cordelière
Une cordelière ou cordon de Saint-François (cordon de San Francisco)
- Période
- 1390-1410
- Aires géographiques
- Espagne-Castille
- Personnage
- Henri III de Castille
- Famille
- Castille-Trastamare
- Devises associées
- cordelière
1394 1406†
Une cordelière ou cordon de Saint-François (cordon de San Francisco)
Comme son prédécesseur Jean Ier, Henri III complète la devise de la Bande, signe de la dimension chevaleresque du pouvoir royal, par une devise plus personnelle : la cordelière de saint François. Cette devise est instituée le 8 septembre 1394, à l’occasion de la fête de saint François coïncidant avec l’anniversaire du roi. Ce choix répond à une dévotion personnelle mais aussi à la dynamique spirituelle d’inspiration franciscaine impulsée par Jean Ier avec notamment l’ordre du Saint-Esprit. Comme le souligne Alvaro de Cordova Miralles[1], cette cordelière, pensée comme une emprise, inscrit le souverain dans une dimension mystique et christologique. Plusieurs autres souverains s’associeront par l’intermédiaire de cette devise à la spiritualité franciscaine à l’instar d’Alphonse V de Portugal, de François Ier de Bretagne, d’Anne de Bretagne, de François Ier de France. A. de Cordova suggère même de voir dans cette similitude emblématique un témoignage des relations entre la Castille et la Bretagne au début du XVe siècle. Il semblerait, selon plusieurs témoignages[2], que le roi l’ait fait figurer autour de ses armes même si aucun témoignage iconographique n’a été conservé, à l’exception peut-être du décor du monastère royal de Ségovie. Cependant l’influence des pratiques héraldiques anglaises, relayées par la reine qui porte en effet la Jarretière semée de S autour de son écu sur son sceau, pourrait avoir produit ce type de figuration.
Cette devise est partagée sous la forme d’un collier dont la matérialité est attestée par les sources textuelles et iconographiques. Ainsi, en 1410, le testament de Gomez Manrique (†1411) mentionne « un collar de San Francisco, de plata, que me dio el Rey, que pesa cinco onças a media » et « otro collar de oro de San Francisco… ». Ce collier se retrouve sur la tombe de Juan Fernandez de Velasco (†1418), tuteur d’Henri III et grand chambellan, au couvent Saint-Claire de Médina de Pomar. Plusieurs colliers de Saint-François d’orfèvrerie figurent encore dans les inventaires royaux de la fin du Moyen Age et du début de l’époque moderne qui laissent entendre que l’ordre s’est maintenu après le règne d’Henri III. Celui-ci créée d’ailleurs, à l’imitation de son père, une charge de alférez mayor del pendón de la divisa del cordón, attribuée à Juan Álvarez Osorio (†1417) et reprise par son fils Pedro Álvarez Osorio († 1462). L’octroi de cette charge est peut-être liée à l’ornementation des demeures de ses titulaires et à l’existence des plusieurs fondations royales dites casas del cordón. Ce motif reste d’ailleurs en usage dans le vocabulaire décoratif monumental chez plusieurs descendants d’Henri III.
En 1410, une législation réglementant l’utilisation indue des devises mentionne le cordon de Saint-François parmi les devises de la Bande, du collier de l’Ecaille, de la devise de la reine et du collier de la Jarre.[3].
Les devises du cordon de Saint-François et du collier de l’Ecaille au cou de Juan Fernandez de Velasco (†1418), tuteur d’Henri III et grand chambellan, au couvent Saint-Claire de Médina de Pomar
Notes
- ↑ de Córdova Miralles Á. F., « El cordon y la pina. Signos regios e innovación emblematica en tiempos de Enrique III y Catalina de Lancaster (1390-1418) (à paraître).
- ↑ “Rex iste fuit devotissimus S. Francisco, adeo ut arma Regia chordis Fratrum Minorum circumdaret”; Wadding, L., Annales Minorum…, vol. IX, año 1407, p. 317 ; frère Alonso de Espina –confesseur et important ecclesiastique de la corte d’Enrique IV– précise dan son Fortaletium fidei (c. 1458-1460) que le troisième Trastamare entourait ses armes du cordon de saint François,Cornejo, Cronica seráfica, Madrid, 1668, p. 315. Cités dans CORDOVA, « El Cordon y la pina… »,
- ↑ Torres Fontes, J., Don Fernando de Antequera y la romántica caballeresca, “Miscelánea medieval murciana”, 5 (1980), pp. 118-120.
Bibliographie
Olivera Serrano C., “ La Península bajo los primeros Trastámara (1350-1406)”, e-Humanista. Journal of Iberian Studies. Peer-reviewed electronic journal, 10 (2008), pp. 1-30.
Suárez Fernández L., Monarquía hispana y revolución Trastámara, Madrid, 1994.
Valdeón Baruque J., Los Trastámara. El triunfo de una dinastía bastarda, Madrid, 2001.
de Córdova Miralles Á. F., « Bajo el signo de Aljubarrota:la parábola emblemática y caballeresca de Juan I de Castilla (1379-90) » (à paraître)
de Córdova Miralles Á. F., « El cordon y la pina. Signos regios e innovación emblematica en tiempos de Enrique III y Catalina de Lancaster (1390-1418) (à paraître).
BOULTON d’A. J. D., The Knights in the Crown: The Monarchical Orders of Knighthood in Late Medieval Europe, 1326–1520, 2nde ed., St. Martin’s, 2000.
Menéndez Pidal F., Heraldica de la Casa real de leon y de Castilla (siglo XII-XVI), Madrid, 2011, p. 293 et suiv.