devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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Sphère rayonnante

Une sphère d’argent ceinturée d’une légende bleue chargée du mot ALS WIE SI WILL, entourée de rayons et parfois sommée d’une couronne

Période
1380-1450
Aires géographiques
Bavière
Personnage
Louis III de Bavière-Ingolstadt
Famille
Wittelsbach
Devises associées
sphère rayonnante
Mots associés
NU VAELKEL, ALS WIE SI WILL
Couleurs associées
blanc/noir/gris

La devise de la sphère rayonnante couronnée de Louis de Bavière sur les vestiges sculptés du château d’Ingolstadt

Une sphère d’argent ceinturée d’une légende bleue chargée du mot ALS WIE SI WILL (comme elle le souhaite) entourée de rayons et parfois sommée d’une couronne

Cette devise apparaît sur de nombreuses sources relatives à Louis de Bavière : les vestiges du décor lapidaire de l’hôtel de Louis le Barbu à Ingolstadt[1], sa dalle funéraire, conservée à Munich[2], le folio d’un armorial portugais, le De ministerio armorum ou Livro de Arautos[3] établi par un héraut portugais durant le concile de Constance en 1416, diverses stèles votives que le duc à offert à plusieurs églises de Bavière qui reprennent les mêmes éléments iconographiques que le folio du De Ministerio[4].

 Cette devise porte souvent le mot ALS WIE SY WIL. Sur l’amorial de Constance, le mot est complété de la formule NU VAELKEL sans doute à lire nu vaeket : “maintenant veillez” ou “réveillez vous” qui pourrait être le cri de guerre des ducs de Bavière.

Il reste assez difficile de déterminer la nature exacte de la figure : lune ? miroir ? rondache ? Les sources colorées donnent la couleur de la sphère centrale : un disque argenté. La légende qui l’entoure est bleue. Les rayons sont d’or. Son apparence de soleil a conduit les auteurs à rapprocher cette devise de celle de son beau-frère Charles VI mise en scène par la compagnie de tournoi composée par Charles VI en 1389 pour les joutes de Saint-Denis et rassemblant les Chevaliers du Ray de Soleil d’or[5], sur le thème du Méliador de Froissart (voir ce personnage). Cette devise, avec des rayons rectilignes, était celle de l’ordre de l’Etoile de Jean le Bon (voir ce personnage) qui se maintient chez ses successeurs de façon relativement informelle jusqu’au règne de Charles VII au moins. Le rais de soleil, avec des rayons ondulés, intègre l’emblématique royale et devient la principale figure du grand étendard jusqu’à la fin du Moyen Age. Une figure presque identique à la devise de Louis le Barbu, mais avec des rayons ondulés, se retrouve chez différents princes et seigneurs de cette période tels Jean-Galeas Visconti, Bertrando Rossi, Louis II de Bourbon, Philippe le Hardi, etc. (voir ces personnages). Il se pourrait en effet que ces devises soient des réinterprétations de l’ordre de l’Etoile

Cette devise et le mot qui l’accompagne peuvent encore être  associés à d’autres devises à la ceinture, probables allégories mariales comme la Jarretière, la Ceinture ESPERANCE, la ceinture et VOSTRE VEUIL, etc (voir cette devise de la ceinture). Symbole de chasteté, la ceinture rayonnante exalte peut-être la virginité de Marie et s’inscrit dans le débat relatif à l’Immaculée conception qui se développe à cette période[6]. Thème que soutiendrait à la fois le motif du soleil et celui de la couronne.

Les autres motifs mis en scène dans l’emblématique du prince : corbeau de saint Oswald, rinceaux de châtaignier et motif de la Dame semblent également renvoyer à une symbolique courtoise en faveur de l’épouse de Louis de Bavière Catherine d’Alençon.

L’emblématique de Louis de Bavière mise en scène sur un folio du De Ministerio Armorum, Empire, vers 1416 (Manchester, J. Rylands Lib., Ms. Lat. 28, folio 129)

Le projet de tombeau de Louis de Bavière avec ses armes et devises (Bayerisches National museum (Inv. Nr. MA 936)

Stèle votive apposée par Louis de Bavière dans l’église de Saint Jacques de Wasserburg (1415)

Stèle votive apposée par Louis de Bavière dans l’église de Rain am Lech (1417)

Notes

  1.  Je remercie Hanno Wisjman pour ces informations précieuses et la mention du site du musée…
  2.  Dalle funéraire de Louis VII au Bayerisches National museum (Inv. Nr. MA 936), étudiée dans le catalogue de l’exposition Das Goldene Roessl, Munich 1995, p. 226-229.
  3.  De Ministerio Armorum, Manchester, John Rylands lib., Lat 28, fol. Voir l’édition (texte) par Nascimento A. A., Livro de Arantos, Lisbonne, 1977 et les analyses héraldiques de Clemmensen S., http://armorial.dk/german/Arautos.pdf et de PARAVICINI W. ,« Signes et couleurs au concile de Constance : le témoignage d’un héraut d’armes portugais », Signes et couleurs des identités politiques, AURELL M., D. TURELL, L. HABLOT et alii, Rennes, 2008, p. 155-187,
  4.  Pour un inventaire de ces documents voir le site Materialsammling zur Geschichte von Ingolstadt. Gerd Ridel : Die Gedenksteine Herzog Ludwigs des Gebarten, cite les stèle de Friedberg (1409) de Lauingen (1413), de Schrobenhausen (1414)
  5.  Dans ses Chroniques, Froissart prétend qu’à l’issue des fêtes de 1389, Charles VI fonda un ordre des chevaliers du Ray de Soleil d’or » réunissant trente membres, FROISSART, Œuvres de Froissart, Bruxelles, vol. 14, p. 21.
  6.  Sur la question voir en dernier lieu Eléonore Fournié et Séverine Lepape, « Dévotions et représentations de l’Immaculée Conception dans les cours royales et princières du Nord de l’Europe (1380-1420) », L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 10 | 2012, mis en ligne le 11 mai 2012, consulté le 15 décembre 2013. URL : http://acrh.revues.org/4259 ; « Dévotions et représentation de l’Immaculée conception dans les cours royales et princières du Nord de l’Europe (1380-1420) »

Bibliographie

PARAVICINI W., Noblesse. Studien zum adligen Leben im spätmittelalterlichen Europa, éd. Ulf Christian Ewert, Andreas Ranft und Stephan Selzer, Ostfildern (Thorbecke) 2012, p. 17-67.

MÄRTL C., ‚“ Herzog Ludwig VII von Bayern-Ingolstadt (1368-1477) und seine Schwester Isabeau am französischen königshof “, Bayern mitten in Europa, SCHMID A. et  WEIGAND K. dir., Munich 2005, p. 107-120.

PARAVICINI W., « Deutscher Adel und westeuropaïsche Kultur im späten Mittelalter. Eine Spurensuche am Beispiel der Wittelsbacher », Deutschland und der Westen im Mittelalter, EHLERS Joachim éd., Stuttgart, 2002.

PARAVICINI S., „Signes et couleurs au concile de Constance : le témoignage d’un héraut portugais“, Signes et couleurs des identités politiques du Moyen Age à nos jours, Aurell M., Turrel D., Hablot L. et alii, Rennes, 2008, p. 155-187.

STRAUB T., Herzog Ludwig der Bärtige von Bayern-Ingolstadt und seine Beziehung zur Frankreich in der zeit von 1391 bis 1415, München, 1965.

STRAUB T., Die Wappensteine Ludwigs des Bärtigen in Block ein, Munich, 1978.

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