Jean II, aux côtés des poursuivants Bande et Ristre[4].

Certains auteurs ont voulu voir dans la figure de l’Ecaille le symbole de l’union des membres de la maison de Trastamare, superposés les uns aux autres dans une communauté d’intérêts et attachés à une politique de conciliation au milieu des coteries de la cour et des luttes de factions[5]. La rupture avec l’Aragon, dans les années 1420, déprécie nécessairement cette devise au profit de celle du rostre (cf. rostre)[6]. A partir des années 1430 pourtant la distribution de l’ordre reprend. Peu avant Pâques 1430, Jean II autorise le comte de Cilli, beau-frère de l’empereur Sigismond, et quatre autres chevaliers de sa maison qui l’ont accompagné dans un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, à porter son collier de l’Ecaille. En 1435, il distribue vingt-et-un colliers au chevalier allemand Robert, seigneur de Balse (que M. Boulton identifie avec Heinpert, baron de Mallse) et à sa suite, venus jouter en Castille conformément à l’emprise qu’ils avaient fait. Les deux chevaliers reçurent des colliers d’or et les écuyers des colliers d’argent. Jean II le donne encore en 1437, à Diego de Valera qui revient de la cour d’Albert, roi des romains, roi de Hongrie et de Bohême, duc d’Autriche où il a reçu les ordres de ces différents territoires[7]. Le maréchal d’armes de Castille prend le titre d’Escama[8].

Après la chute du favori, Alvaro de Luna, en 1453, les relations se renouent avec l’Aragon et l’ordre de l’Ecaille contribue à rendre visible cette réconciliation. Le jour de la fête de saint Georges, le 23 avril, 1453, intervient à Naples un échange de devises. L’ordre de la Jarre est conféré à Jean II, à son épouse Isabelle de Portugal, aux infants Alphonse et Isabelle ainsi qu’à douze chevaliers castillans tandis qu’Alphonse la Magnanime et douze de ses chevaliers reçoivent « el collar de la Escama con la devisa de la Banda del rey de Castilla ».

 A la mort de Jean II, son fils Henri IV conserve la devise de l’Ecaille (voir Henri IV de Castille)

Très justement, Darcy Boulton et Alvaro de Cordova Miralles comparent, tant pour la forme que pour les fonctions, le collier de l’écaille et le collier du Camail fondé par Louis d’Orléans en 1394 (voir Camail)[9]. Comme le souligne Cordova, la similarité de situation entre Ferdinand de Antequara et Louis d’Orléans, tous deux fils de roi et régents, explique en partie cette syntonie emblématique qui s’inscrit dans un contexte de rénovation de l’alliance franco-castillane confirmée le 7 décembre 1408[10]. Sous le règne de Jean II, Charles d’Orléans a repris l’usage de cette devise et son fils Louis II (Louis XII) le poursuivra sans doute jusqu’à sa mort. Il ne serait pas improbable que le Camail ait directement influencé le collier d’écailles qui ressemble d’après ses figurations à un camail.

La devise est décrite dans le journal de Jörg von Ehingen qui la reçue d’Henri IV de Castille en 1457[11]. Le dessin de ce collier est documenté par diverses sources. Il figure notamment sur le gisant de Juan Fernandez de Velasco (†1418), tuteur d’Henri III et grand chambellan, au couvent Saint-Claire de Médina de Pomar et sur une baie de l’Eglise Sainte-Claire de Tordesillas. On le retrouve également sur le folio dédié à la Castille du Livro de Arantos, armorial portugais dressé pendant le concile de Constance, vers 1416[12] et sur l’Armorial de Conrad Grünenberg. Il apparaît encore sur le vitrail armorial de la chapelle von Ehingen dans l’Eglise du couvent de Tübingen[13] et sur les relevés de pierres tombales de chevaliers errants (dans Boulton) Heinpert, Baron de Malsse église paroissiale de Säusenstein (Basse-Autriche) (c. 1450)[14]; Jörg Perckhaimer (ou Perkchaimer) († 1450) église de Schönberg bei Vöcklabruck (Haute Autriche)[15].

Les devises du cordon de Saint-François et du collier de l’Ecaille au cou de Juan Fernandez de Velasco (†1418), tuteur d’Henri III et grand chambellan, au couvent Saint-Claire de Médina de Pomar

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Notes

  1.  La Chronica de serenisimo Principe Don Juan, segondo Rey deste nombre en Castilla y en Léon, dans ROSELL, 1875, t. II, p. 482, 525, 535.
  2.  Torres Fontes, J., Don Fernando de Antequera y la romántica caballeresca…, p. 118-120.
  3.  Sur le personnage voir Goñi Gaztambide J., “Los españoles en el Concilio de Constanza”, Hispania Sacra, 18 (1965), p. 177-180 ; Quintanilla Raso M. C., Nobleza y señoríos en el reino de Córdoba: la casa de Aguilar : (siglos, XIV y XV), Cordoueó, 1979, p. 167-168.
  4.  MENENDEZ PIDAL, Heraldica de la casa real…, p. 303.
  5.  Cirlot J.E., Diccionario de Símbolos, Madrid, 2003, p. 193-194.
  6.  Ferdinand de Antequera est devenu Ferdinand Ier d’Aragon en 1412. A sa mort en 1416, ses fils, les infants d’Aragon, entrent en conflit avec Jean II de Castille.
  7.  BOULTON, p. 328-329 et p. 328, fig. 12.3.
  8.  Carrillo de Huete P., Crónica del Halconero, p. 360-361 et 397-398.
  9.  Kovacs E., “L’ordre du camail des ducs d’Orléans”, Acta historiae artium, Academia Scientiarum Hungaricae, 27 (1981), p. 226- 231; Menéndez Pidal F., La nobleza en España: ideas, estructura, historia, Madrid, 2008, p. 161-163.
  10.  Sur ces alliances Torres Fontes J., “La regencia de D. Fernando de Antequera. Política exterior”, Anales de la Universidad de Murcia. Filosofía y letras, XVIII (1960), p. 36-39.
  11.  Des schwäbischen Ritters Georg von Ehingen Reisen nach der Ritterschaft (Bibliothek des litterarischen Vereins l), Stuttgart, 1842, p. 27-29.
  12.  John Ryland’s University Library (Manchester), Manuscrit latin nº 28, fol. 17r (p. 27) ; Nascimento A., Livro de Arautos, Lisboa, 1977, p. 27 ; et Paravicini W., “Signes et couleurs au Concile de Constance: le témoignage d’un héraut d’armes portugais”, Signes et couleurs des identités politiques du Moyen Âge à nos jours, Rennes, 2008, p. 162 y 179-180.
  13.  Des schwæbischen Ritters Georg von Ehingen..., pp. 27-29.
  14. Hye E.-H. von, Testimonios sobre las Ordenes…, p. 175 y 185; Boulton, The knights of the crown…, p. 483.
  15. Hye E.-H. von, Testimonios sobre las Ordenes…, p. 175 y 185; Boulton, The knights of the crown…, p. 484.

Bibliographie

Olivera Serrano C., “ La Península bajo los primeros Trastámara (1350-1406)”, e-Humanista. Journal of Iberian Studies. Peer-reviewed electronic journal, 10 (2008), pp. 1-30.

Suárez Fernández L., Monarquía hispana y revolución Trastámara, Madrid, 1994.

Valdeón Baruque J., Los Trastámara. El triunfo de una dinastía bastarda, Madrid, 2001.

de Córdova Miralles Á. F., « Bajo el signo de Aljubarrota:la parábola emblemática y caballeresca de Juan I de Castilla (1379-90) » (à paraître)

de Córdova Miralles Á. F., « El cordon y la pina. Signos regios e innovación emblematica en tiempos de Enrique III y Catalina de Lancaster (1390-1418) (à paraître).

BOULTON d’A. J. D., The Knights in the Crown: The Monarchical Orders of Knighthood in Late Medieval Europe, 1326–1520, 2nde ed., St. Martin’s, 2000.

Menéndez Pidal F., Heraldica de la Casa real de leon y de Castilla (siglo XII-XVI), Madrid, 2011, p. 293 et suiv.

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