jarre emplie de trois lis
Une jarre emplie de trois lis au naturel associée au mot POR SO AMOR et au griffon
- Période
- 1400-1420
- Aires géographiques
- Aragon, Sicile
- Personnage
- Ferdinand Ier d’Aragon
- Famille
- Castille-Aragon
- Devises associées
- griffon, jarre emplie de trois lis
- Mots associés
- POR SO AMOUR
Le collier de la Jarre relevé par J. Boulton d’après l’effigie de Gomez Manrique, vers 1430
1403-1416†
Une jarre emplie de trois lis au naturel associée à un griffon et au mot POR SO AMOR dans un listel
Ferdinand Ier fonde cette devise à l’occasion de la fête de l’Assomption, le 15 août 1403. Les statuts contemporains précisent la volonté du souverain : « En l’honneur et révérence de la Vierge sainte Marie, et en reconnaissance du plaisir avec lequel elle reçu l’ange venu la saluer, j’ai pris pour devise un collier de la Jarre de la Salutation, duquel descend un griffon suspendu, signifiant que comme le griffon est le plus fort des animaux, de même, ceux de cette devise doivent être forts et fermes dans l’amour de Dieu et de la Vierge sainte Marie »[1]. Les statuts précisent que cette devise doit être maintenue par ses successeurs et donnée aux chevaliers, écuyers, dames et damoiselles qui les entourent. Les récipiendaires doivent assister aux Vêpres le samedi, distribuer de la nourriture à cinq pauvres le jour de la fête de l’Annonciation, porter le vêtement blanc et la devise le jour des fêtes solennelles, jurer de porter la devise pour toute leur vie et la mettre chaque samedi. Boulton précise que ces statuts se rapprochent de ceux de l’Entreprise de Saint-Georges fondée par Pierre IV d’Aragon[2].
Il faut souligner que lorsque Ferdinand fonde cette devise, il n’est alors qu’infant d’Espagne et ne prétend pas à la succession de la couronne d’Aragon. Cette devise n’est donc qu’une devise ducale destinée, comme tant d’autres, à fidéliser une clientèle. En revanche, Ferdinand d’Aragon, alias Ferdinand de Antequara, a certainement joué un rôle essentiel, en sa qualité de régent, dans la fondation de l’ordre de l’Ecaille de son neveu Jean II de Castille (voir Jean II de Castille et Ordre de l’Ecaille)
Ferdinand maintient cette devise tout au long de son règne. Il la porte brodée sur ses vêtements le jour de son sacre en 1414 et l’offre à l’empereur Sigismond en échange de sa devise du Dragon en 1413. Il l’offre également aux ambassadeurs envoyés par Ladislas de Sicile, à Godefroy, bâtard de Navarre et à de nombreux chevaliers errants.
L’ordre de la Jarre est maintenu, après la mort de Ferdinand, par ses fils Alphonse V et Jean II et son fils Ferdinand II le Catholique, en Aragon ; peut-être par le bâtard d’Alphonse V, Ferdinand Ier, en Sicile ; par Jean II en Navarre dont il est devenu roi du droit de sa femme Blanche en 1425. La Jarre sera encore utilisée par Ferdinand II jusqu’à sa mort en 1516. Il semblerait que ce soit Charles Ier d’Espagne, Charles Quint, qui ait définitivement abandonné l’ordre à son avènement en 1516 au profit de la Toison d’or.
Comme sur la représentation relevée par Boulton[3] d’après l’effigie de Gomez Manrique, vers 1430, le collier se compose d’une série de jarres d’où sortent trois lys qui évoquent l’Annonciation. Le griffon, dont nous avons vu la signification selon les Statuts, tient parfois dans ses pattes un listel qui, sur des représentations plus tardives, porte le mot POR SO AMOR, pour son amour, sans doute référence à la Vierge mais aussi au souverain de l’ordre.
Il semblerait que Ferdinand Ier ait donné distinctement le collier composé de jarres et du griffon en pendant et une broche en forme de jarre comme le laisse entendre la lettre de l’empereur Sigismond conférant son ordre du Dragon et celui de la Jarre au marquis d’Ancône[4]. Il peut cependant s’agir de deux versions de la même devise, une de cérémonie et une, plus usuelle, ou une distinction hiérarchique selon le rang du récipiendaire, pratique fréquente dans les usages des devises à cette période. C’est son épouse Léonor qui la concède au chevalier errant Oswald von Wolkenstein (von Hye).
Bibliographie
BOULTON d’A. J. D., The Knights in the Crown: The Monarchical Orders of Knighthood in Late Medieval Europe, 1326–1520, 2nde ed., St. Martin’s, 2000.
TORRES FONTES J., « Don fernando de Antequera y la romantica caballeresca », Miscelanea Medieval Murciana, V, Murcia, 1980, p. 85-120.
HYE F.H. von, « Testimonios sobre ordenes de caballeria espanolas en Austria y estados vecinos (Bohemia, Alemania, Suiza y Hungria) », En la Espana Medieval, n° 16, Madrid, 1993, p. 169-187,