Bande engoulée
Une bande ou un écu chargé d’une bande engoulée (avalée par deux dragons)
- Période
- 1350-1380
- Aires géographiques
- Espagne-Castille
- Personnage
- Henri II de Castille
- Famille
- Castille-Trastamare
- Devises associées
- bande engoulée
Un écu chargé d’une bande engoulée (avalée par deux dragons)
Comme le remarque Faustino Menendez Pidal, la figuration de cette devise dans un écu et son aspect héraldique ne l’excluent par pour autant de la pratique de la devise comme en attestent d’autres devises bien connues figurées dans un tel cadre. C’est d’abord l’usage qui est fait de ce signe qui l’établit clairement comme une devise à proprement parler. Soulignons encore que l’héraldique européenne méridionale ne cloisonne pas strictement les systèmes du blason et de la devise mais produit souvent une emblématique souple et composite. Ce signe de la bande, destiné à l’origine à distinguer occasionnellement un groupe de chevaliers sur le champ de bataille, est progressivement devenu le signe exclusif d’un ordre (cf. Alphonse XI) puis une devise royale à proprement parler. C’est sans doute dès le règne de Pierre Ier que la Bande a progressivement perdu sa valeur d’insigne d’ordre sélect pour devenir une devise royale plus souplement distribuée.
Cette figure se retrouve notamment dans les décors peints et sculptés des forteresses de Séville et de Carmona. Le grand prestige de cette devise royale – et peut-être sa concession par le prince – conduisit de nombreuses familles castillanes à intégrer ce motif dans leurs armoiries.
Plusieurs sources laissent donc supposer que Pierre Ier poursuivit un temps l’usage de cette devise mais le fait que ses demi-frères étaient eux-mêmes chevaliers de l’ordre de la Bande et que nombre des chevaliers de l’ordre les aient rejoints dans la révolte, le poussa sans doute à abandonner progressivement cette devise, voire, selon Boulton, à supprimer l’ordre entre 1366 et 1369[1]. Il semblerait même, d’après les chroniqueurs, que la Bande soit devenue, dès la bataille de Najéra, le 13 avril 1367, le signe de reconnaissance des partisans d’Henri de Trastamare qui portaient cette devise et marchaient derrière une « bannière à la Bande » (pendon de la Vanda)[2]. Le titre d’alférez del pendon de la Banda est même conféré aux Lopez de Ayala et les chevaliers de l’ordre sont investis dans plusieurs de grandes fêtes chevaleresques du règne comme celle de la Nativité de 1375. La Chronique du bon duc Loys de Bourbon, beau-frère de Pierre Ier de Castille, rapporte qu’à l’occasion d’une visite à la cour de Castille en 1375, sept bannerets[3], qui accompagnaient le duc, reçurent d’Henri II son ordre de la Bande[4]. On constate, en suivant Boulton, que ce don d’ordre ne tient plus compte des statuts spécifiant que le récipiendaire devenait vassal du souverain en acceptant son ordre et lui devait sa fidélité. Trois de ces bannerets étaient d’ailleurs membres de l’Ecu d’or fondé en 1367 par Louis de Bourbon, ce qui ne les a pas empêchés d’accepter la Bande.
Sous le règne d’Henri II, on retrouve encore une représentation du roi, de son fils Jean, de son épouse et de sa fille Eléonore le retable de la mère de Dieu allaitante de Tobed (vers 1366-14370)[5], portant ce qui semble être l’ordre de la Bande.
Bibliographie
BOULTON d’A. J. D., The Knights in the Crown: The Monarchical Orders of Knighthood in Late Medieval Europe, 1326–1520, 2nde ed., St. Martin’s, 2000, p. 46-49.
Menéndez Pidal F., Heraldica de la Casa real de leon y de Castilla (siglo XII-XVI), Madrid, 2011.
COLINS W. T., « The Bend Engouly, some Notes and Queries », dans The Coat of Arms, n° 190, 2000, p. 250 à 253.
de Córdova Miralles Á. F., « Bajo el signo de Aljubarrota:la parábola emblemática y caballeresca de Juan I de Castilla (1379-90) » (à paraître).
Menéndez Pidal F., Heraldica de la Casa real de leon y de Castilla (siglo XII-XVI), Madrid, 2011, p. 242-248
García Díaz, I., « La orden de la Banda », Archivum Historicum Societatis Iesu, 60 (1991), p. 29–89
Ceballos-Escalera y Gila A. de, La orden y divisa de la Banda Real de Castilla, Madrid, 1993, p. 93-95
Rodríguez Velasco J. D., Ciudadanía, soberanía monárquica y caballería. Poética del orden de caballería, Madrid, 2009
Menéndez Pidal F., « Algunos datos sobre la Orden de la Banda », Armas e Troféus, 2ª serie, año V (1964) (sin paginar),