devise

emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge

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Bande engoulée

Une bande portée sur le vêtement ou écu chargé d’une bande engoulée (avalée par deux dragons)

Période
1350-1370
Aires géographiques
Espagne-Castille
Personnage
Pierre Ier de Castille
Famille
Castille
Devises associées
bande engoulée

Une bande portée sur le vêtement ou écu chargé d’une bande engoulée (avalée par deux dragons)

Comme le remarque Faustino Menendez Pidal, la figuration de cette devise dans un écu et son aspect héraldique ne l’excluent par pour autant de la pratique de la devise comme en attestent d’autres devises bien connues figurées dans un tel cadre. C’est d’abord l’usage qui est fait de ce signe qui l’établit clairement comme une devise à proprement parler. Soulignons encore que l’héraldique européenne méridionale ne cloisonne pas exclusivement les systèmes du blason et de la devise. Ce signe de la bande, destiné à l’origine à distinguer occasionnellement un groupe de chevaliers sur le champ de bataille, est progressivement devenu le signe exclusif d’un ordre (cf. Alphonse XI) puis une devise royale à proprement parler. Cette figure se retrouve notamment dans les décors peints et sculptés des forteresses de Séville et de Carmona (vers 1367) ou du palais de Astudillo (vers. 1356).

Plusieurs sources laissent supposer que Pierre Ier poursuivit un temps l’usage de cette devise, signe important de la légitimité royale et de la continuité dynastique. Lors de la bataille de Cigales (1353), le roi l’arrache à Pierre Carillo à qui il reproche de ne pas être son vassal. On retrouve encore cette figure sur les armes de Jean de Castella, fils naturel de Pierre Ier et de Jeanne de Castro (une bande engoulée accostée d’un château de Castille et d’un lion de Léon) et portées par ses enfants Don Pedro, évêque d’Osma et Dona Constanza, prieure de Santo Domingo el Real de Madrid. Ce meuble fut ensuite repris par plusieurs familles castillanes, les Laso de la Vega, les Grijalba, les Alvarez de Bohorques[1].

Il semble pourtant que le fait que ses demi-frères étaient eux-mêmes chevaliers de l’ordre de la Bande et que nombre des chevaliers de l’ordre les aient rejoints dans la révolte, poussa Pierre Ier à abandonner progressivement cette devise, voire, selon Boulton, à supprimer l’ordre entre 1366 et 1369[2]. Il semblerait même, d’après les chroniqueurs, que la Bande soit devenue, dès la bataille de Najéra, le 13 avril 1367, le signe de reconnaissance des partisans d’Henri de Trastamare qui portaient cette devise et marchaient derrière une « bannière à la Bande » (pendon de la Vanda)[3]. Ceci justifierait plus encore l’abandon de cette devise par Pierre Ier et sa reprise, après 1369, par Henri II.

C’est sans doute dès le règne de Pierre Ier que la Bande a progressivement perdu sa valeur d’insigne d’ordre sélect pour devenir une devise royale plus souplement distribuée.

Bibliographie

BOULTON d’A. J. D., The Knights in the Crown: The Monarchical Orders of Knighthood in Late Medieval Europe, 1326–1520, 2nde ed., St. Martin’s, 2000, p. 46-49.

Menéndez Pidal F., Heraldica de la Casa real de leon y de Castilla (siglo XII-XVI), Madrid, 2011.

COLINS W. T., « The Bend Engouly, some Notes and Queries », dans The Coat of Arms, n° 190, 2000, p. 250 à 253.

de Córdova Miralles Á. F., « Bajo el signo de Aljubarrota:la parábola emblemática y caballeresca de Juan I de Castilla (1379-90) » (à paraître).

Menéndez Pidal F., Heraldica de la Casa real de leon y de Castilla (siglo XII-XVI), Madrid, 2011, p. 242-248

García Díaz, I., « La orden de la Banda », Archivum Historicum Societatis Iesu, 60 (1991), p. 29–89

Ceballos-Escalera y Gila A. de, La orden y divisa de la Banda Real de Castilla, Madrid, 1993, p. 93-95

Rodríguez Velasco J. D., Ciudadanía, soberanía monárquica y caballería. Poética del orden de caballería, Madrid, 2009

Menéndez Pidal F., « Algunos datos sobre la Orden de la Banda », Armas e Troféus, 2ª serie, año V (1964) (sin paginar),

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