Gaffes
deux gaffes emmanchées sur des bâtons écotés, crochetées l'une à l'autre associées au mot SANS DEPARTIR
- Période
- 1430-1470
- Aires géographiques
- France
- Personnage
- Louis de Beauvau
- Famille
- Beauvau
- Devises associées
- gaffes
- Mots associés
- SANS DEPARTIR
La devise des gaffes crochetées associées au mot SANS DEPARTIR en marge du Diurnale Franciscanum peint pour Louis de Beauvau vers 1455 (Paris, BNF, Ms. N.a. Lat 3195)
Deux gaffes ou « crocs » emmanchées sur des bâtons écotés, crochetées l'une à l'autre associées au mot SANS DEPARTIR
Cette emblématique se retrouve sur plusieurs sources comme par exemple le manuscrit de son célèbre poème du Pas d’armes de la bergère de Tarascon et le Livre du Cuer d’amour espris de René d’Anjou qui y décrit les armes et emblèmes de son sénéchal : « escartelé de Beauvau et de Craon, de Beauvau: d'argent a quatre lyons rampans de gueulles, et de Craon : a lozenges d'or et de gueulles, duquel escu estait le tableau environné de quatre crocs a l'un l'autre, et y avoit escrit empres en grosse lectre de forme d'or et d'azur faicte bien richement: sans départir »[1].
Les douze exemplaires conservés du Roman de Troïl de Boccace, traduits par Louis de Beauvau, sont pareillement presque tous introduits et conclus par son mot, selon la mode du temps[2]. L’emblématique de Louis de Beauvau, associée à celle de l’ordre du Croissant se retrouve encore sur un Diurnal franciscain à l’usage d’Angers réalisé pour lui après 1451 (canonisation de saint Bernardin)[3].
Ce motSans Départir, « sans tarder », associé aux armes de Louis de Beauvau dans les armoriaux de l’ordre du Croissant[4], sera repris par le frère de Louis, Jean de Beauvau-Craon[5]. Ce mot était déjà celui de Richard II d’Angleterre comme en témoigne le manuscrit de l’Epître de Philippe de Mézières de 1395[6]. On peut souligner que cette ressemblance n’est peut-être pas fortuite, les Beauvau prétendant descendre des rois d’Angleterre.
Il semble que cette devise des gaffes ait plus tard été interprétée comme une échelle de siège. On la retrouve sous cette forme sur un vitrail (voir ci-contre)[7][8]. La devise de la gaffe se retrouve dans l’emblématique de Louis I de Saluces et son fils Louis II (Ludovico I di Saluzzo), associée au mot NOCH (voir ces personnages). Peut-être y a-t-il eu échange entre ces deux grands seigneurs contemporains ?
Le mot de Louis de Beauvau associé à ses armes dans l’Armorial de l’ordre du Croissant (Paris, BNF, Ms. Fr. 25204, fol. 1)
Les armes et devises de Louis de Beauvau en marge de son manuscrit du Pas d’armes de la Bergère de Tarascon peint pour Louis de Luxembourg (Paris, BNF, Ms. Fr. 1974)
Notes
- ↑ Pas d’armes de la bergère de Tarascon, Paris, BNF, Ms. Fr. 1974 et RENE d’ANJOU, Le livre du Cuer d’Amours Espris, Paris, BNF, Ms. fr. 24399, f. 90vet WARTHON Susan éd., Paris, 1980, p. 132 à 141.
- ↑ Avril F. et Reynaud N., Les manuscrits à peinture en France 1440-1520, Paris 1993, p. 247, notice 134.
- ↑ Paris, BNF, Ms. N.a. Lat. 31Fr. 24399, 1451-1462.
- ↑ Voir par exemple le BNF, Ms. 25204, fol. 1.
- ↑ MERINDOL C. de, « Brisures, augmentations et changements d’armoiries », dans Actes du 5e colloque international d’héraldique de Spolète 1987, Bruxelles 1988, et sceau de Louis de Beauvau, archives départementales de Meurthe et Moselle, B894 n°18.
- ↑ Londres, B. L., Royal Ms. B. VI., fol. 1v°, vers 1395
- ↑ LOBINEAU, t. II, p. 921.
- ↑ Cité sans références dans LAFOND Jean, « Le vitrail civil français à l’église et au musée », dans Médecine de France, n° 77, 1956, p. 17-32.