devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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nef (nave)

Une nef médiévale à deux châteaux sans armement ni gréement posée sur la mer

Période
1380-1390
Aires géographiques
Naples
Personnage
Charles III de Naples
Famille
Anjou-Hongrie
Devises associées
nef

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Une nef posée sur la mer (1381 †1386)

A l’occasion de son second couronnement à Naples en novembre 1381, Charles III fonde l’ordre du Navire (Compagnia della Nave) inspiré à la fois de l’ordre du Nœud  de Louis de Tarente et de la société de Saint-Georges de Hongrie. Deux manuscrits des statuts de l’ordre, contemporains du règne fondateur, sont conservés et nous renseignent sur la devise de l’ordre[1]. C’est, selon Boulton, le seul ordre avec celui de Nœud qui explique le choix de sa devise. Le navire supporte les trois symboliques fondatrices, juive, païenne et chrétienne. En effet, le prologue s’étend sur la signification du navire, arche de Noé « par qui le genre humain fut sauvé et protégé », navire sur lesquels les héros grecs, romains et autres partirent à la conquête de divers territoires et acquirent l’honneur et la gloire et démontrèrent leurs vertus et leurs prouesses », vaisseau virginal par allusion à la Vierge, évocation de la Foi catholique, vaisseau du « grand pêcheur d’hommes » malmené par les tempêtes et que doivent défendre le prince et ses compagnons.

 Les statuts utilisent comme synonymes les termes devise et ordre pour décrire la figure emblématique de la compaignie du Navire, un navire à deux châteaux, sans aucun gréement, voguant sur une mer blanche et bleue.

 Comme l’ordre du Nœud, celui du Tiercelet et celui du Dragon de Foix, la devise du navire peut être complétée, à mesure que les chevaliers de l’ordre s’accomplissent du point de vue chevaleresque, par des voiles, des mâts, des bannières, des ancres, des cordages dont les combinaisons et les couleurs évoquent des exploits militaires développés dans quinze chapitres des statuts. Pour ajouter, par exemple une ancre, le chevalier doit participer à un siège contre au moins 500 combattants, s’il s’agit de Chrétiens, ou d’au moins 1000 combattants s’il s’agit de Sarrasins, et se trouver parmi les premiers assiégeants à pénétrer dans la place. S’il se trouve parmi les trois premiers, il pourra ajouter une ancre d’or, s’il est dans les trois suivants ou accomplit de brillantes captures, il ajoutera une ancre d’acier. L’ancre est placée au-dessus de l’eau s’il s’agit du siège d’une place chrétienne et dans l’eau s’il s’agit d’une place sarrasine. Un cordage est ajouté pour chaque combat où le chevalier à combattu bravement, elle sera d’or si plus de 700 combattants étaient engagés de part et d’autre, vermillon pour 600 combattants ou plus, bleue pour 500, blanche pour 400, verte pour 300, grise pour 200 et acier pour 100, etc.

 L’ordre du Navire semble avoir disparu à la mort de son fondateur, aucune source ne permet de penser que son fils Ladislas en ait maintenu l’usage et sa veuve Marguerite passe pour avoir fondé son propre ordre, celui de l’Argata (dévidoir ou bobine) en 1388, ce qui invite à penser qu’elle n’a pas maintenu celui du Navire. A la mort de Ladislas, en 1414, le royaume passe aux mains de sa fille Jeanne II (†1435), dernière souveraine de sa dynastie, qui cède son trône au duc René d’Anjou, petit-fils du rival de son père, Louis Ier d’Anjou, mort durant sa tentative de conquête du lègue de Jeanne Ière. Le royaume fut en fait repris par Alphonse V d’Aragon dont la famille prétendait depuis longtemps au trône du droit des Hauteville et des Hohenstaufen.

 On notera que René d’Anjou adopte, parmi ses devises, la voile sur une vergue, dont l’ajout sur la devise de la nef signifiait la participation comme meilleur combattant à un combat contre au moins 1000 hommes, ce choix du roi René n’était peut-être pas sans lien avec l’ordre du Navire.

Je reprends ici les reconstitutions proposées par M. Boulton d’après les manuscrits des statuts[2].

Bibliographie

Boulton D’A. J. D., The Knights of the Crown : The Monarchical Orders Of Knighthood In Later Medieval Europe, 1325 1520, Woodbridge, 1987, rééd. 2000, p. 289-324.

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